Tunisie : AlJoumhouri marque des points, Ennahdha est dans l'impasse !

Publié le Lundi 21 Janvier 2013 à 12:03
AlJoumhouri dit niet à Ennahdha. AlJoumhouri a choisi son camp et a tourné définitivement la page d’un ralliement à la coalition gouvernementale, en prévision du remaniement attendu, qui semble de plus en plus hypothétique. La visite intervenue samedi, du président de Nida Tounes, Béji Caïd Essebsi, au siège d’Al-Joumhouri a permis de dissiper les malentendus et de réitérer "la nécessité d’une coalition de l’ensemble des démocrates pour faire face aux menaces qui guettent le pays".

 Le comité central du parti tenu samedi dernier a abondé dans le même sens, et a entériné l’idée d’un "front politique électoral des partis centristes", dont la clef de voûte, serait le trio AlJoumhouri, Nida Tounes et alMassar. Des concertations seront entamées cette semaine pour voir quelles sont les forces qui peuvent rejoindre la future "Union pour la Tunisie". Ahmed Nejib Chebbi, chef du haut comité politique d’alJoumhouri, a évoqué samedi au JT d’alWataniya le parti socialiste, et le parti du travail patriotique et démocratique comme candidats à la nouvelle alliance des partis dits centristes.

L’opération charme lancée par Ennahdha envers AlJoumhouri et son leadership incarné par le tandem Maya Jribi/Nejib Chebbi a tout simplement échoué. La rencontre entre Rached Ghnannouchi et Nejib Chebbi à la demande du premier, dans une tentative d’Ennahdha d’attirer dans son giron cet opposant historique, et allié des années de braises, aura été aussi vaine.

Le mouvement islamiste qui conduit la troïka au pouvoir a en effet conditionné l’élargissement de la coalition gouvernementale, et le changement à la tête des ministères de souveraineté,  à l’adhésion du parti alJoumhouri, proposant le portefeuille des Affaires étrangères à Nejib Chebbi, et un poste ministériel de son choix à sa coéquipière, et Secrétaire Générale du parti, Maya Jrbi ; la réponse était Niet. A l’heure où le mouvement islamiste peine à opérer son remaniement, alJoumhouri officialise quasiment son alliance avec alMassar et Nida Tounes, l’ennemi juré d’Ennahdha.

Le camp dit démocrate clarifie avec son opération du week-end sa vision, affirme ses choix, et resserre ses rangs pour éviter l’effritement qui lui a valu des résultats modestes à l’issue du scrutin du 23 octobre. AlJoumhouri reste fidèle à sa ligne d’opposition à Ennahdha et au projet islamiste, exprimée avant même la proclamation des résultats des élections du 23 octobre. Etant entendu que la clarté est un élément essentiel pour une formation politique, dans ses rapports avec sa base, et ses électeurs ; le parti de Nejib Chebbi marque des points.

En face, le mouvement Ennahdha patauge, et n’arrive pas à mener à son terme ce remaniement qui fait beaucoup  parler de lui depuis des mois, mais qui a du mal à se concrétiser. En profond désaccord avec ses alliés de la troïka le CPR et Ettakatol qui réclament un remaniement profond et large, englobant les ministères de souveraineté sous peine d’un retrait de la coalition, le mouvement islamiste semble de surcroît confronté à un front de refus de la part des partis auxquels il a proposé une entrée à la coalition gouvernementale. Outre al-Joumhouri, le parti Wafa d’Abderraouf  al-Ayadi, et l’alliance démocratique rassemblant notamment les réformateurs de l’ancien PDP, ont décliné le mémorandum du mouvement Ennahdha. Ce dernier se retrouve dans l’impasse, en témoigne les ajournements successifs de l’annonce du remaniement ministériel auquel personne ne croit plus vraiment. Prévu tout d’abord pour le 14 janvier, date de la célébration du deuxième anniversaire de la révolution tunisienne, sa révélation a été reportée au 20 janvier, comme l’a annoncé Rached Ghannouchi, mais il n’en était rien.

L’affirmation du conseil de la choura et son attachement réitéré "au choix du consensus, de la coalition, et de l’approche participative au pouvoir", semblent tomber dans les oreilles d’un sourd.  Les partis qui sont prêts à  mettre la main dans la main avec Ennahdha ne se bousculent pas au portillon. Le conseil de la choura ne désespère pas, et exhorte le chef du gouvernement, Hamadi Jebali, à accélérer l’annonce cette semaine du remaniement…les choses vont donc se dénouer incessamment sous peu, et là différentes hypothèses sont possibles  : soit le remaniement est léger, et cela ne satisfera  pas les alliés d’Ennahdha qui peuvent mettre leurs menaces à exécution et quitter la coalition, ce sera le cas échéant une crise qui n’est point dans l’intérêt du pays ; soit Ennahdha fait des concessions à ses alliés, et cède sur les ministères de souveraineté et la coalition reste à peu près telle qu’elle est ; ou bien il n’y aura pas de remaniement, ce qui peut, là aussi, donner lieu à des tensions politiques tous azimuts.

