Open Sky, la Tunisie entre dans le vif du sujet |
Publié le Dimanche 11 Avril 2010 à 16:35 |
L’ouverture du ciel tunisien, c’est l’affaire de quelques mois. Les choses s’accélèrent tant avec le Maghreb, qu’avec l’Europe et l’Amérique. Des projets d’accord sont sur la table, et ne tarderont pas à être négociés, selon le principe de réciprocité. Entre-temps, tout le dispositif du transport aérien est en pleine restructuration, dont la compagnie nationale Tunisair qui va se séparer de 1200 de ses agents. D’ici la fin de 2011, le ciel tunisien sera totalement ouvert au trafic international. Des pas concrets ont été déjà franchis, avec la libéralisation du transport aérien entre la Tunisie d’un côté, et la Libye et le Maroc de l’autre, (sous la troisième et quatrième liberté), ce qui suppose un accès total des opérateurs de ces deux pays au ciel tunisien et vice versa, avec la suppression de toutes les limitations de nationalité, capacité, fréquences, routes aériennes etc. La même démarche sera adoptée avec la Mauritanie, et le monde arabe, du moins avec les pays qui le souhaitent. Par ailleurs, en prévision du démarrage des négociations officielles entre la Tunisie et l’Europe, deux séances de travail préparatoires ont été organisées en Tunisie au premier semestre 2009, en présence d’une délégation de la commission européenne, où ont été examinés les points relatifs au déroulement et aux délais des négociations de l’accord "Open Sky". La partie européenne a soumis aux Tunisiens un projet d’accord, objet des négociations, qui prévoit : -la libéralisation des droits du transport aérien (passagers et marchandises), et la levée de toutes les limitations sur les capacités et le nombre de vols ; -la déréglementation tarifaire ; -la latitude en matière de désignation des transporteurs aériens en ce sens que chaque Etat de l’Union sera habilité à désigner une compagnie dont la propriété ou le contrôle relèvent d’un autre Etat ; -l’instauration d’un environnement compétitif, selon des règles équitables, tout en interdisant les subventions qui sont de nature à fausser les règles de la concurrence ; -le rapprochement des législations, notamment dans le domaine de la sécurité et la sûreté de l’aviation civile, la gestion du trafic aérien, la protection de l’environnement et des consommateurs ; -la consolidation de la coopération en matière de navigation aérienne en vue d’instaurer un espace aérien commun. Avec l’Amérique du Nord, les choses se préparent également. Un accord a été paraphé entre la Tunisie et le Canada le 11 février 2010. Les autorités américaines ont transmis à la Tunisie, le 23 septembre 2009, un projet de convention de transport aérien, qui est à l’étude avec les compagnies aériennes. Restructuration et plan social de la compagnie Tunisair Ces accords tous azimuts qui sonneront le glas de la régulation du ciel tunisien requièrent une profonde préparation. La Tunisie a, ainsi, commencé à réviser son cadre législatif et réglementaire pour le mettre en conformité avec les normes internationales ; les normes européennes feront progressivement recette chez nous. Par ailleurs, notre dispositif de sécurité et de sûreté nationale sera consolidé, selon les exigences mondiales. Depuis novembre 2009, les opérations de contrôle ont été intensifiées à bord des avions des compagnies étrangères. L’administration des services de navigation aérienne sera mise à niveau, selon les standards européens. L’infrastructure des aéroports tunisiens sera consolidée. La Tunisie dispose de neuf aéroports internationaux répartis sur l’ensemble du territoire, et dotés des équipements de navigation les plus modernes dont la capacité totale avoisine les 19 millions de passagers/an, nous rappelle-t-on. La Tunisie agira également sur les leviers des services et de la formation des ressources humaines, en faisant siennes les critères européens. Plus de qualifications seront exigées, en vertu de prochains textes réglementaires, en matière de formation des agents spécialisés. Les agents et techniciens d’exploitation seront amenés à participer à des sessions de formation et de recyclage. La compagnie Tunisair est d’ores et déjà en pleine restructuration. Tunisair est aujourd’hui un holding de huit sociétés, outre la société mère, (Sevenair, Mauritanya Airways, Tunisair Handling, Tunisair Technics, Tunisie Catering, Amadeus, ATCT et AISA). Toutes ces sociétés doivent, chacune selon ses activités, apprendre à composer avec un contexte rudement compétitif. Notre compagnie nationale mettra en place une nouvelle stratégie commerciale, visant la rationalisation du réseau. Elle mettra au point un plan de renforcement de sa flotte, en vue de l’acquisition de 19 avions. Cette restructuration ne se fera pas sans pots cassés. Le plan social de Tunisair prévoit le licenciement de 1200 agents. Ceux qui auront la chance de garder leurs postes seront tenus à un meilleur rendement, et soumis à des programmes de formation et de recyclage. La compagnie promet un meilleur taux d’encadrement, une modernisation de ses méthodes de gestion, et une compression de ses coûts. Des chantiers sont ouverts sur tous les fronts pour apprivoiser un changement radical des pratiques du transport aérien, avec une libéralisation qui nourrit de nombreuses inquiétudes. L’entrée fracassante dans le ciel tunisien des compagnies "low-cost", avec des tarifs défiant toute concurrence, donnera du fil à retordre, à nos compagnies locales. H.J.
