Terrorisme/ Amri : La Tunisie doit exiger une participation à l’enquête

Publié le Vendredi 23 Décembre 2016 à 16:55
L’accusation d’Anis Amri dans l’attaque du lundi 19 décembre à Berlin et son élimination ce vendredi 23 décembre à Milan auraient constitué le sujet principal de la conversation téléphonique ce matin entre le président Béji Caïd Essebsi et la chancelière allemande, Angela Merkel. Le communiqué de la présidence fait l’impasse sur cet élément, tout en laissant transparaître une relation tuniso-allemande forte et solide, avec l’annonce d’un échange de visites de haut niveau attendues début 2017. Chahed fera le déplacement en Allemagne en début d’année, et Merkel sera dans nos murs dans la foulée.   

Anis Amri a donc été abattu à Milan, après que toute l’Europe a été à ses trousses depuis mercredi. L’homme a été éliminé en Italie, loin du théâtre de l'opération, où il est accusé d’avoir perpétré l’attaque meurtrière au camion Bélier contre un marché de Noël à la capitale allemande.

Le suspect aurait laissé sa carte d’identité et ses empreintes sur le camion du crime, avant de prendre la poudre d’escampette. Il trouve quelques jours après le même sort que les auteurs présumés d’attaques terroristes survenues sur le sol européen.

Du déjà-vu et entendu. Des attentats entourés de circonstances similaires où les accusés laissent derrière eux des pièces à conviction et des traces indélébiles se sont déjà produits. C’était le cas pour l’attentat contre Charlie Hebdo en janvier 2015 à Paris. Est-ce pour faciliter le travail des enquêteurs, par omission, ou par revendication que les terroristes présumés agissent de la sorte ? 

Anis Amri est mort et emporte avec lui son secret. Il ne sera pas interrogé par la police allemande, il ne répondra pas aux accusations qui lui sont adressées, il ne dira pas plus sur les commanditaires présumés de cet acte, sur la manière dont il est passé de la délinquance au djihadisme, sur les mobiles de son acte…il ne dira rien, et on ne saura rien, excepté la version des autorités allemandes et italiennes.

Le nom de ce ressortissant tunisien a surgi au moment même où la Tunisie est encore sous le choc suite à l’agression perpétrée sur son sol, avec l’assassinat du scientifique Mohamed Zouari devant son domicile à Sfax, par le Mossad israélien, comme le prouvent des indices concordants liés à la planification et l’exécution de ce crime. Un attentat dénoncé par les milieux politique, médiatique, civil et populaire, comme une violation de la souveraineté et de la sûreté nationale, et qui est censé avoir des implications pour l’entité sioniste. Les autorités tunisiennes devraient engager des poursuites à son encontre auprès des instances internationales, solliciter des appuis étrangers par les canaux diplomatiques, et saisir les Nations-Unies et le Conseil de sécurité en vue d’obtenir une résolution condamnant la violation israélienne,  en faisant mention de ce qui devrait en découler.

La Tunisie serait également engagée dans une loi criminalisant la normalisation avec Israël, réclamée par la majorité des groupes parlementaires, qui interrogent ce vendredi même en plénière les ministres des Affaires étrangères et de l’Intérieur sur les circonstances du crime israélien, et la riposte préconisée par le gouvernement.

Les autorités tunisiennes ont-t-elles aussi convoqué l’ambassadeur d’Allemagne pour lui demander des explications sur le journaliste ayant accédé à son sol, avec un passeport allemand, et ayant fait une correspondance directe à la 10ème chaîne israélienne, depuis Sfax et Tunis.

Ces actions déjà entamées ou attendues ne sont pas sans contrarier Israël qui n’accepte pas qu’on lui tienne tête, à plus forte raison, lorsque cela émane d’un petit pays arabe, perçu par l’entité sioniste comme étant faible et sans réel pouvoir sur l’échiquier international. 

Autant de faits qui se télescopent suscitant des interrogations sur le timing de l’attentat perpétré en Allemagne et de l’accusation d’un Tunisien de l’avoir perpétré, au moment même où le Mossad commet son forfait sur le sol tunisien.

Des zones d’ombre persistent. La Tunisie doit exiger une participation à l’enquête menée sur l’attentat de Berlin, l’implication de l’un des ses ressortissants et les circonstances de son élimination. Ce sont des faits graves qu’on reproche à notre pays qui en ternissent l’image sur la scène internationale, dans une étape critique de son histoire, et il est de son droit le plus naturel d'assurer son autodéfense.

