Le remaniement n’est pas la solution, dans une Tunisie en mal de stabilité !

Publié le Vendredi 23 Février 2018 à 17:14
Taboubi aurait évoqué ce vendredi avec BCE la nécessité d'injecter du sang neuf dans certains ministères. Les réserves en devises continuent à dégringoler, atteignant l’équivalent de 82 jours d’importation. Selon les chiffres de la banque centrale de Tunisie (BCT), parus sur son site, les avoirs nets en devise ont atteint 11570 MDT jusqu’au 22/02/2018. On s’éloigne encore plus du seuil symbolique de trois mois d’importation, signe que la situation socio-économique se complique. La dernière crise du phosphate, ayant provoqué un long  arrêt de la production et des exportations, semble être pour beaucoup dans l’aggravation des indicateurs économiques. Sans compter, les pénalités qu’elle aura coûtées au pays, pour avoir failli à ses engagements envers ses clients et partenaires étrangers.

Les signes de reprise annoncés fin 2017 par le gouvernement semblent fléchir, et la réalisation des prévisions en termes de taux de croissance de 3 %, et de réduction du déficit à 4,9 % du PIB, reste aléatoire face à ce repli sur le plan intérieur, et des fluctuations incessantes de la conjoncture internationale.

Le marasme s’inscrit dans la durée, les difficultés persistent, et tout le monde fait le même diagnostic quant à la gravité de la situation qui appelle à des solutions urgentes pour éviter l’enlisement. Le président de la république et le Secrétaire Général de l’UGTT ont appelé ce vendredi 23 février à établir les priorités de l’étape à venir et à préconiser des alternatives pour solutionner les problèmes majeurs qui restent en l’état, sinon empirent, comme le chômage, la carence en matière de développement, les problèmes dans lesquels se débattent différents secteurs à l’instar de l’éducation, la santé, le transport, les entreprises publiques, etc.

Loin du langage protocolaire, la centrale syndicale réclame, par la voix de son Secrétaire Général, Noureddine Taboubi, que du sang neuf soit injecté dans certains ministères, réitérant une injonction exprimée mercredi 21 février à Sidi Bouzid pour un remaniement ministériel, à travers lequel on aura fait appel à des personnalités nationales ayant une parfaite maîtrise des dossiers et pouvant apporter les alternatives salvatrices.

Cette dernière sortie syndicale n’aurait certainement pas déplu à certains milieux politiques qui attestent de l’échec du gouvernement actuel et réclament un changement, allant jusqu’à suggérer une ancienne recette, déjà expérimentée, de gouvernement de technocrates dont les membres n’auront pas le droit de se présenter aux prochaines élections, les législatives et présidentielle de 2019.

Le remède aux maux dont souffre le pays réside-t-il vraiment dans le changement de personnes ? Pas tant que ça, puisque on ne compte pas les personnalités, tous profils confondus, qui se sont  relayées à la tête des différents ministères depuis la révolution, mais ni le politique, ni le technocrate, ni l’indépendant, ni le partisan n’ont vraiment laissé des traces dont on se souvient a posteriori.

La solution réside-t-elle dans le changement des programmes ? Là aussi, la réponse semble incertaine. La réalité incite à dire que tout gouvernement, qu’elle qu’en soit l’obédience ou l’orientation politique, ne fera qu’appliquer le même programme à quelque nuances près, étant entendu que personne n’aura les coudées franches, dans un pays dont les précaires équilibres financiers dépendent de l’étranger, notamment des bailleurs de fonds, qui conditionnent la poursuite de leur soutien, à des résultats concrets et chiffrés, des réformes que les autorités auront obligatoirement engagées. 

Par contre le pays qui a profondément pâti de l’instabilité, de la gestion au jour le jour, des solutions à court terme, des querelles intestines, des tensions sociales à n’en plus finir,  a vitalement besoin de stabilité et d’apaisement. Aucun programme ne peut aboutir, dans ce climat de conflictualité rampante, ou les acteurs politiques et sociaux se jettent mutuellement anathèmes et discrédits, face à des experts et économistes qui poussent des cris d’Orfraie sur la dégradation redoutable des indicateurs économiques.

La solution qui semble la plus judicieuse est à ce stade de s’asseoir autour de la même table pour convenir d’un programme socio-économique, tenant compte des moyens du pays et de ses engagements, à même d’amorcer cette transition économique, tant espérée, mais qui reste un vœu pieux.

Le pays a d’autant plus besoin de se calmer, pour permettre la tenue des municipales dans des conditions sereines, et en favoriser la réussite qui reste fondamentalement nécessaire sur le plan intérieur, mais aussi au regard de l'étranger.
Gnet