Retour des terroristes : Le Front populaire livre son analyse et la manière de procéder

Publié le Mardi 03 Janvier 2017 à 15:44
Le retour de milliers de terroristes tunisiens de Syrie et autres zones de tension est l’une des plus importantes préoccupations de l’opinion publique, pour ses graves répercussions sécuritaires, politiques et économiques, souligne le front populaire ce mardi 03 janvier, déclinant dans un long communiqué une conception concrète pour le règlement de cette question

Le Front populaire estime que les terroristes concernés par le retour sont en majorité des Tunisiens envoyés en Syrie et autres zones de tension du Moyen-Orient et en Libye, particulièrement sous le règne de la troïka, sous le signe de la participation au Djihad. Le FP considère que l’enrôlement de ces jeunes s’était inscrit dans le cadre d’une stratégie régionale et internationale visant à liquider les révolutions et les soulèvements arabes en les faisant dévier de leurs objectifs progressistes légitimes, et en les transformant en guerres civiles visant les patries et les pays en place, en vue d’en briser l’unité, de les détruire, de les démanteler et d’en procéder à un nouveau partage selon des bases religieuses, confessionnelles et ethniques, ce qui en empêcherait la renaissance, l’unité et la souveraineté sur leurs richesses, et priverait leurs peuples de leur liberté et de leurs droits politiques et socio-économiques.

Si la question du retour des terroristes est aujourd’hui posée, ce n’est pas parce qu’ils se sont repentis, ont fait des révisions ou ont renoncé de leur propre gré à leurs objectifs, mais c’est du fait du début d’effondrement du plan pour lequel ils ont été enrôlés en Syrie et dans différentes zones de tension, c’est ce qui fait, selon le FP, que des  pays et forces impliqués dans leur enrôlement (Qatar, Turquie, Arabie Saoudite et leurs protecteurs les grands pays colonialistes et l’entité sioniste), cherchent dès lors, sous différents prétextes à les rapatrier sans reddition des comptes, ni établissement des responsabilités, en attendant de les dispatcher de nouveau sur d’autres zones de tension et de les utiliser pour semer le trouble et perpétrer de nouveaux carnages y compris dans nos pays et notre région, que l’on cherche à maintenir dans un état de chaos permanent.   

Al-Jabha appelle à régler cette grave question conformément à l’intérêt du pays et du peuple, et aussi à celui de nos voisins qui sont aussi la cible du projet de chaos et de partage colonialiste sioniste. Cela doit également se faire selon les fondements de l’Etat civil et démocratique, pour lequel des générations de Tunisiens se sont sacrifiées. Il n’y a pas lieu d’utiliser la constitution, les principes des droits de l’homme et le droit international, pour  faire passer un marché pour le retour des terroristes sans reddition des comptes, et sans révélation des vérités liées à leur enrôlement et aux crimes qu’ils ont commis. Comme, il n’y a pas lieu d’utiliser ce sujet pour terroriser le peuple tunisien et justifier le retour au despotisme, à la violation des libertés et droits de l’homme, et des principes et valeurs qui fondent la constitution, souligne-t-il en substance. 

Le Front populaire considère que tout règlement sérieux de cette question doit reposer sur les conditions suivantes :

*Rétablir les relations diplomatiques avec la Syrie où se trouvent la majorité des terroristes tunisiens, et tendre à former une haute commission mixe en vue de mettre en place une base de données et un plan d’action clair,

*Revoir la composition des missions diplomatiques tunisiennes dans les pays impliqués dans l’enrôlement des jeunes tunisiens, en vue d’en assurer la neutralité par rapport à toute appartenance partisane, pour éviter toute complicité facilitant leur retour sans reddition des comptes,

*Faire comparaître tous ceux ayant commis un crime envers le peuple syrien, et les peuples de la région devant les tribunaux locaux des pays en question, selon le principe de territorialité du droit pénal,

*Dévoiler toutes les vérités relatives aux parties locales et régionales impliquées dans le départ des jeunes tunisiens, et qui en ont facilité le transit vers les zones de tension, les ont entraînés, armés, financés et utilisés. 

*Faire assumer la responsabilité à toutes les parties régionales et internationales impliquées, tout en les poursuivant devant la justice internationale pour les dégâts occasionnés à nos jeunes et notre pays, du fait de leur acte criminel contraire aux lois et usages internationaux.

*Etablir les circonstances dans lesquelles les jeunes tunisiens ont été enrôlés depuis 2011 jusqu’à maintenant, obliger le ministère de l’Intérieur à fournir à l’opinion publique toutes les données sur les réseaux d’enrôlement, et poursuivre toutes les parties impliquées : forces politiques, associations, organisations et responsables de l’Etat quelle qu’en soit la position.

*Procéder à une forte mobilisation des forces de sécurité, de l’armée et de la douane en vue de faire face à tous les éléments qui tentent de s’infiltrer secrètement dans notre pays, ou à travers les aéroports, les ports, les passages frontaliers terrestres avec de fausses identités, et les traduire en justice conformément à la loi sur le terrorisme.  

*Donner des précisions à l’opinion publique sur les centaines de revenants des zones de tension, les lieux où ils se trouvent et la manière de traiter avec eux.

*Isoler les détenus pour des crimes terroristes du reste des prisonniers, et prendre les mesures sécuritaires nécessaires pour se prémunir contre leur danger, et déterminer les mécanismes nécessaires à l’application de ces mesures.

*Dévoiler toutes les parties locales ayant des rapports avec les groupes libyens impliqués dans le terrorisme et le meurtre, pouvant être utilisés comme couverture pour le retour des terroristes en Tunisie.

*Organiser la conférence nationale de lutte contre la violence et le terrorisme que la coalition de droite au pouvoir en a entravé la tenue après en avoir arrêté la date à maintes reprises, afin que les circonstances réelles de l’évolution du terrorisme en Tunisie ne soient pas dévoilées, notamment pendant le règne de la troïka, et ce qui en a découlé comme enrôlement des jeunes pour les zones de tension, et assassinats politiques ayant touché notamment deux leaders du front populaire, Chokri Belaïd et Haj Mohamed Brahmi, ainsi que des dizaines de sécuritaires, de militaires et de civils innocents.

Cette conférence aura pour mission, outre l’évaluation et la délimitation des responsabilités, d’élaborer une stratégie claire et globale pour la lutte contre le terrorisme.

Le front populaire appelle l’opinion publique et toutes les forces démocratiques à la vigilance, notamment devant les tentatives de certains responsables de l’Etat de minimiser le danger de cette question, et à contrer toute tentative locale, régionale et internationale de faire passer un règlement de cette question, au détriment de la sécurité et la souveraineté de notre pays, et la sécurité de notre région.  

Al-Jabha appelle les forces nationales démocratiques et progressistes à faire face aux campagnes menées par les forces colonialistes et les mouvements d’extrême-droite contre notre pays et contre les arabes et les musulmans, en général, dans une tentative acharnée de faire assumer les résultats de leur industrie terroriste, aux peuples de la région, de nourrir le racisme à leur encontre et de justifier la poursuite de leur domination et persécution.
Gnet