Tunisie : Afek Tounes prône alliances et rapprochements pour les élections

Publié le Mardi 01 Avril 2014 à 17:22
Riadh Mouakher, vue de la conférence de presseLe code électoral a fait couler beaucoup d’encre ces dernières semaines, et en fera couler davantage jusqu’à son adoption. Deux séances plénières lui seront consacrées le 6 et 7 avril 2014, au sein de l’Assemblée Nationale Constituante.

Partis politiques, associations et organismes de la société civile ont chacun une conception différente de la loi qui régira les prochaines élections, dont le parti Afek Tounes qui a présenté la sienne ce matin, lors d’une conférence de presse.

Le financement des campagnes électorales, nerf de la course électorale, est selon Riadh Mouakher, membre du bureau exécutif du parti, très important. « Il faut prendre des dispositions draconiennes à l’encontre de ceux qui dépassent le seuil de dépenses électorales. Ces dépenses doivent être de 30 fois le SMIG par siège. Ceux qui transgressent ce plafond devraient voir leurs listes annulées et devront être privés de se représenter aux élections pendant 10 ans…Cette dernière disposition ne figure pas dans le projet de loi, et nous devons la mentionner de manière claire », a-t-il dit.

Concernant le financement public, le parti préconise que ce soit par restitution des dépenses : « Que les partis ayant atteint à partir de 1% des votes aient le droit au financement public, au lieu du seuil de 3% indiqué dans le projet de loi. C’est un droit dont doit jouir un grand nombre de partis. Par exemple dans une circonscription de 200 000 votants, obtenir 2000 votes est considéré comme un gage de sérieux », a dit Riadh Mouakher.

Le parti considère qu’arrêter un seuil pour les dépenses électorales est très important pour limiter l’afflux d’argent politique « mais sans que cela soit un obstacle pour communiquer avec le peuple, organiser des réunions, des meetings ou distribuer des exemplaires de son programme », selon le représentant du parti.

Concernant le seuil de 3% pour obtenir des sièges, Mouakher explique que c’est une bonne disposition « qui encouragerait les alliances et la formation de fronts larges, et diminuerait le nombre de candidatures non sérieuses, donnant ainsi plus de stabilité au sein de la chambre des députés, conférant plus de stabilité au gouvernement ».

Durant les élections du 23 octobre 2011, le régime adopté fût la représentativité proportionnelle sans seuil, « causant la perte d’un grand nombre de voix ».

Pour y remédier, Afek Tounes propose l’adoption d’un régime de l’apparentement des listes électorales : « c’est un procédé appliqué dans plusieurs pays, où des listes se disent proches avant les élections, ce qui permet que leurs restes soient combinés, pour avoir plus de chance d’obtenir un siège supplémentaire », explique-t-il.

Riadh Mouakhar critique, par ailleurs, le régime adopté lors des dernières élections, concernant les Tunisiens à l’étranger. Il propose que le nombre de circonscriptions, qui leur est réservé soit réduit à 2 seulement. L’une en France avec 10 sièges, et la deuxième pour le reste du monde avec 8 sièges.

Concernant le retard qu’accuse l’application d’une justice transitionnelle, Afek Tounes fait porter la responsabilité à certains groupes parlementaires et au président de l’ANC. Le parti refuse qu’il y ait exclusion systématique de groupes de personnes, mais prône une justice qui décide des responsabilités individuelles.

Au sujet des femmes et des jeunes, le parti défend le principe de la parité verticale et horizontale, et pour qu’un jeune de moins de 35 ans soit à l’une des trois premières places de chaque liste.

Par ailleurs, le parti s’oppose à ce que les personnes analphabètes soient accompagnées lors de l’opération de vote. Au lieu de cela, Nabil Jmel, membre de Afek Tounes, propose que les partis candidats aux élections soient représentés par des logos en couleurs « si nécessaire », sinon que chaque parti ait le même numéro sur le bulletin de vote, et ce dans toutes les circonscriptions.

« Il faut également donner aux observateurs de la société civile accrédités par l’ISIE toutes les prérogatives des partis et candidats, en leur permettant de noter leurs remarques, d’exprimer leurs oppositions et au droit de recours », a dit Nabil Jmel.

Par ailleurs, le parti propose qu’il y ait un compte bancaire unique pour chaque liste et non pas pour chaque parti, « et ce pour faciliter les opérations financières dans les régions ».

Pour ce qui est du parrainage des candidats aux présidentielles par 20 députés au moins, Afek Tounes considère que c’est une condition dissuasive pour les candidats populaires qui ne sont pas représentés au sein de l’ANC.  Ce chiffre, devrait être porté à 10 députés, selon le parti, où chacun n’a pas le droit de parrainer plus de 2 candidats à la fois.

Yassine Brahim, président du parti,  a défendu quant à lui le droit au vote des militaires et des agents de sûreté, et a appelé à ce que les sanctions à l’encontre des chaines satellitaires diffusant les messages des candidats aux élections, soient durcies.
  
La présidente de la commission de législation générale au sein de l’ANC, Kalthoum Badreddine a déclaré ce matin sur Shems Fm, que la commission a reçu 473 demandes d’amendement de la loi électorale.
Chiraz Kefi