Tunisie : 52 tentatives et cas de suicide en Mai

Publié le Mardi 23 Juin 2015 à 12:25
Le mois de mai a connu 225 mouvements citoyens de toutes sortes dont le quart se rapporte aux suicides et tentatives de suicides, selon le dernier rapport de l’Observatoire Social Tunisien, relevant du Forum tunisien des droits économiques et sociaux (FTDES) dont Gnet a reçu une copie.


Les évènements du bassin minier ont marqué le mois de mai, puisque, la région a connu des manifestations revendiquant des droits socio économiques.

Ces manifestations ont continué en guise de protestation contre l’ensemble des décisions relatives au plan de réforme du conseil ministériel. El Faouar, (gouvernorat de Kebili), a connu des évènements de protestations concernant les sociétés d’exploitation pétrolières de la région et leurs politiques de gestion du personnel et de recrutement. Ces tensions ont été accentuées par un conflit territorial entre deux localités de la région (Jemna et el Galaà). Les mouvements de protestation ont évolué, au fil des jours, vers des affrontements avec les forces de l’ordre ce qui a conduit à l’intervention de l’armée et l’établissement d’un couvre-feu dans la région et l’intervention d’un comité de réconciliation.
 
Mouvements de protestations
Des mouvements de protestations citoyennes, pour des revendications économiques, concernant le droit à l’emploi et le développement régional, ont eu lieu à Gafsa, Kairouan, Sidi Bouzid, Kebili, Médenine, Jendouba, Bizerte, Tibar (gouvernorat de Beja), Tataouine.

Ces mouvements ont évolué, à des degrés variables, vers des réactions de violence, allant de manifestations pacifiques, sit-in, blocages de routes(avec pneus brûlés), grèves (générales dans plusieurs délégations des gouvernorats de Gafsa et de Kebili) et menaces de suicide(gouvernorats de Gafsa et Jendouba).

Les gouvernorats de Tunis, Gabes, Beja, Tozeur, ont été témoins de manifestations qui revendiquaient une régularisation de la situation professionnelle de différents travailleurs y compris ceux affiliés à la municipalité, les conducteurs de véhicules touristiques ainsi que les conducteurs de taxi (pour régularisation de permis de transport). Les salariés de la société d’exploitation pétrolière sise à Médenine ont aussi revendiqué ce droit à la régularisation.

D’autres manifestations contre les dispositions relatives aux étalages anarchiques et à l’interdiction de vente de volailles hors abattoirs ont eu lieu à Tunis, Bizerte, Nabeul. Dans le cadre des revendications sociales, les régions de Kasserine, Jendouba ont réclamé le droit à l’eau potable.

Dans les gouvernorats de Kairouan, sidi Bouzid et Médenine, les habitants ont réclamé, en plus, l’électricité, certaines conditions sanitaires, hospitalières et éducatives décentes en plus d’autres revendications comme la lutte contre la pollution environnementale dans les gouvernorats de Gabes et Monastir, les conditions sociales générales, à Gafsa, Sidi Bouzid, Kebili,Kasserine, Siliana et Le Kef. L’Ariana a connu une manifestation contre certaines pratiques dites «inhumaines» de la part de la directrice d’une école préparatoire.

Des protestations, sur fond de revendications d’ordre politique, concernant plus de  transparence dans le secteur pétrolier ont été  observées dans les gouvernorats de Tunis, Tataouine et Tozeur d’une part, et de la protection des ressources naturelles à Médenine et Bizerte,  d’autre part. Par ailleurs, les familles des ressortissants tunisiens détenus en Libye ont observé des sit-in respectivement à Mahdia, Sousse et devant le palais de Carthage, pour les familles des ressortissants en Syrie.

Sfax a connu un mouvement citoyen pour plus de transparence quant aux critères de choix du déroulement des jeux méditerranéens de 2021. Des mouvements de soutien aux grévistes de la faim ont eu lieu à Sidi Bouzid (Bouzeyene),  Sfax (Jbenyana), Kasserine, et Tataouine. La mort suspecte d’un détenu à sidi Bouzid déclaré, par les forces de l’ordre comme victime d’un suicide, et par la famille et les associations suite à la torture policière, a fait régir la société civile ainsi que les associations dans la région.

Hausse du nombre de suicides
Cinquante deux cas de suicide ont été enregistrés au mois de mai, soit une légère progression par rapport au mois d’avril 2015 qui a connu 49 cas.

L’analyse montre que le plus fort taux des cas déclarés, concernant le genre masculin, se situe dans les tranches d'âge 16/25 ans et 26/35 ans, et 46/60 ans dans le genre féminin.

Le gouvernorat de Kairouan a connu, au courant du mois de mai 2015, 15 cas de suicides et tentatives de suicide y compris 3 enfants, 6 jeunes, dont une jeune victime de viol, et 4 adultes.

Les gouvernorats de Sidi Bouzid et Bizerte ont vu des tentatives et des cas de suicide, essentiellement de la part de jeunes notamment, dont quatre cas de suicide  d’adultes ayant la quarantaine et plus, dans la région de Bizerte.

Agressions et violences sociales
Les dépassements sécuritaires par l’institution policière ont touché la majorité des gouvernorats comme Jendouba, Mahdia, Kebili, Monastir où un individu a trouvé la mort succombant à ses blessures après une poursuite.  Deux cas de décès suite aux tortures en détention
ont été observés, l’un dans la région de Tunis et l’autre à Sidi Bouzid.

Cette dernière a soulevé un mouvement de protestation auprès des  associations et de la société civile étant donnée la  déclaration officielle qui prétendait le suicide par pendaison du dit détenu.

L’institution policière a, aussi, subi des cas de vol de voitures (Mehdia) et des tirs par des inconnus (Kasserine).

Les agressions criminelles étaient présentes dans les observations du mois de mai 2015, par les vols, les effractions et tentatives de vol à Kairouan, Bizerte, Gabes, Jendouba et Mahdia (l’agression d’un touriste allemand).  Egalement par le cas d’une effraction et tentative de viol qui a fini par le décès de l’intrus dans le gouvernorat de Mahdia.

Par ailleurs, des violences conjugales ont  été observées, respectivement, dans la région de Tunis, notamment, trois cas de conflits entre époux engendrant la mort de la conjointe à Lacania, Debouzeville et Douar Hicher. Il est à noter, que les violences familiales sont, également, présentes dans ce rapport à travers le matricide à Mahdia et l’abandon d’un nourrisson à Mereth (gouvernorat de Gabes).

Les viols et tentatives de viol sont le constat malheureux de ce rapport, puisqu’ils sont présents dans beaucoup de gouvernorats.

Entre l’agression sexuelle de trois mineures à Sidi Bouzid, l’inceste dans la région de Tunis, le viol collectif à Nabeul, l’agression d’un couple de réfugiés syriens et le viol de l’épouse à Kasserine. Des tentatives et des cas de viol ont, aussi, eu lieu dans les gouvernorats de Kairouan, Bizerte, Medenine et Sousse.
D'après le rapport du FTDES