Tunisie, Abdelfattah Mourou ou la nouvelle vision de l’islam politique !

Publié le Jeudi 24 Mars 2011 à 16:55
Abdelfattah MourouManiant aisément le verbe, mélangeant avec brio sérieux et humour, Abdelfattah Mourou qui ne se défait de son habit traditionnel que dans l’enceinte des tribunaux, est une personnalité dont on ne se lasse guère d’écouter le discours. Formant avec Rached Ghannouchi et d’autres, le premier noyau à l’origine d’al-Ittijah al-Islami, mouvement de la tendance islamique, devenu Ennahdha, l’homme a un pied dedans et l’autre dehors d’un mouvement avec lequel il dit entretenir des liens forts qu’il n’est pas prêt à rompre, bien qu’il s’en considère momentanément écarté.

Abdelfattah Mourou a plusieurs flèches à son arc. Brillant avocat, illustre prédicateur, et homme politique ; une vocation qu’il a abandonnée en gelant son adhésion à Ennahdha dans la foulée des événements de Bab Souika, mais avec laquelle il semble impatient de renouer.  Même s’il maintient le suspens sur l’éventualité qu’il crée son propre parti, si les choses avec sa formation originelle ne s’arrangent pas. Le discours qu’il a tenu hier sur la chaîne TV Nesma plaide plutôt pour un retour aux sources. Cheikh Mourou tient néanmoins un discours en totale rupture avec le passé. Ses pensées et sa vision de l’Islam, dans sa relation avec la politique et la modernité, ont tellement évolué qu’il semble s’éloigner substantiellement des fondamentaux et du référentiel idéologique sur lesquels a été créé le mouvement islamique vers la fin des années 1970.

Ennahdha se dit en effet un parti civil, dont la référence est l’Islam en interaction avec les acquis de l’époque. Les différences, voire des divergences qui puissent exister en son sein, ne doivent en aucun cas toucher les fondamentaux, en l’occurrence "l’Islam et ses principes, et l’application des méthodes pacifiques pour le changement".

Récemment légalisé, et d’ores et déjà présent dans le nouveau paysage politique tunisien, Ennahdha, à l’instar de tout parti politique, a besoin d’élargir ses bases et de polariser de nouveaux militants, seuls garants de sa pérennité, a fortiori qu’il cherche à jouer un rôle dans la gestion présente et future de la chose publique. Dans toute formation politique, la mobilisation populaire se fait sur la base d’un projet et d’idéaux fédérateurs. Qu’il soit de gauche ou de droite, islamique ou nationaliste, un parti politique propose un programme, une vision et des références idéologiques qui sont de nature à séduire les uns, et à rebuter d'autres. Dans le cas d’espèce, le projet politique d’Ennahdha s’inspire de l’Islam. N’adhère au mouvement islamique, en toute logique, que celui qui s’en tient à une certaine discipline religieuse, se conforme aux percepts de l’Islam, et s’abstient de commettre des péchés que le coran interdit.

Sauf qu’Abdelfattah Mourou ne perçoit pas les choses ainsi. L’homme voit grand, et cherche à ratisser large. Sa démarche est de consolider l’assise populaire de son mouvement, et de tendre la main même à ceux qui ne font pas forcément preuve de rectitude, s’agissant du respect des règles religieuses. Tel celui qui "après avoir accompli les rites du petit pèlerinage (Omra) se permet un petit apéritif  de temps à autre". De telles idées ont-elles la chance de tomber dans des oreilles attentives au sein d’Ennahdha ? Me Mourou peut-il trouver sa place au sein d’un mouvement, que quoiqu’il se dise ouvert et respectueux des acquis de l’époque, ne transige point avec les fondamentaux, soit l’ISLAM et ses principes ? Et puis, que cherche un homme aussi perspicace que lui, en préconisant une large ouverture sur la société au point de concevoir un parti politique taillé sur mesure sur les attentes des Tunisiens, toutes catégories confondues ? Est-il en train de pécher par excès de populisme, allant jusqu’à vider  le mouvement islamique de sa substance, pourvu qu’il soit celui qui polarise le plus ? Abdelfattah Mourou cherche-t-il à faire évoluer son mouvement, ou à changer la société tunisienne en essayant de la moraliser et de la réconcilier avec sa religion, a posteriori ?