La Tunisie semble être depuis la révolution au cœur des renseignements internationaux, et n’est pas très loin des conspirations internationales dont on n’ose pas imaginer l’aboutissement dans une région trouble et une conjoncture difficile. Dans l’affaire du martyr Mohamed Zouari, elle a été la cible d’un terrorisme d’Etat, et dans l’affaire du suspect Ami, elle pourrait être victime d’un mensonge d’Etat, et cela reste bien entendu une hypothèse.

Face à tant d’opacité, son devenir serait suspendu au degré de lucidité de ses dirigeants et toutes ses composantes et de l’accélération de la refonte de son dispositif de renseignements, annoncée au milieu de la semaine par le locataire de la Kasbah.

H.J.

 

Commentaires 

 
+1 #4 Encore un ...
Ecrit par A4     25-12-2016 10:05
LE "TERRO-TRISTE"
Ecrit par A4 - Tunis, le 11 Décembre 2016

Il est mort le "terro"
Quelque part en syrie
Ça rend tristes les frérots
Après tant d'euphorie

Il était aux abois
Ses frérots le regrettent
Lui, ses crimes et exploits
D'un bon coupeur de têtes

Ils le pleurent, je l'imagine
Ça ne peut être autrement
C'est lui le héros des ruines
L'assassin même des enfants

Il était obéissant
Et tuait sans réfléchir
Quand le demandent gentiment
Les frérots de Montplaisir

Ils sont inquiets, dans la tourmente
Et pensent même qu'ils sont fichus
Où trouver une âme si croyante
Pour tuer d'autres moustachus ?

Il faut le dire et répéter
L'affaire n'est pas du tout banale
Exportons en toute fierté
Notre bon savoir national

Faisons profiter toute la planète
Envoyons nos stupides garnements
Avec mines, armes et baïonnettes
Pour étriper religieusement

"Assassinez, mettez des bombes
En Afghanistan ou au Pérou
Dieu vous le rendra outre-tombe"
C'est ainsi que parlent les gourous

Des gourous pieux et de bonne facture
Que j'aimerais tant voir un de ces jours
Bien bourrer de dynamite leurs ceintures
Pour se faire exploser seuls à leur tour

Mais pourquoi ciel se privent-ils ainsi
Du paradis et de ses grandes fêtes
Ne veulent-ils pas des acrobaties
Dans les bras de quelques douces nymphettes ?
 
 
+1 #3 De quoi parle-t-on?
Ecrit par Houba     24-12-2016 11:59
Article, une fois de plus, stérile et vaseux. L'amalgame entre les deux crimes ne sert aucune cause. La plume de H.J végète avec autant d'improvisation et d'inefficacité que notre pauvre Tunisie.
 
 
+4 #2 méalnge des genres
Ecrit par smail     24-12-2016 05:54
Il est incroyable de voir comment une fois de plus apparaît le déni de la réalité terroriste islamiste.On sait que Anis était engagé dans le combat djihadiste de façon volontaire et entière donc le secret est mince , il est son propre commanditaire.La Tunisie est devenue une grande pourvoyeuse de terroristes.Israël n'a rien à faire dans cette article.
 
 
#1 Les occidentaux sont simples. D'ésprit.
Ecrit par samaris     23-12-2016 19:25
Laissons le terrorisme de côté.
Les occidentaux sont arrogants, monolingües, plus maghrebofobes que racistes (l'islamophobie c'est leur droit, là on n'a pas d'éxcuse), et de surcroît hypocrites quand ils nous balancent leur laïus sur leurs valeurs modéliques inspirées de la philosofie grecque, de la foi chrétienne et du droit romain. Aussi obtus que ça.
C'est vous dire leur dédain grasseux envers tout ce qui est éthnique, maure, noir,latino, asiatique et tzigane entre autres.
Aidons les.
Adressons nous de là oü nous nous trouvons aux occidentaux intélligents ou simplement humains, humbles, nobles sans sang bleu ou même avec, et invitons les à mieux nous connaître, à nous savourer et à éduquer leurs compatriotes et coreligionnaires dans l'amour - que dis-je - dans le respect des autres et dans la sublimation de la différence.
Tout simplement.
 
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