Rapatriement de ses ressortissants : La Tunisie face au chantage de l’Allemagne !

Publié le Lundi 09 Janvier 2017 à 17:09
Béji Caïd Essebsi et Angela Merkel. La Tunisie n’a de cesse d’appeler de ses vœux à une coopération internationale plus intense contre le terrorisme. Youssef Chahed l’a réitéré ce lundi même dans une interview au journal allemand, Der Spiegel. Si cette coopération semble bien fonctionner avec les pays du voisinage, notamment l’Algérie, elle paraît plus compliquée avec l’Europe, dont le discours est une chose, et la réalité en est une autre. L’Europe ne coopère pas, mais donne des injonctions et va même jusqu’à user de chantage.

L’Allemagne fait chanter la Tunisie : ou bien elle coopère suffisamment pour le rapatriement de ses ressortissants déboutés du droit d’asile, ou bien elle sera privée d’aide au développement.

La mise en garde lancée dimanche par le vice-chancelier allemand, Sigmar Gabriel, a été appuyée le même jour, par le ministre de l’Intérieur allemand, Thomas de Maizière, dans une tentative claire de faire pression sur le gouvernement tunisien, accusé d’avoir tergiversé à reprendre Anis Amri.

Ces menaces allemandes se font l’écho de l’appel lancé le vendredi 23 décembre par la chancelière allemande, Angela Merkel, d’accélérer le rapatriement des ressortissants tunisiens pour qui l’asile a été rejetée. C’était lors de son entretien téléphonique avec le Président Béji Caïd Essebsi, le jour de l’exécution à Milan de l’auteur présumé de l’attentat de Berlin.

Les relations tuniso-allemandes que l’on dit au beau fixe notamment depuis la révolution, semblent se crisper, sur fond de cette crise des demandeurs d’asile en situation irrégulière.

L’Allemagne qui a accueilli le plus de réfugiés en Europe, notamment ceux en provenance de Syrie et du Moyen-Orient, avait commencé depuis des mois à revoir sa politique, et à durcir les conditions d’accueil. Avec l’attentat au Camion Bélier sur un marché de Noël, c’est un point de non-retour qui semble avoir été atteint pour les autorités allemandes, envers les étrangers illégaux sur leur territoire, pressés de rentrer chez eux.

Le gouvernement tunisien est maintenant devant un dilemme : accélérer le rapatriement des Tunisiens y compris les extrémistes et radicaux, et se mettre à dos une large partie de l’opinion et de la classe politique totalement hostile à leur retour, ou rechigner à coopérer avec les autorités allemandes et courir le risque de se voir couper les vivres, en cette période de vaches maigres. 

Les autorités tunisiennes et les services sécuritaires et de renseignements ont un grand travail à faire pour bien gérer ce dossier, déterminant pour l’image de la Tunisie, d’autant plus que d’autres pays de l’UE pourraient bien emboiter le pas à l’Allemagne sur fond de cette obsession sécuritaire qui s’empare de toute l’Europe, à plus forte raison que de nombreux pays européens s’apprêtent à affronter des échéances électorales décisives, sur lesquelles plane le risque de la montée de l’extrême-droite.

Le ministre de l’Intérieur, Hédi Majdoub, avait déclaré récemment que les terroristes dans les zones de tension sont au nombre de 2929 et que son ministère dispose d’une liste nominative à leur sujet. La moitié des terroristes se trouvent en Syrie, alors que 500 sont en Libye et le reste est dispersé, dont 400 sont dans des destinations inconnues pouvant se trouver soit dans les zones de conflits, soit en Europe. Le défi pour la partie tunisienne est de localiser les extrémistes qui sont dans la nature, afin de décider de leur sort en concertation avec les autorités des pays où ils pourraient se trouver. 

