Tourisme 2016, patrimoine, service et un zest d’innovation

Publié le Dimanche 10 Octobre 2010 à 17:06
Tunisie, Plage«Il est impératif de développer le tourisme culturel, d’exploiter le patrimoine tunisien, et d’introduire l’usage des nouvelles technologies.  Mais surtout lutter contre le bradage des prix, en offrant un produit de meilleure qualité pour briser le cercle vicieux qui fait que l’on vend un produit bon marché et donc de moindre qualité, ce qui a tendance à se répercuter sur les revenus du tourisme. Il faut se défaire de cette image de la Tunisie, destination à bas prix. Le prix d’une destination donne d’emblée une idée sur la qualité des services qui y seront  fournis', a souligné Mohamed Ghannouchi, Premier ministre, lors de son discours à l’ouverture de la consultation nationale autour de l’étude stratégique pour la promotion du secteur touristique à l’horizon 2016, qui a eu lieu hier (9 octobre), à Gammarth. Cette journée, qui a vu la présence de près de 700 personnes de toutes les branches d’activités du secteur, a donné naissance à plusieurs propositions et suggestions.

La spécificité du tourisme tunisien étant la saisonnalité du fait d’un climat méditerranéen propice, fait que le secteur a souvent concentré ses efforts autour de la mer et de ses atouts. Mais ce qui a longtemps fait sa force, s’est hélas retourné contre lui. La mer à elle seule ne suffit plus, le touriste est en quête de plus de diversité et de culture, à l’instar des pays concurrents comment l’Egypte, le Maroc ou la Turquie. Mais en plus à cause des prix pratiqués, la qualité du service a pris un sérieux coup. «C’est pourquoi, il faut offrir un produit impeccable tout au long de la chaîne. Ceci commence dès que le client monte dans l’avion à destination de la Tunisie jusqu’à ce qu’il y remonte, en passant par les conditions d’accueil à l’aéroport, le taxi qui le ramène à l’hôtel, les prestations hôtelières auxquelles il aura droit, le circuit culturel qu’il arpentera durant son séjour jusqu’à son retour à l’aéroport, il faut que tout soit impeccable", explique Slim Tlatli, ministre du Tourisme.

Il est à rappeler que l’étude stratégique pour la promotion du secteur touristique a donné naissance à 160 mesures, qui seront appliquées d’ici 2016. Cette étude a été portée par cinq axes majeurs, à savoir la diversification et l’innovation de l’offre du produit, la promotion  et le marketing, la révision du cadre institutionnel, la restructuration des finances du secteur, et le tourisme web compatible.
Abdelmajid Mahjoub, expert en agriculture biologique a pris la parole lors du débat, pour ramener l’attention sur l’importance de nos traditions culinaires dans la promotion du tourisme «le tourisme est un secteur qui touche à tous les secteurs, alors qui a dit que l’hotel était le point cardinal du tourisme ? Moi je dirais que c’est le goût qui en est le centre. On devrait retourner et se focaliser sur notre identité et puiser dans nos traditions. Voyez par vous-même que lorsque vous partez en Asie, on vous offre à manger avec des baguettes, parce que c’est ce qui fait la particularité de la région. Notre culture et celle du trempage (du pain dans l’huile) et des repas pris par terre autour d’une «midâ». Pensons s’y» a-t-il dit.

Wahid Brahim, ancien DG de l’Office National du Tourisme Tunisien, actuellement à la retraite et auteur d’un livre autour des maux du secteur, a proposé de tourner le dos à la mer et regarder plutôt du coté des terres. «Courir plusieurs lièvres à la fois, peut nous les faire perdre tous» commence-t-il, avant d’ajouter. «Il faudrait investir autrement, commercialiser autrement, s’implanter sur les marchés émetteurs,  il faut que l’entreprise tunisienne s’exporte, mais surtout je me pose la question suivante : peut-on réellement former en absence de formateurs ?».

Dans l’intervention qui le succède surgit un aspect d’actualité qui concerne les nouvelles technologies mises au service du tourisme. Le membre d’une agence de communication belge, a attiré l’attention sur  une niche qui fait  ses preuves en Europe à savoir le tourisme de city-marketing. Il s’agit d’attirer les touristes qui veulent passer un weekend, une catégorie qui va  directement réserver son séjour et payer sur internet. Pour cela, il suggère que la Tunisie pense à développer les outils necessaires, sachant qu’elle est déjà dotée de l’infrastructure nécessaire, et qu’il est facile d’y arriver. A quoi le ministre du Tourisme répond que la Tunisie sera en total Opensky à partir du mois de novembre 2011, ce qui élargira l’attractivité de notre pays  à travers les vols «Low cost» et développera ce genre de tourisme.

Dans un autre registre, la directrice du musée de Sousse, a déploré l’inexistence  de lien conducteur entre les hôtels et les musées.   "Les unités hôtelières devraient informer sur les musées de la ville, et que le touriste trouve toute l’information nécessaire autour du circuit culturel à son hôtel", demande-t-elle. Par ailleurs la question du patrimoine culturel est revenue plusieurs fois, comme réponse aux carences de l’activité touristique.  A  en croire les résultats de l’étude, ce parent pauvre du tourisme tunisien occupera durant ce quinquennat une place importante. D’ailleurs, Slim Tlatli annonce que la semaine prochaine aura lieu un grand évènement culturel autour du jeune homme de Byrsa, qui a regagné la Tunisie il y a peu (NDLR, reconstitution très réaliste du corps d’un jeune homme autour de son squelette retrouvé intacte dans les grottes de Byrsa).

