Nonobstant l’empressement, la Tunisie n’a réalisé ni consensus, ni équilibre politique |
Publié le Mercredi 20 Décembre 2017 à 17:16 |
Afek pondère sa position sur le pacte de Carthage, et n’est plus en rupture avec ce document, qui sert de base à la coalition gouvernementale et à la gestion de l’étape actuelle. Dans un communiqué paru au milieu de cet après-midi, à l’issue de la réunion hier mardi de son bureau politique, le parti qui campe sur sa position, s’agissant du retrait du gouvernement - même si une telle décision n’a plus aucun sens avec le maintien de ses ministres et secrétaires d’Etat à leurs postes dans des circonstances connues de tous - dit être attaché aux principes et à la teneur du document de Carthage, appelant à sa révision, en l’assortissant d'une feuille de route et d'un calendrier répondant aux défis de la prochaine étape. Afek accuse au passage l’alliance stratégique entre Nidaa et Ennahdha d’avoir fait dévier ce pacte de ses objectifs et de sa teneur. Quoi qu’il en soit, sa nouvelle position tranche avec celle plus incisive, émise il y a cinq jours. Le parti semble avoir trouvé le juste milieu entre l’obstination de son président, et l’opinion de ses nombreux détracteurs internes et externes. Il a l’air d’avoir écouté les voix discordantes, et hostiles à cette décision en son sein, ainsi que les avis de ses dirigeants au gouvernement, qui ont perçu dans le communiqué du conseil central du 16 décembre, une certaine brutalité, voire une démarche unilatérale et imposée par Yassine Brahim, qui met en jeu l’intérêt du pays, nuit au parti et hypothèque son avenir, d’où leur choix exprimé en chœur de faire primer l’intérêt suprême de la nation sur l’intérêt partisan. Et puisque, rien n’est définitif en politique, la période à venir, selon toute vraisemblance, après la trêve de fin d’année, nous dira où Afek compte mettre les pieds. Entretemps, chez les autres formations politiques d’un bord, comme de l’autre, l’alerte semble être à son maximum, et les inquiétudes continuent à s’exprimer, qui sur le climat politique que d’aucuns cherchent à envenimer, comme le fait constater ce mercredi Ennahdha, qui sur l’absence d’équilibre politique à laquelle on cherche à parier, comme l’appelle de ses vœux Machrou Tounes. Ennahdha qui se fait le chantre du consensus, la seule voie de salut, à ses yeux, pour le pays, sa stabilité et le parachèvement de sa transition démocratique, s’engage à œuvrer pour assainir le climat politique, appuyer le gouvernement et consolider l’unité nationale. Parallèlement, Machrou Tounes réitère aujourd’hui même son appel pour le rassemblement des forces progressistes, n’excluant pas de son offre Nidaa Tounes, autour d’un cadre de travail commun, dans la perspective de réaliser l’équilibre politique, que le parti considère sans le dire, à la faveur du mouvement de Rached Ghannouchi. Au cours de ces années post-révolution, le paysage politique n’a cessé de ressembler à une foire d’empoigne où chacun tire la couverture à lui, sans que les Tunisiens ne soient en train de constater un résultat concret de cet empressement politicien sur leur vécu ou la situation du pays, d’où la grande désaffection, révélée au grand jour par les dernières législatives partielles d’Allemagne et qui, selon des indices concordants, ne va pas s’arrêter là. Ce qui inquiète est que cette guerre de positions, mue par des mobiles idéologique, se poursuit depuis sept ans, sans que le pays ne parvienne à réaliser ni le consensus, ni l’équilibre politique. La gestion consensuelle des affaires n’a de sens sans une large coalition qui serait énergiquement soutenue et appuyée par des partis politiques et les organisations nationales, et qui s’attèle, à travers des politiques, et des programmes clairs, à réformer et à redresser le pays et à changer le quotidien de sa population. Or, le consensus ne se décline pas sous cet angle tel qu’il est exercé dans nos contrées, et semble plutôt procéder d’une alliance tactique et intéressée sujette à des variables, s’agissant de la relation des parties le composant entre eux, ou de leurs rapports avec le gouvernement, que d’un postulat pérenne et résilient, qui ne se laisse pas influencer par les intérêts partisans et corporatistes, d’où sa fragilité et les risques qui le guettent d’être à tout instant rompu. Idem pour l’équilibre politique, qui s’apparente à une utopie tellement sont nombreuses les initiatives inabouties, qui ont cherché à l’instaurer et à lui donner corps. Combien de fois, on a entendu des voix issues de la gauche, du centre, de la famille sociale-démocrate et on en passe, appeler à l’unification des rangs et au rassemblement, autour des valeurs de progrès, de modernité, et du legs réformiste ; des appels qui sont tous restés lettre morte. Il ne faut pas trop chercher les raisons du désintérêt, voire de l’écœurement des Tunisiens envers la politique et les politiciens. On leur rebattait les oreilles pendant sept ans, par des slogans oiseux, et des querelles stériles, mais de point de vue réalisations, et avancées pour sortir le pays de la crise, et améliorer leurs conditions de vie, ils n’en voient que dalle. Gnet
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