L’origine de l’impasse actuelle s’explique par le fait que ce remaniement est extrêmement tardif, dans la mesure où il intervient à un moment où les différents partis politiques s’apprêtent à mener la course électorale. S’associer à Ennahdha à ce moment, à six ou sept mois de la période supposée de la tenue des prochaines élections, signifie assumer le bilan du gouvernement, et prendre d’importants risques politiques. La position des  partis politiques approchés par Ennahdha est donc compréhensible dans la mesure où ils ne veulent pas prendre le risque d’être  absorbés par le mouvement islamiste, qui malgré les déceptions qu’il a suscitées parmi la population, reste un mouvement influent, qui garde ses appuis, sa large assise populaire, et qui sait rebondir le moment venu, ce qui n’est pas le cas des autres partis et formations, qui sont pour la plupart nouveaux, en cours de constitution, et qui cherchent à creuser leur sillon et à affirmer leur identité et leur ligne politique.

L’intelligence et la tactique sont nécessaires en politique, à moins que la perspicacité du camp adverse ne soit pas sous-estimée. Ennahdha semble l’apprendre à ses dépens, c’est ce qui fait qu’il ne dispose pas de suffisamment de ressorts pour sortir de l’impasse actuelle…

H.J.


 

Commentaires 

 
-3 #7 Irreversible
Ecrit par KHAMMOUS     22-01-2013 23:24
L'union des démocrates en Tunisie est irréversible. Nida TOUNIS va regrouper d'abord les trois partis puis çà sera 5 et après il y aura LA JABHA.
Mais si le Cpr et Nahdha insistent pour faire passer la loi sur l'exclusion des destouriens, ceux ci feront parti du groupe Nida .
Le groupe démocrate autour de NIDA sera libéré et pourra recruter tous les destouriens qui ne figurent pas dans la loi, donc non concernés par elle.
Comme quoi ce n'est donné à n'importe qui de faire de la politique.
Le Cpr et Nahdha auront tout le temps de leur carrière politique pour regretter cette loi . AL AYAMOU BAYNANA
 
 
#6 lamentable
Ecrit par Aimen Luxembourg     22-01-2013 18:10
lorsque je lis le titre "Ennahda dans l'impasse" je n'en peut plus!
Décidément les journalistes tunisiens sont de plus en plus pathétique!
 
 
-7 #5 Rien ne changera avec ce peuple!
Ecrit par Léon     22-01-2013 03:45
Le problème en Tunisie (que peu de personnes ont compris) est le suffrage universel: Des cons ne votent que pour ce qui leur ressemblent et malheureusement, étant plus nombreux que les autres, le suffrage universel leur donne le pouvoir.
Il faut croire que même les démocrates sont cons puisqu'ils n'ont pas saisi ce phénomène ou n'ont pas conscience du potentiel connerie qui règne chez nous.
Peut-être vont-ils finir par comprendre que ce qui bloquait la démocratie du temps de Ben Ali c'était vraiment la connerie populaire ambiante (intégrismes de tous genres, haines et irresponsabilité même au sein d'une même famille, régionalismes, brefs conneries de tronches de zrogs berbères ou banou hilaliens).
Il nous faudra encore une éternité avant d'être prêts pour une démocratie et certainement pas sous la forme de vote au suffrage universel.
Bourguiba et Ben Ali ont fait, chacun à leur tour, des avancées énormes dans les états d'esprits pour que cela puisse se réaliser un jour, mais apparemment, au vu des évènements, cela ne se réalisera JAMAIS!
 
 
-2 #4 Des malades
Ecrit par Ana Houa     21-01-2013 18:23
Ce sont des dépravés et des malades qui retrouveront bientôt leurs anciens refuges dorés de Paris, Londres et chez cet énergumène luxembourgeois!
 
 
-1 #3 il faut rêver
Ecrit par senda     21-01-2013 16:45
oh! Aimen Luxembourg, bonjour ça fait un bout de temps qu'on pas de nouvelles sur toi, enfin tu veux nous faire glisser la charia doucement!!! en bien non, c'est impossible car ton chef Ghannouchi a déclaré mille fois que la charia ne sera pas introduite dans la nouvelle constitution!!!!donc avec ce qui se passe maintenant dans la région, il sera impossible même d'évoquer ce problème....
 
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