L’humilité de Paul Kaba THIEBA : La Tunisie devra s’en aviser !

Publié le Vendredi 06 Octobre 2017 à 17:18
Rencontre entre Béji Caïd Essebsi et Paul Kaba THIEBA, ce vendredi 06 octobre à Carthage. Rarement déclaration à la sortie d’une audience protocolaire à Carthage n’a été aussi longue, et aussi concrète. Debout derrière le prestigieux pupitre du palais, portant pour l’occasion les drapeaux tunisien et burkinabé, le Premier ministre du Burkina-Faso, Paul Kaba THIEBA,  a parlé, ce vendredi 06 octobre, pendant plus de 13 minutes, avec lyrisme, de l’état des relations entre les eux pays, et des vastes perspectives et champs de coopération.

Le haut responsable burkinabé qui n’a pas tari d’éloges sur la Tunisie, sa culture et ses avancées dans plusieurs domaines, a affiché un intérêt manifeste pour l’expertise tunisienne, souhaitant que son pays s’en inspire. 

Avec humilité et volonté de pousser la coopération bilatérale vers l’avant, l’hôte africain a dit avoir été impressionné par l’expérience des technopoles en Tunisie, pour avoir visité "une technopole extraordinaire à quelques kilomètres de Tunis, spécialisée dans les technologies de l’information et de la communication (TIC), où sont réunis sur le même site des centres de recherche, une grande école de télécommunications, mais aussi des entreprises de pointe". 

Une visite qu’il dit lui avoir donné beaucoup d’idées sur la manière de concevoir des technopoles dans son pays, qui a l’intention d’en construire. THIEBA a aussi apprécié le mode de formation par alternance suivi dans nos murs, rendant compte de sa visite dans un centre de formation technique et professionnelle, qui grâce au mode alterné école/ entreprise, "tout le monde est embauché au terme de la formation, avec  zéro chômeurs". Il a aussi  exprimé le désir du pays des hommes intègres, signification littérale du Burkina-Faso, de coopérer avec le nôtre dans les domaines de la santé, de l’enseignement supérieur, de l’agriculture, dans le secteur bancaire, etc.

Ce discours venant d’un dirigeant d’un pays, certes encore en retard en termes de développement, mais plein de potentialités et ayant une importante marge de progression, est réconfortant et enthousiasmant pour la Tunisie, qui devra savoir saisir cette sollicitation pour donner de la substance à des programmes de coopération mutuellement profitables, en aidant à la fois les pays africains d’avancer dans les domaines où ils en éprouvent le besoin, tout en explorant de nouveaux marchés où le savoir faire et l’expertise tunisiennes peuvent s’exporter, drainant ainsi des dividendes au pays, et contribuant à l’aider à remonter la pente.

La Tunisie a toujours tendance de se vanter d’avoir pour premier partenaire économique et commercial, la France, et de réaliser la quasi-majorité de ses échanges, 80 % environ, avec l’Union européenne. Les autorités applaudissent et sont tout aussi promptes à conclure l’ALECA (l’accord de libre-échange complet et approfondi), avec l’Europe, dont économistes et experts ne cessent de mettre en garde contre les graves répercussions sur le tissu économique local, du fait de rapports inéquitables, qui risquent de nuire, particulièrement, à l’agriculture et aux services, des secteurs jusque-là protégés.

L’on s’accroche à l’Europe, à l’heure où celle-ci s’empêtre dans une crise économique et financière dont elle peine de s’en sortir, est de plus en plus incapable de donner des solutions aux problèmes qui secouent ses pays membres, chômage, précarité, endettement, problèmes identitaires, et ne pourrait pas ainsi nous être d’un grand secours. A fortiori que, fidèle à ses visées impérialistes et colonialistes, l’Europe ne conçoit l’aide et la coopération, qu’avec un interventionnisme de mauvais aloi, où elle cherche à nous dicter ses desiderata et à attenter à notre indépendance et souveraineté. Outre le discours hautain de ses dirigeants, sous des airs faussement modestes.
 
Avec l’Afrique, notre espace géographique originel, le ton change, et le discours de nos interlocuteurs est plus riche, plus sincère, et dénote d’une envie de parcourir un bout de chemin ensemble pour substituer au sous-développement endémique qui sévit dans la région, une marche irréversible vers le progrès et la prospérité. 

L’Afrique est prisonnière de sa coopération, voire de sa dépendance du Nord qui lui a été immensément préjudiciable. Il est temps qu’elle s’engage sérieusement dans une coopération Sud/ Sud, et reprenne ainsi son destin en main. 

Gnet