Tunisie, SaharaConcernant le tourisme saharien qui n’a jamais su décoller malgré toutes les tentatives de le réanimer, Moncef Chetoui, propriétaire d’une agence de voyage s’est interrogé sur la possibilité de revoir les frontières sécuritaires plus élargies dans la Sahara «pour des raisons sécuritaires, nous ne pouvons plus s’aventurer très loin, nous savons que c’est pour le bien de tous, mais ça restreint le champ de circulation des touristes». Le ministre reconnait que le Tourisme saharien peine à se lancer, sachant qu’il ne remplit que 20% des capacités d’hébergement. «Dans le cas actuel des choses, le sud dépend essentiellement des stations balnéaires qui rabattent leurs clients sur le Sahara, en lui accordant des broutilles en terme de nuitées. Il n’est pas normal que les pics de la saison touristique saharienne soit en été quand il y fait 45 degrés de température, et nous allons mettre tous nos efforts pour faire du tourisme saharien, une destination à part entière», promet-il. Ce qui a amené plusieurs interlocuteurs de parler d’innovation. Innover, créer de nouveaux produits, et surprendre le touriste feront aussi partie du programme prévu pour la promotion du tourisme.

Toutefois, le problème majeur du tourisme en ce moment c’est le taux d’endettement des hôteliers qui sont en lutte contre les banquiers, qui pour des raisons évidentes ne prêtent plus main forte au secteur. Mohamed Khchine, hôtelier, est revenu sur le sujet, en demandant que les autorités viennent à bout de cette situation inextricable qui dure depuis plusieurs années. Si en plus, la Tunisie dite balnéaire s’apprête à traverser une période délicate, celle d’un mois de ramadan en plein été et ce pendant les six prochaines années. Slim Tlatli se dit conscient de l’effort supplémentaire qu’il faut mettre au service du tourisme pendant ces années là. "Il faut que toute la chaine reste opérationnelle pendant le mois saint, il ne faut pas que le touriste trouve les cafés et les magasins fermés pendant la journée, ou les taxis introuvables pendant la rupture du jeune. Il faut mettre en place des rotations, prévoir que la ville ne s’arrête pas. C’est aussi ça la qualité de service», ajoute le ministre. Qu’en est-il des touristes en provenance des pays voisins pendant le mois de Ramadan ? «Il faut dire que la base des touristes dans le monde est en train de s’élargir, à titre d’exemple il y a  plus de gens qui voyagent des pays de l’est de l’Europe et d’Asie, ce qui enrichit notre cible. Le tourisme est un secteur dynamique et non pas statique, on peut en tirer profit", répond le ministre.
Chiraz Kefi
 

Commentaires 

 
#3 quoi??
Ecrit par sbaf     15-10-2010 15:49
Tourisme ??? je comprends pas.

Moi je dis : TROU5ISME .
 
 
#2 La culture du service ...
Ecrit par Spinosa     11-10-2010 10:10
La médiocrité chronique du service dans le secteur touristique de notre pays n’est que le fidèle reflet de l’absence de culture du service dans tous les domaines sans exception. Il nous faut oser poser le problème tel qu’il est au lieu de l’occulter car il n’est pas besoin de mener une enquête sur la satisfaction générale des Tunisiens à l’égard de la qualité de service en Tunisie pour le savoir. Pis encore, cela se dégrade d’année en année.

Solution rapide pour problème chronique : améliorer la discipline et la supervision ! Halte à la complaisance!

Pas besoin d’attendre 2016 pour cela.

N'entend-on pas souvent par les professionnels du tourisme que « c'est la première impression qui compte "??
Alors si le premier contact à ma descente d’avion me met face à un policier maussade ou qui tamponne une pile de passeports de gens en dehors de la file pour rendre service à Foulen ou Felten…c’est bien mal parti…Ce n’est pas alors les taximen qui attendent dehors et qui blasphèment à qui mieux-mieux qui vont offrir à mon pays une seconde chance de faire bonne impression….

Il n’a fallu que 12 mois aux chinois pour entrainer avant les jeux olympiques des milliers de jeunes à se tenir parfaitement, sourire et être courtois. Rien que 12 mois pour effacer la perception que les Chinois peuvent être rudes ou insolents.

Résultats ??? Sans doute les meilleurs jeux de toute l’histoire. Même l’air de Pékin a été amélioré.

Continuer avec le laxisme et la complaisance ? Les désastreux jeux du Commonwealth qui se déroulent en ce moment à Delhi nous donnent le meilleur exemple de l'impact que cela peut avoir sur une nation!
 
 
#1 Le personnel
Ecrit par wkf2284     10-10-2010 19:38
Je trouce que l'article est pertinent et excellent. Les raisons sont multiples. A mon avis, le gros point noir du tourisme est le personnel: irresponsable, peu formé, démotivé et sans aucune volonté de s'améliorer.
Réduire le chomage est une chose mais embaucher n'importe qui, quoi et comment est inacceptable!
 
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