 Autant d’interrogations que suscitent le discours d’un homme qui dit avoir envie de transformer un petit épicier (petit parti politique), en hypermarché (un parti politique avec une large assise populaire), en recrutant des membres dans tous les milieux, même parmi les anciens du RCD.  Son souci, explique-t-il, est de construire une Tunisie que "le Président déchu nous a laissé en lambeaux", il se dit  prêt pour cela à collaborer avec l’ensemble des acteurs présents sur la scène qu’ils soient de gauche ou de droite, et demeure convaincu qu’on ne peut avancer, construire et transformer la Tunisie qu’en mettant la main dans la main et en laissant de côté nos divergences et querelles…Qu’en disent ses anciens compagnons de route ?
H.J.


 

Commentaires 

 
#59 Prouvez votre appartenance à la science !
Ecrit par Physicien     04-06-2011 11:36
@Uma niste

Vous prétendez être scientifique! Alors, vous n'êtes pas sans savoir que dans un sonomètre il y a un convertisseur linéaire vers logarithmique qui va beaucoup augmenter l'incertitude de l'affichage surtout au bas de l'échelle pour une gamme donnée. Par conséquent, ce que vous dites met en cause votre appartenance à la science.
 
 
#58 Soyez conforme à la science.
Ecrit par Musulman.     09-05-2011 09:02
@Uma niste

Toute mesure non conforme aux normes scientifiques est rejetée. Pour être crédible, il faut prouver votre source ainsi que la conformité aux normes. Par ailleurs, vous ne dites rien sur la précision de la mesure : si c'est 10% il n'y aura rien de reprochable. La méthode de la mesure : conversion flash, double rampe, sigma delta ...?
 
 
-1 #57 RE: Tunisie, Abdelfattah Mourou ou la nouvelle vision de l’islam politique !
Ecrit par Uma niste     08-05-2011 19:18
Pour être moi même de formation scientifique je me sens capable d'utiliser un sonomètre. Des mesures ont été également effectuées par les services de l'environnement. J'en appelais donc à une réponse raisonnée sur des bases coraniques et civiques.Notamment en référence à la réponse donnée par LE GRAND MUFTI : "CE SONT DES IGNORANTS".
Et qu'est que je lis : des formules de remise en cause des mesures d'une part et une affirmation totalement gratuite et infondée d'autre part qui confirme les dires du GRAND MUFTI.
 
 
#56 Hostilité.
Ecrit par Musulman.     04-05-2011 12:58
@Uma niste

Pour être scientifique : avez-vous mesuré vous même ces prétendus 96 dB? Votre sonomètre dispose-t-il d'un certificat d'étalonnage valide le jour de la mesure? L'organisme qui a délivré le certificat d'étalonnage est-il agréé (donc crédible)? La personne qui a procédé à la mesure est-elle cométente pour effectuer ce type de mesure? Quelle est la précision de l'appareil ? Quelle est la distance entre le haut-parleur et le point de mesure?

Soyez sérieux! Il n'existe pas en Tunisie des hauts-parleurs émettant à plus de 90 dB car ils sont trop chers. De tels hauts-parleurs émettent une puissance sonore qui s'atténue avec la distance. La hauteur moyenne d'un minaret est de 10 mètres. Donc ce que vous prétendez n'est qu'une déclaration d'hostilité non pas au Cheikh Mourou mais plutôt à l'Islam.
 
 
-1 #55 yahoo.fr
Ecrit par Uma niste     03-05-2011 23:28
J'aurais donc une question à poser à Mr El MOUROU :
- la diffusion de versets coraniques depuis les haut-parleurs des minarets, est-elle compatible avec les préceptes coraniques. sachant par ailleurs que le grand Mufti de Tunisie intérrgé sur les auteurs de cette pratique, a répondu : " CE SONT DES IGNORANTS " .

Le Coran n'insiste-t-il pas également sur le respect de la quiétude de chacun ?

Alors pourquoi la plupart des mosquées des quartiers sud de Tunis, diffusent depuis le 15 janvier dernier à un niveau insupportable ( jusqu'à 96 décibels, c'est à dire à un niveau considéré comme nocif) de manière totalement anarchique.
C'est dire que chaque fin d'après midi, la maison raisonne durant près de 3/4 d'heure, nous empéchant toute activité de concentration d'intérieur, au point où nous ne nous sentons plus chez nous.

J'aimerais avoir la réponse d'esprits éclairés.
 
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