L’esprit de corps mènera la Tunisie à la banqueroute

Publié le Vendredi 21 Octobre 2016 à 16:33
Patriotisme et corporatisme ne vont pas ensemble. Les robes noires pavoisent, leur bâtonnier, Amer Mehrezi, affirme que la grève des avocats est réussie à 100 %. Sur leur page officielle, les avocats disent avoir observé une grève générale, suivie par l’annonce d’une journée de colère, en signe de refus catégorique de la teneur du projet de budget 2017, et de protestation contre les tentatives de restrictions sur les avocats à travers des mesures anticonstitutionnelles contenues dans ce texte tel qu’il a été présenté à l’Assemblée.


Le barreau fait état d’une présence massive sur l’esplanade extérieure du palais de Justice, d’avocats ayant fermé leur cabinet en réponse au mot d’ordre de grève lancé le 18 octobre par le conseil de l’ordre.

Dans leur journée d’action, purement corporatiste, les avocats ne sont pas seuls et sont soutenus par les médecins dentistes, qui fustigent, à leur tour, les dispositions injustes du PLF 2017.

Dans un communiqué paru le 19 octobre, le syndicat des médecins dentistes exprime son refus catégorique du projet de loi de finance, qui comprend des mesures et charges graves et outrancières, à même de donner lieu à des résultats désastreux sur la médecine dentaire.


Là-aussi, le syndicat considère ces mesures anticonstitutionnelles, visant directement les couches faibles, affectant le droit du citoyen à la santé, et s’opposant au principe du secret médical.

Le syndicat appelle les médecins dentistes à exprimer leur colère, par tous les moyens contestataires pacifiques, et à soutenir la grève générale des avocats.

L’UGTT, elle, entre dans le vif du sujet et entame l’étape  de mobilisation et de militantisme pour faire pression sur le gouvernement et l’acculer à revenir sur les mesures fiscales contenues dans le projet de budget et de loi de finance 2017, et sur le gel des salaires.


A l’issue de la réunion du groupement de la fonction publique, la centrale syndicale appelle, dans un communiqué paru hier, jeudi 20 octobre, à des rassemblements régionaux qui seront couronnés par un rassemblement national à la Kasbah, à un rassemblement national sur la place du Bardo à l’occasion du démarrage de la discussion des projets de budget 2017 en plénière à l’ARP, à des mouvements sectoriels dans les différentes familles de la FP, tout en s’apprêtant à une grève générale dans tous les secteurs de la fonction publique.

Le patronat aussi se rebiffe. Après avoir fait état d’une réaction bienveillante envers la proposition du gouvernement d’une contribution exceptionnelle au titre de l’année 2017, l’UTICA se rétracte et décline une telle hausse d’impôts (7,5 %), sous sa forme actuelle.

Le pays est, à nouveau, otage de l’esprit de corps, et du corporatisme qui n’ont fait que l’éreinter et annihiler son économie tout au long de ces dernières années, sur fond d’un Etat faible, et d’une absence d’autorité ayant laissé prospérer commerce parallèle, contrebande, corruption et autre banditisme politique, économique, et social.

Dans le discours, tout le monde fait valoir patriotisme, appartenance nationale, sens du sacrifice et patati, patata. En pratique, il n’en est rien. A chaque fois qu’une profession ou un corps de métier est touché par telle mesure ou telle autre, les siens se soulèvent et crient à l’injustice.

Chaque profession, catégorie socio-économique… cherche à préserver jalousement ses intérêts, récusant tout contrôle fiscal, et exige pour ce qui est des professions libérales, de continuer à bénéficier du régime forfaitaire synonyme d’évasion fiscale fort préjudiciable à la trésorerie publique. On veut que les choses aillent mieux, et que la crise soit surmontée, sans effort, ni sacrifice.

La question est de savoir par quel miracle le pays sera-t-il engagé sur le chemin de la réforme et du redressement, si ses enfants refusent de mettre la main à la pâte et de contribuer à l’effort national. Les tensions sociales font peser d’énormes risques sur un pays qui vit à crédit, dont les attributs de l’économie s’effondrent peu à peu, avec un dinar plus que jamais déprécié qui continue sa dégringolade, et dont les moyens de subsistance dépendent désormais des institutions financières internationales. La banqueroute et le chaos nous guettent ; si on refuse de renoncer à une partie de ce qu’on a aujourd’hui, on n’aura rien demain. 

Gnet

 

Commentaires 

 
+2 #2 La vache
Ecrit par A4     22-10-2016 23:13
LA VACHE
Ecrit par A4 - Tunis, le 08 Septembre 2016

La pauvre vache est à terre
Sortez vite vos longs couteaux
Sans retenue et sans prière
Servez-vous quelques bons morceaux

Elle est là, raide, sans défense
Son doux museau est dans la boue
Préparez vos chants et danses
Amusez-vous comme de vrais fous

Sortez-nous vos vieilles gamelles
Aiguisez vos canines et dents
L'occasion est des plus belles
Attaquez poitrine et puis flancs

Découpez, n'ayez pas honte
Oubliez ses yeux larmoyants
Charcutez sans tenir compte
De son long râle gémissant

C'est aujourd'hui qu'il faut le faire
Demain ça sera sûr trop tard
Profitez de cette nouvelle ère
Empiffrez-vous de gras et lard

Charcutez, peuple d'affamés
Gavez-vous, c'est de la vachette
Qu'elle soit crue ou même cramée
Ne laissez-en aucune miette

Enfoncer encore vos hachettes
Faites jaillir et couler son sang
N'ayez pitié de la "pauv' bête"
Le temps n'est pas aux prévoyants

Taillez encore, la chair est fraîche
Ce n'est pas elle la vache qui rit
Le temps n'est pas du tout aux prêches
Le temps est à la barbarie
 
 
+1 #1 Passons aux actes !
Ecrit par Agatacriztiz     22-10-2016 12:53
..."grève des avocats est réussie à 100 %"...
Il n'y a pas de quoi pavoiser !

Cette grève méprisante vis à vis des contribuables réels, révèle, non seulement un esprit corporatiste étriqué, mais, comme vous le dites si bien, surtout un manque patent de nationalisme et de soutien au plan de justice fiscale digne d'une nation civilisée que le gouvernement (d'union nationale, précisons) tente de mettre sur pied.

Passer outre le respect des institutions gouvernementales et de ce qu'elles sont en droit de décréter en matière de budget, pour des avocats, c'est un comble ! C'est cette grève qui est anticonstitutionnelle !

Il faudrait que l'on radie du barreau tout contrevenant aux obligations de s'acquitter des impôts selon la loi et comme tout le monde et qu'il soit remplacé par des chômeurs licenciés en droit, que l'on salarie à la base et que l'on rémunère en plus par "affaire" selon un barême préétabli.

Celà aura également l'avantage de rendre les justiciables égaux devant la loi.

Quant aux médecins, c'est, suivant le même principe, l'occasion ou jamais de redorer le blason du service public en sélectionnant ceux qui veulent vraiment respecter l'esprit du serment d'Hippocrate auquels ils sont tenus de jurer.

La récolte de l'évasion fiscale auprès de ces "charlatans" de la finance qui "saignent" leur patients au lieu de les soigner convenablement au juste coût bénéficierait au secteur médical tout entier, non seulement en matière de recrutement, d'acquisition de matériel moderne, de budgets de recherche médicale mais égament et surtout en matière de maitrise des coûts de l'assurance maladie.

On a tout à gagner en balayant cet état d'esprit de ces "castes" qui se croient "privilégiéés"..
 
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