Moncef Marzouki ne craint pas le mouvement "Tamarrod" en Tunisie

Publié le Vendredi 12 Juillet 2013 à 13:29
Moncef Marzouki. Le Président de la République, Moncef Marzouki, a exclu la survenue en Tunisie d’événements analogues à ceux survenus dernièrement en Egypte. "Pour que le scénario égyptien se reproduise en Tunisie, il faut trois conditions inexistantes dans notre pays", a-t-il déclaré dans une interview accordée à  TNN (Tunisia News Network).

"La première condition est l’absence de consensus politique. Or, j’ai œuvré dès le début pour le consensus qui s’est illustré par la formation d’un gouvernement avec deux fractions, une fraction islamiste modérée, et une autre moderniste, libérale et laïque".

La deuxième condition est qu’une partie de la société soit contre une autre, a-t-il dit, signalant que" tous les mouvements qui ont voulu mobiliser la rue en différentes occasions, le 23 octobre, le 06 février avec le meurtre du martyr Chokri Balaïd…toutes ces tentatives de mobilisation de la rue et de dresser une moitié des Tunisiens contre une autre ont échoué".

La troisième condition est l’armée. "En Egypte, l’armée est politisée et a gouverné le pays pendant plus de 50 ans. En Tunisie, nous avons une armée disciplinée et républicaine qui se tient à l’écart de la politique". Le chef de l’Etat a conclu que les ingrédients qui existent en Egypte sont inexistants en Tunisie, "c’est tout le contraire qui prévaut dans notre pays", a-t-il affirmé, dans la mesure où "la Tunisie s’achemine à pas sûrs vers les élections qui ont été programmées, et nous nous sommes accordés dans l’ensemble sur la constitution". "Les événements en Egypte montrent que nous avons fait le bon choix, et suivi la bonne voie garante de stabilité et de sécurité", a-t-il souligné.

Moncef Marzouki a qualifié "d’irresponsables" les appels pour la dissolution de l’Assemblée nationale constituante et la formation d’un gouvernement de salut national. "C’est comme si on suggère la démolition d’une maison qui est quasiment prête, pour reconstruire de nouveau. Ces appels sont irresponsables, et je suis confiant que le peuple tunisien ne leur accorde pas la moindre importance".  

Selon ses dires, "il faut savoir lire l’histoire, lorsque l’on se compare aux autres peuples qui ont mené des révolutions, l’on s’apercevra que nous sommes en train d’avancer dans un laps de temps beaucoup plus court".

Il a dit ne pas craindre le mouvement Tamarrod en Tunisie. "Ce sont des appels irresponsables", a-t-il martelé, se disant "confiant dans l’armée et son appui à la légitimité, dans la classe politique qui dialogue tous les jours, et dans la sagesse de notre peuple, a fortiori qu’il est en train de voir le sang, la dévastation économique et le chaos, conséquences de ces politiques auxquelles ils appellent".  

"Ces appels ne sont pas justifiés", a-t-il encore considéré appelant ces jeunes à la patience et leur signifiant que ces affaires doivent être prises avec sagesse et non avec des symboles qui risquent de mener le pays au chaos.  

"La situation est sous contrôle sur les frontières"
Au sujet de la situation sécuritaire, le chef de l’Etat ne s’est pas empêché de faire la comparaison avec la situation antérieure au 14 janvier. "Auparavant c’était la sécurité des cimetières et des caniveaux fondée sur la peur, la répression et le terrorisme qui prévalait", a-t-il souligné, faisant observer que dans une société démocratique le degré zéro de l’insécurité n’existe pas. "Il y a un degré minimum de crimes, qu’on ne traite pas uniquement d’une manière sécuritaire, mais par des solutions économiques et sociales". Il a signalé que "la sécurité politique et intellectuelle qui tient à l’atmosphère de liberté est de mise aujourd’hui en Tunisie, et que l’on est en train de renouer avec la sécurité économique et alimentaire".

Marzouki a reconnu qu’il existe encore beaucoup de problèmes liés à notre sûreté nationale sur les frontières. Cela tient au fait que notre pays ne vit pas en vase clos, mais dans un environnement qui est aux prises avec des problèmes, a-t-il expliqué, affirmant que "la situation est sous contrôle".

