(Vidéo) Moncef Marzouki, "la Tunisie doit être dirigée par une coalition"

Publié le Jeudi 05 Mai 2011 à 15:35

Moncef Marzouki, président du Congrès pour la République, a été hier soir (mercredi), l’invité des rencontres politiques de Gnet. Dr Marzouki présente le CPR comme un parti d’avant la révolution, qui prône la désobéissance civile, l’élimination de la dictature et qui se situe sur la voie centriste
.

Le président du CPR refuse de s’inscrire dans une logique de bipolarisation Gauche/droite, et pense que la Tunisie a besoin de tous ses enfants pour sortir de l’ornière.
Interrogé sur ses choix économiques, il fait savoir que le CPR a mobilisé des cerveaux, des compétences techniques et des économistes de talent pour  réfléchir à un certain nombre de pistes, comme la TVA sociale, la récupération de l’argent volé aux Tunisiens pour pouvoir financer des réformes profondes, la reconversion de la dette pour des programmes économiques et sociaux en accord avec les bailleurs de fonds, etc. "Il serait prétentieux de dire que le CPR a des solutions à tous les problèmes", déclare son président qui compte appeler, au lendemain des élections, à des états généraux de l’économie tunisienne où tous les partis apporteront leurs idées, en vue de dégager des pistes de solutions et de réformes.

Le président du CPR est d’accord pour dire que "la machine économique est à l’arrêt, et des solutions ne seront pas trouvées tant que nous avons un gouvernement intérimaire, faible, qui n’arrive pas à taper sur la table et à instaurer une sécurité dans le pays". "Seul un gouvernement fort de la légitimité populaire sera à même de régler les problèmes de la sécurité, et donc de faire redémarrer l’économie".

Moncef Marzouki dit refuser "le procès"  fait aux partis politiques, de ne pas contribuer par des propositions et des idées à la gestion de la crise socio-économique dans le pays. "Ces partis sont en phase de construction ; ils sont en train de sillonner le pays pour mettre en place des structures ; ce ne sont pas des machines qui ont des solutions à tout".

Concernant ce qu’il appelle "l’efflorescence" des partis politiques, Moncef Marzouki pense normal qu’un peuple qui a été frustré passe de l’anorexie à la boulimie, "c’est un comportement banal observé après chaque révolution, mais il ne restera à la fin que le vrais partis". Il fait remarquer néanmoins "qu’il existe des partis  folkloriques, d’autres créés par les services secrets pour donner une mauvaise image de la révolution", mais il refuse de donner des noms.

Moncef Marzouki, président du CPR.  Moncef Marzouki, président du CPR.

Interrogé sur les objectifs stratégiques du CPR, il le présente comme "un parti d’avant la révolution, qui est pour la résistance civile. Un parti qui a d’emblée refusé la bipolarisation idéologique, et qui est ouvert à tous les Tunisiens quelles que soient leurs obédiences religieuses, idéologiques et philosophiques. Le CPR rassemble des gens avec des références islamistes, nationalistes, marxistes"... Pour lui, "l’homme providentiel et le parti unique sont des restes de l’idéologie totalitaire et la Tunisie doit être dirigée par un gouvernement de coalition".  

Moncef Marzouki qui prône l’idée d’un front national pour sauver le pays, n’adhère pas au projet de création d'un "front démocratique des forces de progrès et de modernité", auquel participent douze partis dont le  FDTL, le PDP, Ettajdid... il s’explique, "nous avons peur qu’il s’agisse d’une fausse apparence d’unité nationale fait dans un esprit de bipolarisation, et animée par la peur d’Ennahdha et des obscurantistes". "Il s’agit de faux fronts qui ne sont pas faits contre l’ennemi, mais contre le frère, le voisin, qui a lutté contre la dictature". Il dit refuser "la guerre civile, même par les mots contre les Nahdhaouis". "Constituer un front contre une fraction de la société tunisienne, c’est une erreur magistrale". Il appelle les gens à travailler ensemble et à n’exclure que les extrêmes de l’échiquier.

Moncef Marzouki estime avoir de bons contacts avec tout le monde dont Hamma Hammami,  Rached Ghannouchi,  Mustapha Ben Jâafar, Ahmed Ben Salah. Il demeure "réservé sur les positions politiques d’Ahmed Nejib Chebbi", et lui reproche "de confondre l’ennemi et l’adversaire". Avec cette logique, "on renvient au débat des années 80, l’ennemi, c’est Ennahdha, et l’adversaire, c’est le RCD, celui qui a mis le système dictatorial et qui cherche à le réinstaurer".

Moncef Marzouki, pense toutefois, que "l’Islam politique n’a pas sa place en Tunisie", et c’est cela, dit-il, sa grande discussion avec les islamistes. Il réfute le slogan des frères musulmans, selon lequel, "l’islam est la solution", "pour une raison aussi simple, la politique relève du domaine du combat pour le pouvoir entre des hommes, des groupes… ; et la religion est de l’ordre du sacré, du transcendantal, de l’immanent et n’a rien à faire dans des querelles de groupes. Moi, je dis aux islamistes,  battez-vous à armes égales, discutez au nom de vos convictions et non au nom d’Allah".

