Nabeul/ Inondations : 5 morts, graves dégâts au niveau de l’infrastructure, cours suspendus

Publié le Lundi 24 Septembre 2018 à 08:38
Les pluies torrentielles qui se son abattues samedi dernier sur Nabeul, et les inondations qui s’en suivies ont provoqué un lourd bilan humain et matériel. Cinq morts ont été enregistrés à l’issue de cette catastrophe naturelle sans précédent dans le pays, dont deux jeunes filles (sœurs) de 20 et 26 ans, et un homme de 68 ans dans la région de Bou Argoub. Le corps d’un adulte de 51 ans a été retrouvé dans la région de Tekelsa, ainsi que celui d’un enfant de 12 à 13 ans découvert à Bou Argoub, ayant succombé à une électrocution. Les recherches se poursuivent pour retrouver une personne âgée de 70 ans, portée disparue.

Un crater après les inondations.

Les pluies diluviennes qui se sont abattues samedi 22 septembre sur le Cap Bon ont provoqué d’immenses dégâts au niveau de l’infrastructure, et des biens publics et privés. Un phénomène aggravé par la montée du niveau des eaux dans les oueds, qui étaient tous en crue.

 L’eau s’est infiltrée dans plusieurs maisons, commerces, unités industrielles, et la circulation a été coupée dans plusieurs régions du gouvernorat ayant enregistré des quantités de pluies jamais atteintes dans son histoire, avec 210 mm au centre-ville de Nabeul, 297 à Béni Khaled, 244 mm à Sliman, 168 mm à Hammamet, 162 à Grombalia... Selon les services météo, qui qualifient ce qui s'est produit samedi, de foyer orageux extrême, le record de précipitation enregistré à Nabeul pendant les 50 dernières années, a atteint 165 millimètres.

Les fortes pluies sont tombées, en cette journée cauchemardesque pour nos compatriotes du Cap-Bon,  pendant cinq heures, provoquant un spectacle de désolation, des voitures encastrées, des routes prises dans des torrents d’eau, des personnes bloquées...des familles, et commerçants bouleversés et attristés d’avoir tout perdu en quelques heures.
 
Des voitures encastrées à Nabeul.

Selon un bilan préliminaire,  2500 maisons ont été envahies par les eaux dans les 12 délégations de la région. Le Chef du gouvernement, Youssef Chahed, qui s’est déplacé sur les lieux dimanche et a rencontré des familles sinistrées, et lourdement affectées par cette catastrophe naturelle, a promis que l’Etat allait se charger de l’indemnisation. Le gouverneur de Nabeul, Salwa Khiari, a indiqué que l’indemnisation allait consister notamment en l’amélioration des logements. D’autres actions restent à définir, une fois le bilan aura été précisément établi.

Hier les équipes de la protection civile, l’armée, et les moyens de l’Etat ont été mobilisés pour notamment rompre l’isolement des familles, bloquées par les eaux, ainsi que pour rétablir la circulation sur les routes coupées. Aux dernières nouvelles, le trafic a été rétabli sur plusieurs routes, mais de nombreuses autres artères restent impraticables et requièrent d’importantes interventions, notamment des  ponts qui étaient complètement endommagés, tout autant que les routes limitrophes aux oueds en crue, des pistes agricoles, etc. 

Dimanche, au centre ville de Nabeul, des habitants déploraient l’absence des autorités, un élan de solidarité citoyen a tenté de s’y substituer. Les citoyens ont été mobilisés pour éliminer la boue, dégager les routes, et s’entraider, nous dit un habitant de Nabeul, ajoutant que les camions de remorquage ne se sont pas arrêtés, tellement il y avait des véhicules endommagés, emportés qu’ils étaient par les torrents d’eau puis enlisés dans la boue.

Les routes envahies par des torrents d'eau.

Des rails ont été aussi gravement endommagés. La SNCFT a évoqué dimanche des dégâts graves de la voie ferrée entre les gares de Foundouk Jedid et Bir Bouregba, assurant que ses équipes sont à pied d’œuvre pour rétablir le trafic des trains. La société a annoncé plus tard dans la nuit d’hier le rétablissement de la ligne 05 reliant Tunis, Sousse, Monastir, Mehdia, Sfax, Gabès, Gafsa et Tozeur, d’une manière progressive, en attendant le parachèvement des travaux pour le rétablissement de l’ensemble du trafic.

Ce faisant, le gouvernement a annoncé hier que les travaux allaient commencer dès ce matin, lundi, au niveau de l’infrastructure routière lourdement endommagée.

Par ailleurs, le ministère de l’Education a annoncé la suspension des cours ces lundi et mardi, 24 et 25 septembre, dans le gouvernorat de Nabeul, avec leur reprise normale, mercredi 26 septembre.

Cette décision intervient selon le même département, pour préserver la sécurité de la famille éducative dans la région, et s’assurer de la situation des établissements éducatifs, et des routes qui y mènent. Selon un bilan préliminaire, quelque 35 établissements du gouvernorat ont été touchés par les inondations.

Des habitants exaspérés ont imputé les inondations survenues dans la région aux lâchers d’eau des barrages, ce qui a fait que leurs domiciles aient été submergés. Chose que les autorités régionales et celles du ministère de l’Agriculture démentent, expliquant que face à la crue exceptionnelle, des lâchers d’eau ont été réalisés, par mesure de prévention, en direction de la mer au niveau de trois barrages. A défaut, une rupture de barrage aurait été catastrophique et aurait donné lieu à un immense torrent qui aurait emporté tout sur son passage. Reste un point positif, les barrages du gouvernorat de Nabeul dont certains étaient complètement asséchés ont été bien ravitaillés. Près de 40 millions de m3 d’eau se sont déversés dans les barrages du Cap bon et ses lacs collinaires, selon le commissaire régional de l’Agriculture. 
Gnet