Les tensions au Proche-Orient font craindre les pires scénarii pour la région

Publié le Lundi 06 Novembre 2017 à 16:58
La famille royale saoudienne risque de s'entre-déchirer encore plus. Les événements s’accélèrent au Proche-Orient, avec le coup de filet spectaculaire le week-end dernier dans les hautes sphères du pouvoir en Arabie Saoudite, où des émirs, des ministres et des grosses fortunes sont arrêtés pour corruption, et leurs biens et comptes bancaires gelés. Une purge inédite dans l’histoire de la monarchie saoudienne, faisant l’effet d’un séisme dont le retentissement s’est étendu aux quatre coins du monde.

L’annonce de cette purge royale a été précédée par un coup de théâtre, également survenu au Royaume saoudien, là où le Premier ministre libanais, Saâd al-Hariri, a fait part de sa démission samedi dans la soirée, dans une démarche surprenante et encore entourée de mystère.

Deux événements majeurs qui ont suscité un déluge de commentaires à l’échelle planétaire et continueront à le faire, augurant d’une nouvelle période d’instabilité dans une région gagnée par une conflictualité intrinsèque et historique. Leurs retombées dépasseront bien entendu les frontières géographiques de tel pays, ou tel autre pour toucher l’ensemble de la région, et accentuer les difficultés politiques, économiques, confessionnels, ethniques et sécuritaires auxquelles elle se heurte.

L’accès d’instabilité au Liban y fait craindre le spectre d’un nouveau conflit, à même d’exacerber les tensions au Moyen-Orient, à l’heure où les guerres en Syrie, et en Irak ne sont pas encore finies, nonobstant les victoires annoncées contre les groupes terroristes, et la reconquête de larges pans de ces pays, par les pouvoirs en place et les armées régulières ; des acquis fragiles qu’un rien peut, à tout instant, faire voler en éclats.

Aussi une Arabie saoudite divisée, avec une guerre au sein du sérail jamais déclarée aussi ouvertement, avec une telle violence, risque de plonger le Royaume dans une guerre tribale et civile, vu la structure de la société saoudienne, où la monarchie s’est attribuée, depuis sa naissance, un rôle fédérateur, qui cimente la la communauté nationale, et en préserve la cohésion. L’Arabie Saoudite perdra, le cas échéant, son rôle de leadership dans la région, et sa déstabilisation plongera les monarchies et Emirats du CCG dans l’instabilité, dont les germes ont été, déjà, semés depuis l’éclatement de la crise avec le Qatar.

Les tensions actuelles sont, de surcroît, annonciatrices d’une exacerbation de la crise entre l’Iran et ses alliés (Russie, Turquie, etc. ) d’un côté, et l’Arabie Saoudite et ses alliés occidentaux, notamment les Etats-Unis de Trump, sur fond de la guerre au Yémen, un véritable bourbier pour le Royaume, et des menaces incessantes du chef du bureau ovale de rompre l’accord sur le nucléaire conclu entre les pays occidentaux et Téhéran sous l’ère Obama, ayant permis à l’époque, de décrisper un climat explosif lié à ce dossier brûlant.

De là à pronostiquer que l’actuelle montée de fièvre, ne mène à une guerre contre l’Iran, voire à une troisième guerre mondiale, il n’y a qu’un pas que d’aucuns n’hésitent pas à franchir.

Quoiqu’il en soit, cette année 2017 se termine avec les craintes des pires scénarios, dont les effets seront redoutables sur la scène régionale, n’épargnant aucun pays, et y exacerbant les crises qui y prévalent déjà avec acuité. 
Gnet

 

Commentaires 

 
#1 Scénario lybien
Ecrit par Agatacriztiz     06-11-2017 23:39
La Lybie, formée de tribus que tenait d'une main de fer, grace surtout aux revenus du pétrole, Mouammar Kaddafi est en train de se disloquer vu qu'il n'y a plus d'entente entre les tribus et qu'il faut reconnaitre que la notion "d'état Lybien" n'était pratiquement qu'illusoire.

L'Arabie Saoudite, pays qui peut être tout autant considéré comme une "nation illusoire", n'est qu'un vague royaume, dirigé par une "famille", les Saouds, mise en place par le Foreign Office, au siècle dernier, et qui "tient" grâce aux alliances et au "consensus" entre les tribus qui la forme et aux revenus du pétrole qui leur sont savamment distribués.

Le fils du Roi actuel et qui veut s'affirmer et devenir "le Calife à la place du Calife" vient de faire une première grosse erreur en "disloquant", par des arrestations arbitraires, une grande partie de ce consensus.

Cela risque de dégénérer et que certains chefs de tribus, craignant pour leur avenir, finissent par contester et barrer la route au fameux petit calife, ce qui risque de provoquer une pagaille générale de style lybien.

La deuxième erreur du "MBS", comme on le surnomme, c'est d'avoir, pour faire plaisir à ses copains américains et israéliens, mis le doigt dans l'engrenage libano-syro-irakien, en "conseillant" à Hariri de "démisionner" pour "contrer, via l'accusation stérile du Hezbollah soupçonné de vouloir éliminer Hariri," l'Iran qu'il déteste copieusement tout autant qu'il craint.

Il oublie que les Libanais, Syriens, Irakiens et Iraniens qui trouvent leurs origines dans la nuit des temps et qui sont les descendants de civilisations millénaires, n'ont aucune leçon d'histoire à recevoir, et que de part le pragmatisme qui les caractérise, qui fait d'eux fait les "rois du compromis politique" finiront par s'entendre et, par voie de fait, de se retourner contre lui...
 
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