Pour le chef de l’Etat, la révolution a atteint ses objectifs politiques, mais est à mille lieues de réaliser ses objectifs socio-économiques. Ceci nécessite beaucoup de temps et d’efforts, a-t-il dit, exhortant les Tunisiens à renouer avec le travail. "La création des richesses dans le pays n’est pas uniquement l’affaire de l’Etat, elle requiert un peuple qui travaille".

"La Tunisie a encore de grandes difficultés économiques, qui découlent du fait que de nombreuses usines ont fermé après la révolution. En période transitoire, la richesse n’est pas créée d’une manière suffisante, l’investissement intérieur et extérieur est absent, la conjoncture mondiale difficile, la contrebande dangereuse et chronique…" Il n’y a pas de solution miracle à ces problèmes, a-t-il admis, ajoutant que différentes politiques sont suivies, sans lesquelles, la situation aurait été pire.  

Marzouki a affirmé ne pas faire de distinction entre Tunisiens, qu’ils soient salafistes ou autres. "La seule ligne de démarcation, ce sont  les Tunisiens qui brandissent les armés contre leurs frères tunisiens. La violence et la tentative d’imposer un mode sociétal aux Tunisiens est inacceptable", a-t-il fait valoir.

Invité à commenter les révolutions arabes, Il a fait constater que "le processus révolutionnaire arabe est à ses débuts, et on ne peut pas le juger. Il est difficile de dire où allons-nous". Les révolutions prennent beaucoup de temps, a-t-il signalé, citant les exemples des révolutions française et bolchévique. Dans la région arabe, "la révolution en Syrie s’est transformée en guerre civile, la révolution rencontre de grandes difficultés en Egypte, elle est sur la bonne voie en Tunisie. La situation est différente d’un pays à l’autre ce qui est sûr est que les pays arabes sont rentrés dans des changements substantiels qui ont commencé, mais on ne sait pas quand est-ce qu’ils se termineront".
Gnet


 

Commentaires 

 
+3 #4 Bab Souika
Ecrit par Royaliste     13-07-2013 10:05
il faut savoir lire l’histoire, lorsque l’on se compare aux autres peuples

Docteur, qu'avez vous appris de l'experience algérienne?

quand votre sponsor ghannouchi dit : ''si je ne gagne pas les elections je brule le pays'', cela ne vous rappel pas ce que abbasi Madani disait?

rappelez vous, docteur, vous n'avez jamais gagné une election, vous etes a Carthage parceque vous avez troqué votre 'combat' pour un poste honorifique que,desormais, vous déshonorer.

les livres d'Histoire se sont ouvert a vous mais vous etes trop petit pour pouvoir inscrire votre nom.
 
 
+2 #3 #Fater
Ecrit par Ben Whirlpool     13-07-2013 08:07
M. Marzouki a à la fois raison et tort.
Raison parce que la Tunisie n'est pas l'Egypte, tort parce que la Tunisie évolue (malgré lui) vers le progrès, en témoigne le mouvement des fattaras:
lepoint.fr/.../...

La succession au Qatar annonce un désengagement de celui-ci qui cessera bientôt de financer le wahhabisme hors frontières qataries, les alliés islamistes de M. Marzouki feraient bien d'en tirer les conséquences.
 
 
+3 #2 RE: Moncef Marzouki ne craint pas le mouvement
Ecrit par Hédi     12-07-2013 16:14
"tous les mouvements qui ont voulu mobiliser la rue en différentes occasions, le 23 octobre, le 06 février avec le meurtre du martyr Chokri Balaïd…toutes ces tentatives de mobilisation de la rue et de dresser une moitié des Tunisiens contre une autre ont échoué"

C'est tout ce que ce charognard retient du meurtre de Chokri Belaid. Il ne voit pas la mort d'un homme non, il voit la tentative de déstabiliser son misérable fauteuil. Comme tu es petit ya marzouki, et tu le resteras à jamais. Reste dans ta tour d'ivoire, le peuple va bientôt te renvoyer à la poubelle de l'histoire dont tu n'aurais jamais dû sortir.
 
 
+2 #1 Faux.
Ecrit par Tahar     12-07-2013 13:57
Les évolutions sociétales sont malheureusement imprévisibles. Totalement imprévisibles. Donc tout raisonnement pragmatique et scientifique n'a aucun sens.
Une course contre la montre doit donc être entreprise par nos gouvernants et l'ANC afin de tenir au plus vite les élections, seul rempart contre toute évolution dangereuse.
 
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