Tunisie : A quoi ressemblera le gouvernement de Youssef Chahed ?

Publié le Mercredi 03 Août 2016 à 13:12
Un jeunot de la politique chargé de former un nouveau gouvernement. Youssef Chahed, ministre des Affaires locales du gouvernement démissionnaire d’Habib Essid, a été officiellement chargé ce mercredi 03 août, par le président de la république, Béji Caïd Essebsi, de former le nouveau gouvernement d’union nationale. Même si elle n’a pas été unanimement plébiscitée par les participants aux concertations de Carthage, des partis à l’instar du projet de la Tunisie, al-Joumhouri, et al-Chaâb l’ont rejetée, la désignation de Chahed à la Kasbah a été largement entérinée par les partis de la coalition sortante. Ennahdha, Afek Tounes et l’UPL se sont rangés derrière le candidat du président, issu de Nidaa Tounes, parti vainqueur des élections de 2014.

Youssef Chahed sera ainsi le 7ème chef du gouvernement de la Tunisie, après la révolution. Il succédera à Habib Essid, lui-même précédé au poste par Mehdi Jomaâ, Ali Laâridh, Hamadi Jebali, Béji Caïd Essebsi et Mohamed Ghannouchi. Sa nomination devra donner un second souffle à un quinquennat chancelant, et émaillé de défis.

Le chef du gouvernement désigné, un politique de Nidaa Tounes, dispose d’un délai maximum d’un mois pour former son nouveau cabinet. A priori, celui-ci ressemblera grandement à celui sortant. Il est fort probable qu’il garde la même coalition, sinon l’élargit quelque peu, sans être un véritable gouvernement d’union, vu l’hostilité affichée à son égard, en dehors du cercle de la coalition démissionnaire.  

Il n’est pas exclu que certains ministres du gouvernement d’expédition des affaires courantes gardent leurs portefeuilles, ou soient maintenus dans la nouvelle équipe avec de maroquins autres.

Les partis de la coalition sortante seront reconduits en force
Ennahdha, qui a hâte à consolider le renouveau affiché à son 10ème congrès de spécialisation dans l’action politique, cherchera à coup sûr à consolider sa position dans le nouveau cabinet.

Le mouvement qui a plaidé pour un gouvernement politique y ferait son entrée avec des figures purement nahdhaouis, notamment celles qui n’ont pas fait partie de ses instances dirigeantes, à l’issue de ses récentes élections internes.

Afek Tounes et l’UPL auront à consolider leurs positions au sein de la nouvelle équipe, d’autant plus que les deux partis ont accueilli avec enthousiasme, le choix de Chahed pour succéder à Habib Essid. La nouvelle équipe devra aussi voir le retour du poste des secrétaires d’Etat, supprimé par Habib Essid lors de son deuxième remaniement de janvier dernier.

Arithmétiquement, le gouvernement de Youssef Chahed n’aura pas du mal à obtenir le vote de confiance à l’Assemblée des représentants du peule (ARP). La majorité absolue nécessaire pour son investiture semble largement acquise, et tout passera comme une lettre à la poste.

Les choses sont amenées à s’accélérer, et Youssef Chahded devra être en mesure de former son gouvernement bien avant les délais constitutionnels. Pourvu que les tractations se déroulent dans la sérénité, que les demandes des partis en termes d’attribution de portefeuilles soient satisfaites, et que la concurrence ne soit pas rude autour des ministères de souveraineté sur lesquels les différents partis devront lorgner.

Quoiqu’il en soit, le nouveau gouvernement devra voir le jour rapidement. Il sera forcément celui de quotas partisans, au grand dam de l’opposition qui en fera un sempiternel angle d’attaque.
 
Son investiture interviendra, selon toute vraisemblance, en fin de période estivale, et sa durée d’acclimatation sera courte, pour s’attaquer sans attendre aux urgences de la rentrée, soit les dossiers sécuritaires, économiques et sociaux. Et là, la tâche ne sera pas une sinécure, et les difficultés vont en s’aggravant. L’année 2017 sera difficile, vu l’arrivée à terme des échéances de remboursement de la dette (Dixit, Habib Essid). Parole d’un prédécesseur à un jeunot de la politique.

H.J.