Les 4 piliers nécessaires à la digitalisation de la Tunisie, selon Chahed

Publié le Lundi 02 Avril 2018 à 17:06
Chahed lors de la rencontre sur le Startup Acte, vendredi 30 Mars 2018.Dans la foulée du Tunisia Digital summit tenu dans sa deuxième édition, les 28 et 29 Mars à Tunis, une rencontre interactive a réuni vendredi soir au musée du Bardo, le chef du gouvernement, Youssef Chahed, et des jeunes startuppers dans l’économie digitale et la technologie, autour du projet de loi STARTUP ACT.

Lancé il y a une année  le 11 avril 2017, "ce projet de loi vise à donner à chaque jeune tunisien une opportunité pour réussir dans son pays et rayonner dans le monde", a affirmé le chef du gouvernement. "On veut stimuler la concurrence et créer des richesses, car ce qui nous manque est la création de valeur ajoutée", a-t-il dit, misant sur "une dynamique positive, pas uniquement dans la capitale mais aussi dans les régions intérieures, à laquelle tout le monde peut participer".

Selon ses  dires, il y a plusieurs expériences de petits pays qui ont réussi, grâce à une communauté de jeunes dans le digital, ce qui a eu des répercussions sur l’économie et marqué leur essor.  

Il est revenu sur la numérisation de certains documents administratifs annoncée lors du Tunisia Digital summit, comme le fait d’établir un extrait de naissance en ligne, des actions qu’il estime un peu tardives, "mais mieux vaut tard que jamais".

Chahed a mis l’accent sur le m-paiement, ou le paiement mobile qui doit commencer, dans un premier temps, au niveau des banques, et de la poste, de manière à ce que le citoyen puisse payer en juin avec le mobile, ce qui va créer, à ses yeux, "une dynamique extraordinaire et contribuer à éradiquer le commerce parallèle". 

Pool de talents
Le développement de l’économie numérique requiert, selon ses dires, quatre piliers : un cadre juridique, le financement, la formation, et la création d’un écosystème.

Au sujet de la formation, le problème a beaucoup plus trait à la qualité qu’à la quantité. "Nous avons beaucoup de diplômés qui sortent des ISET et des écoles d’ingénieurs, mais la problématique, dramatique en Tunisie, est que ces diplômés, soit, ils partent à l’étranger, soit ils ne trouvent pas du travail". Le but est de créer "un pool de talents" à travers le recyclage et la révision de la formation initiale, a-t-il dit en substance. 

On a un programme  pour réadapter la formation des diplômés qui ne trouvent pas un emploi à travers l’école 42 (Ndlr : formation en informatique créée et financée par Xavier Niel, qui sera dispensée en Tunisie) et station T (NDLR : la réplique tunisienne de Station F, incubateur de startups également créé  par X. Niel).

La formation initiale doit être également revue et corrigée afin que les jeunes soient immédiatement opérationnels, a-t-il dit.

La digitalisation requiert aussi la création d’un écosystème physique, à travers la mise en place d’incubateurs, de clusters…, ce à quoi le gouvernement est en train de réfléchir, a-t-il ajouté.

S’agissant du financement, le CDC (Caisse des dépôts et consignation) est un bras financier de l’Etat qui est censé financer plusieurs projets, a-t-il indiqué, faisant constater néanmoins que la Tunisie a "un problème de financement de l’économie d’une façon générale". "J’ai proposé de faire un Think Tank ou une Task Force pour réfléchir sur d’autres mécanismes de financement", a-t-il souilgné, appelant à voir ce qui se fait dans d’autres pays, qui ont réussi à faire prospérer l’économie numérique.

Plutôt que des actions à court terme, Chahed préconise "une vision stratégique" à l’horizon 2030 ou 2050, autour de la digitalisation du pays.

Le locataire de la Kasbah estime que la Tunisie a un potentiel formidable, "une jeunesse qui innove", "c’est le plus beau pays du monde" qui a tout pour se transformer en un hub du digital, ce qui est à même de créer des richesses, de l’emploi et de faire entrer les régions intérieures dans une dynamique de développement. Il appelle, pour ce faire, à sortir l’énergie positive dont se prévaut la communauté des startuppers, "à un niveau national, et à redonner confiance à la jeunesse, notamment celle des régions intérieures, qui est abattue, désespérée, ce qui l’incite à l’émigration et à l’extrémisme". 

Gnet