Transition démographique : La Tunisie atteint la dernière phase, les politiques n’en ont cure !

Publié le Mercredi 07 Septembre 2016 à 16:17
Les questions de population ont été ignorées après la révolution. La Tunisie est parvenue à maîtriser sa croissance démographique et a atteint la dernière phase de sa transition démographique en moins de 40 ans, ce qui lui a épargné des situations difficiles, qu’il n’aurait pas été aisé de vaincre. Les questions liées à la population sont, néanmoins, quasiment et délibérément ignorées au cours des cinq dernières années, excepté les voix extrémistes qui menacent les droits et acquis.

Les affaires liées à la population et l’établissement de priorités nationales et méthodologiques en vue de préparer des études sectorielles dans ce domaine est au centre d’un atelier de travail organisé les mardi et mercredi, 06 et 07 septembre à Gammarth, par l’office national de la famille et de la population (ONFP) et la Commission économique et sociale des Nations unies pour l'Asie occidentale (ESCWA).

La Tunisie atteint l’étape ultime de sa transition démographique, comparée aux autres pays arabes. L’évolution de la pyramide d’âge reflète une baisse de la fertilité du fait du recul des décès, et aussi des naissances ayant passé de 22,7 % en 1994, à 18,8 % en 2011.

Parallèlement, la masse active (15-59 ans) s’est développée pour atteindre les 64.5 % en 2014. La catégorie d’âge (0-14 ans) a baissé pour atteindre 23.8 %, et la proportion des personnes âgées (60ans et plus) a évolué lentement pour atteindre 11.7%. Cette évolution démographique a procuré des chances et une énergie au pays qui n’ont pas été transformées en création de richesses, et en développement. D’où les nombreuses priorités en matière de population qui requièrent de multiples interventions en vue de pallier aux insuffisances et réaliser l’essor des différentes catégories sociales. 

Pour une politique de population écrite
L’élaboration d’une vision nationale en matière de population s’avère nécessaire. Les acteurs politiques, et les composantes de la société civile doivent déterminer leur position envers la voie à suivre dans ce domaine. Aussi les relations entre les questions de population, et le développement durable doivent être tracées, comme le prévoit la stratégie de développement 2030, adoptée par le pays, indique une note examinée lors de cet atelier, qui déplore que les questions de population soient quasiment et délibérément ignorées au cours des cinq dernières années, de la part de toutes les parties, excepté les voix extrémistes qui se font entendre de temps à autre, et qui constituent un danger pour les droits et acquis.

La note plaide pour une politique de population écrite dans le cadre d’un document officiel, émanant d’une consultation sociétale globale rassemblant les décideurs, les experts, les représentants de la société civile et du secteur privé, les partis politiques et les acteurs religieux, comme ceux de défense des droits de l’homme. Cette politique doit être appuyée par un texte législatif, afin qu’elle ne soit pas soumise aux desiderata de ceux qui se relayent au pouvoir, et leurs orientations intellectuelles et confessionnelles. 

Parmi les priorités figure également la consolidation de l’organisation institutionnelle en matière de population, à traves la création d’un organisme public avec une contribution effective de la société civile, qui veillera sur la mise en exécution de la politique générale,  l’évaluation de ses résultats et la coordination entre les différents intervenants dans ce domaine.

La suppression du conseil supérieur de la population depuis 2010 a créé un grand vide, donnant lieu notamment à l’absence d’une vision en matière de population, et à la faiblesse de coordination et de complémentarité entre les acteurs dans ce domaine. Il s’agit aussi de régler les problèmes de disparités régionales, et d’accorder aux affaires de la jeunesse l’intérêt requis, en termes de politiques, de programmes, d’institutions et de mécanismes dans une société jeune où l’âge médian est de 32,4 %.

La note appelle à traiter les fléaux sociaux attentatoires aux droits, notamment la pauvreté et le chômage qui représentent deux éléments entravant le développement socio-économique, et menaçant la stabilité et la sécurité sociales. Elle suggère l’élaboration d’un modèle de développement favorisant le bien-être et la justice sociale, et rompant avec la discrimination et la marginalisation. Le modèle de développement adopté au cours des deux dernières décennies a échoué à réaliser les aspirations populaires, et à instituer une gouvernance politique, économique et sociale rationnelle et juste, ce qui a provoqué la dégradation du niveau de vie de larges couches sociales, l’aggravation de pauvreté et des disparités, bien que 20 % du PIB soit alloué aux dépenses et transferts à caractère social.

La consécration effective de l’exercice des droits reproductifs par tous demeure nécessaire, étant l’un des piliers des droits de l’homme, pour son lien direct avec l’autonomisation de la femme, et du fait qu'il contribue indirectement à promouvoir la culture de la paix et de la stabilité sociale.
Gnet

 

Commentaires 

 
#2 triste
Ecrit par riri     08-09-2016 15:06
On se pense toujorus supérieur en tunisie, femmes, éducation, etc...
C'est faux.
OIn a un seul vrai avantage qui s'appel le planning familiale. Sans lui, on ressemblerais plus à l4egypte ou au Soudan qu'à la Tunisie d'aujourd'hui. Avoir peu d'enfant nous a sauvé la vie... et on ne s'en rend même pas compte et on va vers l'inverse aujourd'hui avec un rebond de la natalité.
Le com au dessu à raison. A part ce qu'à laissé bourguiba, on ne fait que détruire en Tunisie.
 
 
+1 #1 RE: Transition démographique : La Tunisie atteint la dernière phase, les politiques n’en ont cure !
Ecrit par Montygolikely     07-09-2016 22:15
C'est incroyable comme on s'ingénie à détruire peu à peu tout ce que Bourguiba a préconisé, grâce à sa perception visionnaire des questions sociales, toutes ses décisions plus ou moins liées à la question de la démographie telles que ; contrôle des naissance, assistance à avortement pour des grossesses non désirées, statut de la femme, monogamie, éducation de la femme rurale et j'en passe.
La dernière imbécillité de Ben Ali (entre autres) en la matière a été la suppression du conseil supérieur de la population.
Il faut réinstaurer cette institution au plus vite en la dotant des outils modernes de "veille démographique" au niveau des régions et des communes, utiliser les médias pour épauler une politique visant au maintien de l'optimum de population.
 
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