Retour des terroristes tunisiens : L'indignation de la société civile |
Publié le Mercredi 04 Janvier 2017 à 17:04 |
«Sous le même drapeau, tous égaux, sans égo ». C’est sous ce slogan que des associations se sont réunies le 14 décembre 2016, afin d’organiser un mouvement de protestation, contre le retour des terroristes des zones de conflit. Cette formation portera, à partir de ce jour là, le nom de « Collectif des Citoyens de Tunisie », et a organisé un rassemblement le 24 décembre 2016 devant l’Assemblée en protestation contre l'éventuel retour des Tunisiens partis au Djihad. Lors d’une conférence de presse organisée ce matin, le collectif a dénoncé la position des autorités qui n’excluent pas le retour des incriminés. Le Collectif qui dit n’avoir « aucune orientation politique », et « ouvert à tous les Tunisiens à condition qu’ils acceptent de se mobiliser sous le seul drapeau tunisien », a toutefois pointé du doigt ceux qui défendent le retour terroristes. « Indignés », « inquiets », voire « terrorisés », c’est ce qui ressort du discours des porte-parole du Collectif. Ils estiment d’ailleurs que leur peur est partagée par grand nombre de Tunisiens, puisque pour leur première mobilisation, ils ont pu rassembler quelques 3000 citoyens, de manière spontanée. Et ils comptent aller encore plus loin dans la résistance contre le retour "de ceux qui tuent, mutilent et violent". « Ce sont clairement des zones de guerre, et non des zones de conflit comme on se plait à dire. Il faut appeler les choses par leur nom. Et puis toute personne qui appartient à un contingent armé, parallèle à l’armée régulière d’un pays, est hors la loi », a déclaré l’une des militantes du Collectif. Parmi les 40 associations qui forment le collectif, on retrouve le réseau Coalition des Femmes pour la Tunisie (21 associations), Houmet Al Joumhourya, Un Repas pour chaque Tunisiens, Tunisia for All, L’Amicale des retraités de la CPG, Intellectuels sans frontières de Medenine, la Fondation Socrate Cherni pour le Droit à la vie, et d’autres encore… Le collectif appelle les autorités à réagir « promptement et de manière efficace » au sujet de la polémique, en renforçant la coopération judiciaire internationale avec les pays concernés par le terrorisme, en classant les terroristes comme des traitres de la nation et en les sanctionnant à travers la justice militaire. Le collectif demande également l’amendement des articles 54 et 57 de la loi anti-terroriste, en levant les restrictions sur les délais d’écoute et d’infiltration. Il appelle à l’aménagement de maisons d’arrêt et de prisons spécifiques aux prévenus et aux condamnés pour appartenance à des entités terroristes et à les séparer systématiquement des prévenus du droit commun. Le Collectif exprime par ailleurs son refus pour le retour des Tunisiens suspectés de terrorisme ou de filières de recrutement. Majed Haj Ali, avocat et membre du Collectif, a déclaré à cet effet que les autorités doivent prendre des décisions fermes et réagir au cri de la société civile. « Le sentiment d’insécurité, est pire que la perte de sécurité », s’est-il indigné, tout en se disant surpris d’entendre des chiffres au sujet des Tunisiens partis rejoindre l’Etat Islamique. Selon lui, les chiffres avancés par les autorités ne peuvent être exacts, puisque beaucoup, parmi les djihadistes, sont passés par des pays européens ou se sont déplacés sous de fausses identités. Il a par ailleurs déploré le manque de moyens humains au sein de la justice tunisienne, qui lui sont nécessaires pour prendre en charge les terroristes rapatriés. « Seulement 8 juges sont en charge de milliers de dossiers complexes, où on parle de réseau de recrutement », a-t-il dit, avant d’ajouter que les grands contrebandiers « sont ceux-là même qui font traverser des armes et des personnes suspectes. Et auquel il faut s’attaquer ». Le Collectif exhorte par ailleurs les autorités à faire appliquer l’article 5 de la loi anti-terroriste, préconisant que tout ceux qui font partie d’un réseau de pensée appelant à la haine, sont obligatoirement coupables. Il estime également que le Fonds de lutte contre le terrorisme doit nécessairement être doté d’un financement permanant au moyen de prélèvements obligatoires, et non au moyen de dons. Touhami Midani, membre du Collectif a parlé quant à lui « d’une situation dangereuse, dans un contexte international spécifique, qui requiert une solidarité sans failles entre tous les Tunisiens». Une autre membre, Ayda Chaabane, a expliqué que le Collectif s’apprête à passer à la vitesse supérieure en entrant en contact avec les autorités. Trois commissions seront formées au sein du Collectif. Une ira à la rencontre du Président de la République, la deuxième rencontrera le chef du gouvernement, et la troisième contactera l’Assemblée des Représentants du Peuple (ARP). « Nous allons demander au chef du gouvernement de donner tous les moyens aux autorités judiciaires pour mener à bien leurs mission, et à l’ARP d’adopter des lois qui protègent la Tunisie, et d’en amender d’autres comme la loi anti-terroriste », a-t-elle expliqué. Sami Handous, militant du Collectif, a par ailleurs pointé du doigt la responsabilité de certains pays européens dans ce qui arrive à la Tunisie, notamment, les conditions sociales, suites de la colonisation, dont souffre encore le pays. Une position que partage Majed Haj Ali qui rappelle que le terroriste de Berlin s’est radicalisé dans les prisons italiennes, et non en Tunisie. Chiraz Kefi
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