Les deux cheikhs gouvernent la Tunisie sous parrainage US (Zaouia)

Publié le Jeudi 29 Octobre 2015 à 17:48
L’attribution du prix de l’International Crisis group à Béji Caïd Essebsi, et Rached Ghannouchi, traduit le parrainage américain de la coalition en place, a déclaré l’ancien ministre et dirigeant d’Ettakatol, Khalil Zaouia, signalant que c’est le système des deux cheikhs qui gouverne la Tunisie, et en assure la stabilité, mais l’empêche d’instaurer un régime démocratique.

Dans un entretien à al-Quds alararbi, Zaouia a affirmé que c’est l’entente entre les deux plus grands partis du pays qui gouverne la Tunisie, avec un appui des parties internationales, notamment la partie américaine qui tend depuis l’époque de Ben Ali à intégrer les islamistes dans le jeu politique. La coalition entre Ennahdha et Nidaa est planifiée et appuyée par la partie américaine, a-t-il dit, soulignant que la réunion de Paris, ayant balisé le terrain à l’étape de consensus et de dialogue national, était uniquement préparatoire. 

La présence des deux partis qui ont la majorité au parlement constitue un facteur de stabilité, mais n’est pas, à ses yeux, un facteur de progrès en vue d’instaurer un régime démocratique institutionnel.

"Nous constatons actuellement les grandes difficultés auxquelles fait face la coalition au pouvoir, en matière d’application de la constitution, et les tentatives de revenir sur les principes fondamentaux de la liberté, du respect de la loi et de l’Etat des institutions, a-t-il souligné, pointant la tentative de revenir sur le processus de justice transitionnelle via la réconciliation économique, que "le mouvement Ennahdha semble prédisposé à approuver, malgré l’appel de certains de ses membres à en réviser certains articles".  

Il a qualifié l’étape de la troïka ayant réuni Ennahdha, Ettakatol et le CPR, comme étant "un choix forcé, qui ne reposait pas sur une convergence autour des principes, des visions et des objectifs, mais était la résultante d’élections, où il a été convenu de gérer l’étape transitoire par le consensus". Il a indiqué que son parti avait appelé l’ensemble des parties dont "Ahmed Nejib Chebbi, Hamma Hammami, Kamel Jendoubi et autres à participer au gouvernement, pour garantir la stabilité et éviter les tiraillements politiques, mais ils y ont opposé un refus catégorique".

"Si ce n’était pas Ettakatol, le pays serait entré dans un affrontement, et n’aurait pu rédiger une constitution consensuelle, car des voix de l’opposition, notamment après l’assassinat de Brahmi et ce qui s’est passé en Egypte, appelaient à annuler le processus transitoire, à dissoudre l’Assemblée constituante, et à abroger tout ce qui a été écrit dans la constitution. C’est Ettakatol qui a convaincu le mouvement Ennahdha de faire des concessions, de quitter le pouvoir, cela a été fait en totale coordination avec le quartette, notamment l’UGTT," a-t-il affirmé.

"La troïka était une coalition forte et solide, contrairement à la coalition actuelle, son seul souci était de permettre à l’ANC de rédiger une constitution consensuelle, raison pour laquelle elle n’a pu être écartée qu’après deux assassinats politiques et des opérations terroristes à Chaâmbi, face à une grande résistance du gouvernement à l’époque", a-t-il considéré. 

Le dirigeant du FDTL a exclu avoir accusé une quelconque partie politique d’être derrière les assassinats, mais affirme que "celui qui s’opposait à la troïka à l’époque n’a pu inverser le rapport des forces qu’après le deuxième assassinat du député Mohamed Brahmi, preuve que la coalition était forte".

Zaouia explique le succès d’ Ennahdha aux élections législatives, face à l’échec de ses deux anciens partenaires au pouvoir (Ettakatol et le CPR), par le fait que tous les partis centristes étaient victimes d’une bipolarisation entre Ennahdha et Nidaa, c'est-à-dire qu’il y avait une préparation de cette bipolarisation en vue de consacrer deux grands partis, tout en sachant qu’ils allaient se mettre d’accord a posteriori pour gouverner ensemble. Il a néanmoins concédé qu’Ettakatol et sa direction assumaient la responsabilité de la défaite électorale du parti.

Zaouia impute l’achoppement de l’annonce du front centriste, à la tergiversation de "certains amis" des partis appartenant à cette famille politique, qui estiment que la situation n’est pas mûre pour l’avènement d’un tel front. "Nous œuvrons à les persuader de la nécessité de créer cette entité unique de la famille centriste qui aura un grand avenir dans le pays".

Selon cet ancien ministre, "l’actuel gouvernement n’a pas de vision économique et sociale, et s’apparente à un gouvernement d’expédition des affaires courantes". Il a qualifié le projet de budget qui sera présenté à l’ARP de "faible, administratif, et dépourvu de vision, comme il ne présente pas de solutions à la situation sociale (chômage et cherté de la vie), à la faiblesse de l’investissement, ainsi que de l’activité économique". "L’atonie du gouvernement pourrait conduire à une grande crise économique", a-t-il prévenu.

Il a estimé que "le départ de deux ministres du gouvernement, outre le fait de revenir sur les nominations des délégués quelques jours après leur prise de fonctions, traduisaient une improvisation en matière de nominations et de décisions politiques, outre l’embrouillement en matière de politique étrangère, où les déclarations du ministre des Affaires étrangères ont conduit à des crises avec certains pays, comme la Libye et la Turquie". Il a, également, exprimé la crainte que "le pays ne sombre dans une situation économique difficile, et un manque de visibilité politique, pouvant conduire à des troubles".
Traduit par Gnet

 

Commentaires 

 
+1 #1 RE: Les deux cheikhs gouvernent la Tunisie sous parrainage US (Zaouia)
Ecrit par Montygolikely     30-10-2015 19:22
Comme toute chose planifiée et appuyée par les américains dans le domaine de la politique extérieure et depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, la coalition entre Ennahdha et Nidaa est vouée à l'échec...
 
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