Tunisie : A Erevan, BCE a joué l’apaisement et s’est gardé d’évoquer la politique intérieure |
Publié le Vendredi 12 Octobre 2018 à 16:39 |
A Erevan où il a participé les 11 et 12 octobre au XVIIème sommet de la francophonie, Béji Caïd Essebsi s’est gardé de parler de politique intérieure. Il n’a pas voulu répondre aux questions des journalistes ni sur la situation économique du pays, ni sur "la rupture du contrat de mariage" avec Ennahdha, leur suggérant de venir en Tunisie, s’ils s’intéressent à ces questions-là. Il lui est pourtant arrivé lors de précédents déplacements à l’étranger, d’évoquer les affaires nationales, et de susciter une certaine agitation. Mais, pour cette fois-ci, il a préféré s’abstenir, et ne pas faire de vagues. BCE a concentré ses propos sur la francophonie, et ses pères fondateurs, des sujets qui lui tiennent particulièrement à cœur. Comme il a mené des entretiens avec certains dirigeants présents au sommet, sur le vivre-ensemble, et la coopération bilatérale. Assez suffisant pour faire de sa présence à Erevan une réussite, dira son équipe de Com au palais. Et ce n’est pas de refus que le président français le salue du haut de la tribune du sommet, pour son courage et ses textes en faveur des droits des femmes. Une marque de soutien dont il se servirait volontiers dans la bataille qu’il compte mener, face à ses adversaires, en prévision de l'année électorale qui avance à grands pas. BCE rentrera à Tunis ragaillardi, pour plancher sans tarder sur les questions en suspens. Parmi les sujets qui l’attendent, est celui de la démission de son chef de cabinet, à propos de laquelle il devra se prononcer. Slim Azzabi aurait décidé de se séparer du chef de l'Etat, après le communiqué de Nidaa Tounes qui s’est arrogé le droit de parler au nom du président, et d'évoquer sa "position officielle" attesatant de "la fin du consensus avec Ennahdha". Un communiqué qui a été vivement critiqué sur la scène politique, pour avoir traduit la confusion entre le parti et l’Etat, et avoir placé le parti, avant la patrie, trahissant ainsi le credo présidentiel. Béji Caïd Essebsi qui aspire reprendre le dessus, en tant que véritable chef de l’exécutif, et qui œuvre à redorer le blason du parti dont il est le fondateur, devra trouver des solutions pour mettre un terme à l’hémorragie des départs au sein du bloc parlementaire de Nidaa Tounes. Le parti a perdu plus de la moitié de ses députés depuis les dernières législatives, et a été, deux fois, rétrogradé, à la deuxième, puis à la troisième place après les groupes d’Ennahdha et de la coalition nationale. Au parlement, la situation reste à l’avantage d’Enndhahe et de Youssef Chahed. Le chef de l’Etat n’a pas la supériorité numérique à l’hémicycle, pour pouvoir user de ses prérogatives constitutionnelles, donc de l’article 99, et demander un vote de confiance sur la poursuite de l'action du Gouvernement, lequel doit intervenir à la majorité absolue (109 députés). En dehors du parlement, le chef de l’Etat pourrait profiter du conflit entre le Front populaire et Ennahdha, après les révélations du comité de défense qui accuse le mouvement d’avoir une organisation secrète, pour damer le pion à ses alliés d’hier. Quoiqu’il en soit, la situation parait compliquée, et l’empêchement qu'a le chef de l’Etat de s’engager dans les querelles partisanes, est sa fonction présidentielle fédératrice. A Erevan, il a joué l’apaisement, signalant que la Tunisie a réalisé des succès importants, mais qu’il y a des petits problèmes. "Le privilège des responsables, est de savoir les résoudre, sinon ils ne servent à rien". Comment compte-t-il s’y prendre justement pour les résoudre ? Gnet
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