Le sort de la Tunisie tributaire du jugement du FMI, en mission dans nos murs |
Publié le Vendredi 07 Avril 2017 à 17:38 |
Voir la vie en noir, les horizons s’assombrir, et les possibilités se rétrécir, c’est le pire qui puisse y arriver à une personne, ou à un groupe de personnes, et c’est encore plus grave, lorsque le peuple en est touché dans sa majorité. Les résultats d’un sondage parus ce vendredi montrent que les Tunisiens sont gagnés par la sinistrose, et qu’ils ont une perception très négative de l’état de la nation, avec trois quarts d’entre eux (73.1%) qui considèrent que le pays est sur la mauvaise voie. Ce pessimisme ambiant ne touche pas uniquement l’opinion publique, mais les élites, notamment les milieux de l’économie et des finances, qui ne cessent de mettre en garde contre la dégradation continue des indicateurs économiques, susceptibles de mener le pays tout droit vers la banqueroute. Les chiffres rendus publics par la BCT, dans sa dernière note de conjoncture, montrant une accentuation du déficit de la balance commerciale, au cours des deux premiers mois de 2017, dépassant les 2,5 milliards de dinars contre environ 1,35 milliard au cours de la même période de 2016, donnent raison aux pronostics les plus alarmistes. Dans le camp officiel, le langage se veut rassurant ; sans aller jusqu’à dire que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes, le gouvernement prétend avoir la situation en main, apaise les inquiétudes quant aux salaires des mois prochains qui seront versés en temps et en heure, et minimise l’impact du blocage persistant avec le FMI, en matière de déblocage de la deuxième et troisième tranches du prêt convenu antérieurement (estimées à 700 millions de dollars). Une équipe du Fonds monétaire international (FMI) effectuera d’ailleurs à compter de ce vendredi 07 avril une mission en Tunisie pour "évaluer l'avancée des réformes" dans le pays. Cette équipe communiquera ses "conclusions au terme" de sa mission de 10 jours, a déclaré le porte-parole du FMI, Gerry Rice, lors d'un point de presse hebdomadaire, relayé par l’AFP. L’avenir de la Tunisie est ainsi tributaire du lancement de ces réformes, dont tout le monde juge du caractère impérieux, mais qui tardent à être mises en route. Youssef Chahed avait pourtant annoncé fin février dernier le démarrage de quatre principales réformes en cette année 2017. Elles portent sur le financement de l’économie, la modernisation de la fonction publique, la réforme des entreprises publiques, et celle des caisses sociales. L’ébauche de ces réformes devrait être dessinée, suivant un processus de concertation entre le gouvernement et les partenaires sociaux. Selon des informations concordantes, ces réformes devraient induire une réduction du nombre des fonctionnaires, la compression de la masse salariale qui est la plus élevée au monde, selon le FMI (13% du PIB), un prolongement de l’âge de départ à la retraite, une privatisation des entreprises et banques publiques, etc. La pomme de discorde entre la Kasbah et l’institution financière porte sur la cadence de telles réformes. Alors que le gouvernement préconise progressivité et douceur dans un souci de préservation du climat social et de la paix civile, le FMI exige accélération et résultats rapides. Le jugement qui sera portée par le fonds monétaire international à la fin de sa mission sera décisif pour la Tunisie, l’état de ses finances publiques, son image auprès des bailleurs de fonds et des agences de notation et sa résilience économique et financière. Entretemps, c’est le flou artistique et le scepticisme qui planent. Gnet
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