"L’état d’urgence vise à protéger les acquis de la Tunisie" (Habib Essid)

Publié le Mardi 07 Juillet 2015 à 21:56
Le chef du gouvernement, Habib Essid, a déclaré ce mardi que l’état d’urgence a été décrété afin que l’on puisse mieux maîtriser la situation avec le soutien de l’armée, et pour avoir plus de chances d’éradiquer le terrorisme. "L’état d’urgence nous donne des moyens d’intervention, et permet à l’armée de se déployer dans un cadre légal clair pour soutenir les forces de sécurité intérieure", a-t-il dit.

Dans une interview radiotélévisée retransmise en différé ce soir sur al-Wataniya, al-Hiwar ettounsi et Mosaïque, le locataire de la Kasbah a indiqué que la proclamation de l’état d’urgence était l’une des hypothèses étudiées lors du conseil de sécurité nationale tenue dimanche 28 juin, signalant que cette disposition a été prise pour "protéger les acquis de la Tunisie", face à des menaces récurrentes.

"L’objectif de est d’assurer toutes les conditions à l’Etat afin de protéger les institutions, et le pays", a-t-il martelé, ajoutant que le décret de janvier 1978 fixe des dispositions précises. Il s'est défendu que cette disposition soit attentatoire aux libertés. "Notre devoir est de respecter la constitution et les lois tunisiennes".

Il a encore souligné que les partis politiques, accueillis au lendemain de l’attaque, le samedi 27 juin, ont été informés de la possibilité de décréter l’état d’urgence. "Ils n’étaient pas tous d’accord là-dessus, mais la majorité d’entre eux l’a approuvée".

Le chef du gouvernement a imputé la présence des enquêteurs britanniques sur place par le fait que le plus grand nombre de victimes était issu de Grande-Bretagne. Selon ses dires, leur participation à l’enquête se fera "dans le cadre de la loi, et le respect de la souveraineté du pays". Il a écarté le fait que la Tunisie livre des éléments impliqués dans cette attaque à la Grande Bretagne, si cette dernière venait à le demander.

Il a encore ajouté que depuis l’attaque du 18 mars du Bardo, la Tunisie a adopté une stratégie claire en matière de lutte contre le terrorisme basée sur l’anticipation, citant l’opération de Gafsa, Sidi Aïche ayant permis d’éliminer des terroristes, dont un chef dangereux (ndlr : Lokman Abou Sakhr).

Essid a fait état de coopération et de confiance mutuelle entre la police et la justice, évoquant l’existence de commissions conjointes entre les ministères de la Justice et de l’Intérieur afin d’arrêter "une méthode de coopération idéale".

A la question de savoir si le ministère de l’Intérieur a été débarrassé de ce qui est convenu d’appeler police parallèle, il a rétorqué que les actuels cadres du MI sont compétents, accomplissent leur devoir et assument leurs responsabilités en toute confiance.  

Au sujet de la fermeture des mosquées, il a souligné que cette mesure vise à régulariser la situation de ces mosquées, indiquant qu'Ennahdha soutient le gouvernement en matière de cette disposition.  Il existe des imams qui n’ont aucune qualité légale, a-t-il dit,  précisant que" l’Etat ouvre et consolide les mosquées, et défend l’Islam tunisien et tolérant".

Au sujet du limogeage du président du conseil islamique supérieur, il l’a imputé au fait que le concerné a dépassé ses prérogatives. C’est le sort qui sera réservé à tout membre du gouvernement ou d’une institution du gouvernement qui outrepasse ses attributions, a-t-il prévenu. Sur l’intention de fermer le conseil islamique, il a indiqué que cette question sera étudiée, et s’il s’avère que ce conseil est inutile, il sera supprimé, faisant constater néanmoins que "c’est le président du conseil qui s’est trompé, on ne peut supprimer tout une structure, car une personne a commis une faute".

Essid s’est défendu de subir de quelconques pressions, affirmant qu’il exerce ses prérogatives dans le cadre de la constitution. Il n’a pas écarté le fait d’intégrer d’anciens cadres, ceux qui ont été à l’œuvre sous l’ancien régime, au sein du ministère de l'Intérieur ." Nous sommes dans une dynamique et tout est possible", a-t-il admis.

Gnet