Mraihi appelle à sauver les PME des griffes des importateurs

Publié le Jeudi 13 Octobre 2016 à 17:04
Lotfi Mraïhi, chef de l'UPR.L’Union Populaire Républicaine, parti mené par Lotfi Mraïhi, a exprimé ce jeudi sa vive consternation face à la situation critique des entreprises tunisiennes. Lors d’une conférence organisée par le parti, intitulée "l’Entreprise tunisienne garante de la souveraineté nationale", Lotfi Mraïhi a vigoureusement dénoncé le mépris et la marginalisation des PME tunisiennes pour l’intérêt des entreprises étrangères implantées intra-muros, et autres produits importés.

Il a accusé l’UTICA et à sa tête Wided Bouchamoui, de ne plus préserver les intérêts de l’industrie, et accuse des dirigeants du patronat d’inonder le marché de biens de consommation importés.

L’UPR estime que le libéralisme est devenu la seule approche économique possible que tout le monde était tenu d’accepter depuis le milieu des années 1990.

Le Secrétaire général du parti a accusé les néoconservateurs d’avoir eu recours aux organisations internationales comme le l’OMC et le FMI pour exécuter leurs orientations économiques, après avoir accepté l’intervention de l’Union européenne pour mettre en application un programme de mise à niveau des entreprises tunisiennes dans le but d’améliorer leur compétitivité.

« Mais en réalité c’était un moyen pour lever les entraves à la libre importation et le démantèlement des barrières douanières. Cette approche s’est très rapidement avérée contreproductive et nuisible. Elle a eu pour conséquence la fermeture des entreprises les plus fragiles et le licenciement du personnel. Le pouvoir politique s’est trouvé coincé entre le marteau des entreprises locales en difficulté, et l’enclume d’une classe d’affairistes tirant leur puissance de leur proximité du pouvoir politique et du soutien des puissances étrangères qui tiraient profit de la situation », a accusé Lotfi Mraihi.

Il a ajouté qu’avec la dépréciation du dinar et la baisse de la croissance, les entreprises en grande difficulté n’ont pas pu absorber le nombre croissant de chômeurs. Les entreprises qui sont l’épine dorsale de l’économie tunisienne sont l’unique chance pour créer de l’emploi et d’assurer la croissance. Ceci ne peut s’accomplir, selon lui, sans un soutien déterminé aux entreprises tunisiennes et sans l’instauration d’un « protectionnisme ciblé et intelligent », a dit Mraïhi, ajoutant que les entreprises constituent le garant de la souveraineté nationale et préservent le pays des injonctions et directives étrangères.

L'affaire de Jemna
A l’occasion de cette conférence, l’UPR a donné la parole au président de l’association de la préservation des Oasis de Jemna, Taher Tahri qui a souhaité clarifier  l’affaire de l’exploitation des palmeraies. Il a imputé l’activité menée par son association à l’économie sociale solidaire.

« Ce verger a été arraché à nos ancêtre par les colons qui y ont planté des palmiers.  Dans les années 1960, nous avons rachetée la terre aux autorités tunisiennes qui étaient persuadées à l’époque qu’elle nous revenait de droit. On avait payé 40 000 dinars », a-t-il relaté, précisant qu’à cette époque là l’argent a été déposé sur le compte bancaire du gouverneur de Gabès, comme leur a conseillé de faire un avocat de la région proche du dit gouverneur.

« Ensuite est venue la société STIL, qui était étatique, et a imposé aux habitants de Jemna de lui vendre 150 hectares au prix  de 1 dinar. Après la faillite de la STIR, la société est revenue à deux personnes de l’ancien régime au mois de mars 2002. Il s’agit d’un grand entrepreneur des travaux publics et de son frère qui était cadre au ministère de l’Intérieur », a-t-il expliqué.

Les racheteurs ont eu, l’un, 111 hectares, et l’autre 74 hectares loués à 16 mille dinars pour le compte de l’Etat tunisien. « Il faut savoir que le hectare de palmiers contient 100 pieds, et le seul palmier rapporte entre 150 dinars et 200 dinars par an de la qualité Deglet Nour. Si l’on fait le compte, ces deux messieurs, louaient le seul hectare à 80 dinars, soit 0.800 dinar le pied de palmier.  Si ceci n’est pas de la malversation ! », s’est exclamé Tahri.

Au lendemain de la révolution, les habitants de Jemna ont récupéré les terres en question, estimant qu’elles leurs revenaient de droit : « Nous étions les comités de protection de la révolution, ce qu’il ne faut pas confondre avec les ligues du même nom qui font du grabuge », a-t-il dit.

Après quoi, une association a été créée en 2012 pour donner un aspect légal à ces comités. « Nous avons emprunté de l’argent à la société civile et à des hommes d’affaires et nous avons préservé la production des palmiers. Depuis cette date, nous avons réalisé des recettes de l’ordre de 6 142 000 dinars. Nous avons recours à un expert comptable et nous ne dépensons pas un centime sans que cela ne soit justifié », s’est-il défendu.

Avec cet argent, l’association a financé la création d’un marché couvert aux dattes qui a été légué à la municipalité, ainsi que des salles de classes et des bibliothèques dans les deux écoles primaires de la région. Selon Tahri, l’association a acheté une ambulance pour l’Union Tunisienne d’aide aux insuffisants moteurs, a fait construire une salle de sport au Lycée de Jemna, a acheté de l’équipement informatique au poste de la garde nationale, et a équipé en climatiseurs et fontaine fraiche la bibliothèque, ainsi que le dispensaire.

Toutes les associations de  Jemna et du gouvernorat de Kebili ont été aidées financièrement et tous les festivals de la région. L’association aurait également planté 2000 nouveaux pieds de palmiers, et a creusé deux puits, selon son secrétaire général.

« Les réalisations sont multiples et nos comptes sont au centime près. Nous exigeons que les autorités nous demandent des comptes qu’elles viennent tout vérifier », a dit Tahri.

Le secrétaire général de l’UPR a relevé, que bien qu’il ne cautionne pas l’exploitation des terres domaniales par quiconque sans l’autorisation de l’Etat, cette expérience représentait un bel exemple de décentralisation et de bonne gestion. Un exemple duquel devrait s’inspirer l’Etat pour imaginer un nouveau modèle économique. « L’Association propose de se convertir en conseil d’administration comme l’a été la STIR. L’Etat devrait y penser et permettre aux associations d’exploiter les terres domaniales », a-t-il proposé.  

Chiraz Kefi

 

Commentaires 

 
#1 RE: Mraihi appelle à sauver les PME des griffes des importateurs
Ecrit par Royaliste     14-10-2016 02:36
je pense qu'on parle de la STIL la Société Tunisienne de l’Industrie Laitière et non la STIR comme mentionné dans l'article

L'Etat doit vendre ses terres et se concentrer sur la sécurité, l'education, la santé et l'infrastructure

l'Etat ne doit pas faire de l'agriculture, ce n,est pas son domaine qu'il se concentre sur ses prérogatives

quand aux importations, ce n'est pas l'utica qui donne les autorisations d'importations... donc il ne faut pas blamer les patrons pour ce point

NDLR
C'est corrigé avec toutes nos excuses pour cette erreur malencontreuse.
 
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