Il s’agit là d’un dossier complexe qui nécessite un traitement sur plusieurs fronts, externe avec les pays tiers, et internes sur le plan des préparatifs sécuritaires et logistiques quant aux structures habilités à accueillir ces revenants indésirables. Nos prisons ne sont pas, de l’aveu même du personnel pénitentiaire, préparées pour l’accueil des terroristes, d'où l'impératif de penser rapidement à de nouvelles structures à travers une réorganisation du dispositif carcéral.

L’urgence est-elle, aussi de traiter ce dossier avec l’Allemagne afin que les relations tuniso-allemandes ne s’en ressentent pas, comme l’a souhaité Youssef Chahed, dans son interview à Der Spiegel. Ce sera là, selon toute vraisemblance, le point saillant de sa visite attendue à Berlin à la mi-février prochain, laquelle sera suivie dans la foulée d'une visite de la chancelière allemande, Angela Merkel, en Tunisie, comme cela a été annoncé précédemment.

H.J.
 

 

Commentaires 

 
+1 #3 Payer pour ses fautes...sans jamais apprendre
Ecrit par Spinosa     13-01-2017 00:21
Whirlpool, laisse pour un instant la religion de côté.

Que pensiez-vous en décidant de la conquête de territoires par les depuis le 15ème siècle en Afrique, Asie, Amérique et Océanie? Que vous alliez vous enrichir et piller sans retour de manivelle?

L'immigration est le résultat de vos pratiques impérialistes et le terrorisme le fruit amer des arbres d'ingérence, de manipulation et d'hypocrisie que vous plantez.

Résultats: tout le monde ( le Blanc et le Bronzé) a le nez dans le caca et ce n'est pas diaboliser l'islam ou les musulmans qui vous en sortira.
 
 
#2 RE: Rapatriement de ses ressortissants : La Tunisie face au chantage de l’Allemagne !
Ecrit par Agatacriztiz     10-01-2017 12:13
Quand Merkel claironnait à cor et a cri qu'elle était disposée à recevoir Un Milion de migrants elle devait anticiper que parmi ces derniers figureraient quelques brebis galeuses.

Il advient qu'un tunisien débile dont le cerveau a été trituré par Daesh et/ou manipulé par des services secrets mal intentionnés (comme tous les services secrets d'ailleurs), repéré par la police allemande, laxiste, n'ayons pas peur de le dire, car trop occupée par les fêtes de fin d'année, pour nous faire porter le chapeau et endosser la responsabilité de l'horrible carnage de Berlin.

On a pas besoin de leur aide et on rejetera toute demande de rapatriement des ressortissants tunisiens non acceptés, ça va ?

On va pas courber l'échine à chaque fois qu'on nous fait le chantage de "l'aide au développement".
Je voudrais bien voir comment aurait réagi Bourguiba Jamal Abel Nasser ou Haouari Boumedienne à ce type de menaces.
Ne parlons pas d'un Kaddhafi, qui aurait sans doute rompu les relations diplomatiques sur le champ.
 
 
-3 #1 Responsables de vos ressortissants
Ecrit par Ben Whirlpool     09-01-2017 20:30
Vous êtes responsables de vos ressortissants: si les pays d'émigration refusent d'accueillir leurs propres citoyens, lorsqu'ils sont expulsés par les pays d'immigration, que croyez-vous que finiront par faire ces derniers ? Fermer les frontières ! Et si vous croyez ceux qui disent que c'est impossible, regardez bien l'Histoire et la Géographie qui montrent que cela a été fait, que cela se fait toujours et que cela se fera.
Je ne comprends pas comment la Tunisie, qui a voulu et obtenu son indépendance voilà plus de 50 ans continue de ne pas s'en montrer digne en confiant nombre de ses citoyens à d'autres pays ?
Je ne comprends pas comment les musulmans, qui rebattent les oreilles du monde entier avec leur religion, ne traitent pas eux-mêmes les fruits amers qui poussent sur cet arbre ?
Regardez bien les élections en Europe et dans le monde, évaluez bien la situation géopolitique et tirez en les conséquences avant qu'il ne soit trop tard...
 
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