|
Commentaires
Ecrit par Mahdi 12-04-2010 21:06
le transport est un domaine qui relève de la souveraineté des États, privatiser la compagnie national est une erreur politico-économique.
Tunisair peut etre rentable, mais on a décidé qu elle doit supporter les charges techniques des autres compagnies privés ce qui crée un trou dans ses finances. (selon certains)c est une décision pour booster le tourisme
privatiser a tout bout de champs en prétextant que c est dans l ai du temps on finira comme l Argentine (faillite).
même les chantres du capitalisme protègent leurs économies et leurs compagnies nationales.
expl : air canada a été sauvé 2 fois de la faillite par l etat canadien.
USA a sauvé ses banques et ses GM en injectant des milliards de l argent des travailleurs.
donc non, la privatisation n est pas nécessaire, encore moins les licenciements de 1200 personnes
Ecrit par Taoufik-Thala 12-04-2010 16:55
Bravo Gnet pour l'article vous êtes notre fenêtre ouverte sur les affaires de notre chère Tunisie...A mon avis, TunisAir doit disparaitre totalement et laisser la place une nouvelle compagnie avec un vrai "Mangement" qui pourra évoluer dans un contexte de competition, car TunisAir est dans le contexte du Fait établi, le beylik, la vache laitière etc...elle ne pourra jamais se relever avec sa structure actuelle. L'Etat doit être courageux et la privatiser..
Ecrit par Mahdi 12-04-2010 15:08
je suis consterné de savoir que Tunisair va licencier 1200 agents, c est a dire 1200 familles seront affectés de prés ou de loin par cette décision.
tout le monde connait les problèmes de la vache a lait Tunisair, elle n a pas besoin de restructuration mais de décisions fortes
1200 chômeurs de plus !!! (un gros merci aux compagnies nationales privées)
Ecrit par Anis 12-04-2010 13:24
l'ouverture du ciel tunisien est plutôt une opportunité pour nous!
A services égaux, le salaire tunisien est le 1/3 sinon moins qu'un salaire européen!
Si la qualité des services touristiques suit (propreté, nourriture de qualité, compétence) nous avons de réelles chances d'améliorer les chiffres du tourisme.
Ce qui nous a fait beaucoup de tort a surtout été le monopole de Tunisair qui est (a été) gérée comme un ministère public (trop d'effectifs, abscence de stratégie à long terme, vision très locale du transport, pas de fidélisation du client tunisien...)
Il faut arrêter d'avoir peur des marchés extérieurs et surtout surtout élaborer des stratégies de conquête de ces marchés ! (pourquoi pas avec l'aide d'experts internationaux)
Ecrit par dali 11-04-2010 20:38
vous auriez dû citer la source de votre article( excellent par ailleurs): c'est le déjeuner-débat organisé par l'ATUGE mardi 06/04!
NDLR
Ce sont des informations que nous avons glanées du côté du ministère du Transport. Rien à voir avec l'événement que vous avez cité et auquel nous n'étions pas présents. Avec nos remerciements pour votre intérêt.