Ce penseur et auteur de plusieurs livres sur la médecine et la politique, dit avoir vu l’évolution du mouvement Ennahdha. "J’ai vu se démocratiser des islamistes, et s’islamiser des gens d’extrême gauche. Il y a eu des phénomènes d’osmose". "La démocratisation de ce mouvement qui n’était pas démocrate dans les années 70 a été favorisée par plusieurs facteurs, dont l’exil dont ont été condamnés les Nahdhaouis, leur propre maturation, et l’exemplarité des hommes laïcs qui les ont aidés et qui ont pris des risques terribles pour les défendre".

Moncef Marzouki prévient contre l’exclusion d’Ennahdha en s’appuyant sur l’exemple algérien. Il considère que "les islamistes algériens ont été poussés vers les exactions, à cause de l’erreur du mouvement laïc algérien qui était un mouvement éradicateur. Alors qu’en Tunisie, notre mouvement n’était pas éradicateur". Il prévient contre "le retour à une telle attitude effrayante, qui découle d’une idée fantasmatique du danger", et appelle "à intégrer Ennahdha, qui est un parti islamiste, conservateur, l’équivalent des mouvements chrétiens démocrates dans les pays occidentaux, et à en faire une force de démocratie". Pour Moncef Marzouki, il n’y a pas un seul islamisme, mais des islamismes, un spectre qui s’étend d’Erdogan aux Talibans, "les forces qu’il faut combattre en Tunisie sont Ettahrir et le RCD". Moncef Marzouki a répondu à nos questions sur plusieurs autres points relatifs aux affaires nationales et internationales. Voir l'interview dans la vidéo ci-dessus.
Propos recueillis par H.J.



 

Commentaires 

 
#27 un visionnaire
Ecrit par ilhem     29-07-2011 11:16
Dr Marzouki avait écrit le fameux dégage en 2005 et depuis il poursuit son rêve , celui de voir la Tunisie s'éveiller et se prendre en main..voilà ce qui fait, construisons-nous.
Avec vous docteur, notre patrie nous la construisons et elle sera démocratique et développée.
 
 
-1 #26 Non, Jorda, non! faut pas prendre ses désirs
Ecrit par Dédé     19-05-2011 21:57
Non, Jorda, non! faut pas prendre ses désirs pour des réalités.
Vous êtes libre de rouler pour Marzouki ou pour qui bon vous semble mais dire que Marzouki est le plus crédible, le plus intelligent, etc, relève d'une parfaite méconnaissances de certaines figures interrésantes tels que Abdelwahab Héni, Khaled Traouli et il y en a encore et encore.
Marzouki est une figure politique intéressante mais il n'a pas l'étoffe d'un président et il ne le sera pas, j'en suis presque certain mais malgré tout çà, Marzouki a beaucoup de mérite et aura un beau rôle à jouer sur l'échiquier politique tunisien .
 
 
+1 #25 Mazouki
Ecrit par jorda     13-05-2011 07:06
actuellement je trouve que marzouki c'est le plus crédible et son programme mieux présenté ,la personne qui a commenté que Marzouki a un côté dictateur caché, vous faites erreure je pense et si vous faites travailler un peu vos neurones, je pense à ce rytme là l'ensemble des tunsiens sont des dictateurs tellement qu'ils étaient imprégnés par la dictature c'est difficile de s'ensortir aussi rapidement
Marzouki je trouve que c'est l'homme fort de la tunisie il lutte pour son pays depuis très longtemps et il connait les rouages de la politique et je suis sûr il fera des bonnes choses positives économiquement et socialement Monsieur Marzouki je lui souhaite bonne chance et j'ajoute c'est le seule qui comprendra son peuple c'est un homme simple et très intéligent
aucune prétention
 
 
#24 VIDEO MARZOUKI
Ecrit par ABOUYASSOUN     09-05-2011 15:06
MARZOUKI MONTE EN PUISSANCE IL PRESENTE UN PROGRAMME CLAIR POLITIQUE ECONOMIQUE ET CULTUREL ECHEBBI S EST GRILLE JE PENSE ENNAHDHA C EST LA MIEUX STRUCTUREE LE TUNISIEN COMMUN EST MEFIANT C EST TRES BEAU POUR ETRE VRAI FINALEMENT QUI INCHALLAH ERRAJHI
SI CE N EST PAS LUI ON VOTERA SON CHOIX
 
 
-1 #23 Faut pas pas chercher les erreurs de A.N. Chabbi
Ecrit par Dédé     07-05-2011 19:48
Faut pas chercher les erreurs de A.N. Chabbi, il faut lui en chercher des qualités sur le plan politique. Vous n'en trouverez pas.
Ahmed Brahim, il est bien enseveli dans son communisme morbide.
Marzouki, intelligent, prétentieux avec une note de fausse modestie mais surtout et c'est dommage pour lui, pour nous tous qu'il cache un côté dictateur.
Marzouki deux fois présidents, il sera aussi dictateur que tous les autres dictateurs. c'est mon point de vue personnel.
Reste d'autres noms qui sont aussi et certainement plus prometteurs : Je cite Abdelwahab Héni, Khaled Traouli et j'en oublie certainement.
Marzouki est un pro-occidental au point de le croire y être aliéné.
Le peuple aura l'occasion de le connaitre et de vérifier tous ces points.
 
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