"Les snipers ne sont pas étrangers au corps de la police ou de l'armée"

Publié le Vendredi 15 Juillet 2011 à 15:58
La commission nationale d’investigation sur les abus survenus lors de la Révolution, a donné ce matin une conférence de presse, au cours de laquelle son président, Me Taoufik Bouderbala a parlé de la question des martyrs et des éventuels coupables.

Qui a tué les martyrs de la révolution ? Une question qui habite la rue et qui fait des vagues à chaque fois qu’elle est posée. A sept mois du déclenchement de la révolution tunisienne, aucun ne peut mettre un nom ou un visage sur l’un de ceux qui ont ouvert le feu sur les insurgés, du temps de Ben Ali. Cette Commission ad hoc, a pourtant effectué 44 déplacements dans toutes les régions de la Tunisie, a rencontré les familles de toutes les victimes et a recueilli 1965 dossiers dont 347 dossiers sur les pillages et 1380 dossiers de blessés.

« Jusqu’à la date du 14 juillet courant, et d’après tous les éléments collectés auprès des familles, témoins, médecins et anciens et actuels cadres publics et hommes politiques, il n’existe aucune unité extérieure aux corps officiels de l’ordre ou de l’armée, spécialement entraînée et qui aurait tiré sur les manifestants », dit Taoufik Bouderbala. En d’autres termes, la présumée milice qui a visé avec grande précision les 238 morts durant la révolution, jusque-là recensés, ne sont pas étrangers aux corps du ministère de l’Intérieur ou de la Défense, et l’éventualité d’une milice entraînée par un gang ou autre, est définitivement écartée, selon les dires de Me Bouderbela. «A la date du 26 mai dernier, nous avons envoyé une lettre au ministère de l’Intérieur, demandant l’organigramme détaillé de ses différentes unités. Nous n’avons pas reçu de réponse. Nous allons les relancer, et s’ils ne répondent toujours pas, nous communiquerons là-dessus», dit-il. Il a aussi annoncé que tous les dossiers des martyrs sont devant les tribunaux tunisiens. Et que 54 policiers sont arrêtés pour les besoins de l’enquête, dont 14 pour l’affaire d’El Ouardanine.

La Commission d’Investigation n’a toujours pas vérifié la culpabilité de ces personnes, qui ne sont encore que suspectes. Après avoir réuni tous les éléments et interrogé toutes les parties impliquées, y compris les 18 ex-hauts responsables qui sont actuellement en état d’arrestation, la commission planchera à partir de la semaine prochaine sur ces dossiers, pour définir la responsabilité de chacun. «  Nous ne sommes pas ici pour inculper quiconque ou pour juger quiconque, notre rôle est de mettre la lumière sur les implications de chacun ». Jusqu’à la semaine dernière, la Commission a dénombré 39 morts parmi les agents de l’ordre , qui ont succombé lors de la révolution. « nous nous occupons de tous les dossiers et ce pour rendre justice aux morts et délimiter la responsabilité de chacun dans le plus grand respect de la loi » , a précisé Taoufik Bouderbala.

Interrogé au sujet des deux corps des martyrs exhumés à Kasserine pour les analyses balistiques, Me Bouderbela a dit que la commission n’a pas encore lu le dossier, mais qu’il fait entière confiance au corps médico-légal. Il a également évoqué les évènements sanglants de Metlaoui, que la commission a visité. « En absence de dispositions rapides, fermes et efficaces pour rassembler et réconcilier les gens, les tensions auront toujours lieu. Il faut que la société civile intervienne avec vigueur pour médiation et pour mettre fin à l’esprit tribal dans certaines régions ». Me Bouderbala a aussi dit avoir reçu la famille de Samir Feriani,  cadre du ministère de l’Intérieur, arrêté par le tribunal militaire.  « J’ai aussi rencontré Samir Feriani lui-même, mais je ne vous en dirai pas plus ». A la fin de la rencontre, le président de la Commission a lancé un appel à l'adresse du gouvernement pour constituer une commission d'établissement des faits survenus  à partir de l'indépendance de la Tunisie. "Il faut que l'on procède à la réconciliation, mais pour qu'il y ait réconciliation, il faut que les accusés d'abus soient interrogés et jugés équitablement", dit-il.
Chiraz Kefi

 

Commentaires 

 
#4 Qui sont derrière les milices qui ont terrorisé les tunisiens ?
Ecrit par Tunisien fier     16-07-2011 16:35
Les tunisiens ont aussi besoin de savoir qui les a terrorisés ... Certains ont été capturés par les militaires... Où sont-ils ? Qui sont-ils ? Qui a les a mandatés ?

Quelques séquences vidéos ici pour se rappeler :
- www.youtube.com/.../
- www.youtube.com/.../
- www.youtube.com/.../
- www.youtube.com/.../
....

On n'oubliera pas !!
 
 
#3 La justice de la rue ou la justice d'un état de droit ?
Ecrit par Tunisien fier     16-07-2011 14:56
Le ministère de l'intérieur + ? l'armée ont deux choix :
1- Dénoncer les meutriers et toute la chaîne de commandement : Pour moi c'est la seule solution viable. Toutefois, le corps des policiers + ? militaires s'y opposent. Il est capital d'expliquer que la responsabilité n'est pas collective ... mais limité à certaines personnes à des degrès différents.
2- Protéger et ne pas dénoncer les meutriers: Cette solution retenue pour li'nstant n'est pas viable et conduira le pays obligatoirement au chaos. Les tunisiens n'ont plus peur. Ils chercheront à se faire justice eux-mêmes si la justice de leur pays n'y arrive pas ...

La sagesse est de livrer ceux qui sont responsables du malheur de centaines de familles tunisiennes. La justice devra ensuite identifier les responsaabilités des uns et des autres.
 
 
#2 dormez bien
Ecrit par Tounes7orra     16-07-2011 08:27
Mais comment osez-vous contredir le "père" de la nation, beji kaid essebsi !!
l'homme a dit que c'était une rumeur, point à la ligne. il ne faut plus en parler.
concernant nos martyrs, bientôt on va nous affirmer qu'ils sont morts par un virus mystérieux et que les enquêtes sont en cours pour déterminer ces vilains microbes...
pour ceux qui croivent toujours à cette "révolution" je leurs dis: nanni nanni jek ennoum...
vive la tunisie libre.
 
 
#1 JUSTICE!!!!
Ecrit par SDF     16-07-2011 00:30
La Tunisie n'a pas peur de regarder la vérité en face. Le gouvernement et les autorités ne peuvent faire l'économie d'une justice transparente et indépendante, seule capable de faire la lumière sur les exactions qui ont eu lieu pendant la révolution.
Ce n'est qu'au pris de la condamnation des criminels armés, que le peuple pourra tourner la page et le pays aller de l'avant.

Alors au boulot!
 
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