Le recul de la Tunisie dans le classement de Davos, menace l'économie

Publié le Mercredi 04 Septembre 2013 à 17:04
Vue de la conférence de presse. La Tunisie réintègre le classement Mondial sur la Compétitivité, élaboré par le  Forum Economique Mondial de Davos, après deux années d’absence en raison de la conjoncture extraordinaire qu’elle traversait.  Ce rapport de 2013-2014 évalue la situation économique de 148 pays, selon 12 critères, piliers d’une économie propice aux investissements. Ces 12 piliers possèdent en tout 114 variables, desquelles dépend la situation globale de l’économie d’un pays.

Contrairement à ce qu’un retour pourrait présager, cette réintégration de la Tunisie n’est en aucun cas une bonne nouvelle. C’est au contraire une alerte à la mauvaise situation économique.  Sur 148 pays, la Tunisie est classée cette année à la 83ème place, au lieu de la 40ème place, qu’elle occupait lors du rapport de 2010-2011. Juste derrière l’Iran et avant l’Ukraine.

Elle obtient  de ce fait un score global de 4.1 sur 7. Soit la moyenne des scores obtenus aux variables qui décident du degré de compétitivité d’une économie.

Par exemple, l’éducation et la formation obtiennent un score de 4.2 et placent la Tunisie à 73ème place mondiale. En efficience du marché, la Tunisie obtient 4.1/7, et est à la 88ème place, l’efficience du marché du travail obtient 3.7/7 et place la Tunisie au fond de la classe, soit à la 132ème place.  En matière d’innovation, qui représente l’un des  indicateurs phare de la compétitivité, la Tunisie obtient la piètre note de 3.1, et est à la 88ème place mondiale. En développement financier du marché, infrastructure,  santé et éducation primaire, la Tunisie est classée respectivement à la 110ème place, 77ème place et 47ème place.

Selon le même rapport, les facteurs qui dérangent le plus les investisseurs en Tunisie sont par ordre ( du plus inquiétant, au moins inquiétant) : l’instabilité politique, l’inefficience du gouvernement, l’accès au financement, l’inadéquation de l’infrastructure, l’instabilité du gouvernement, la taxe, l’absence d’éthique professionnelle et l’inflation et la corruption. « En gros, ce qui nous a fait reculer dans le classement cette année, c’est le déséquilibre macro-économique, le déficit budgétaire, l’inflation et la balance des paiements…La leçon que nous devons en tirer c’est de réinstaurer l’équilibre économique et le marché du travail, un bon climat social, mais aussi améliorer le code du travail », a déclaré ce matin, Ahmed Bouzguenda Président de l’Institut Arabe des Chefs d’Entreprises, lors d’une conférence de presse organisée pour dévoiler le contenu du rapport sur la compétitivité.

Fayçal Derbel membre de l’IACE a pour sa part fait la synthèse du rapport, en commentant que le recul le plus saillant concerne la  variable de la stabilité macro-économique qui est passée de la 38ème  position à la 72ème position.

Au niveau du coût du terrorisme sur les affaires, la Tunisie passe de la 68ème à la 137ème place. Par ailleurs, l’efficacité de la gouvernance des entreprises est parmi les variables les plus affaiblies depuis la révolution, passant du 72ème rang au 124ème rang. « 98 variables ont enregistré un recul et seulement 6 variables ont enregistré une amélioration…ces dernières n’ont malheureusement pas d’effet immédiat sur l’économie, comme la baisse de la mortalité infantile ou la hausse de la scolarisation des enfants de moins de 6 ans n’ont pas d’impact immédiat », a expliqué Fayçal Derbel.

« Au niveau des moteurs de développement on a perdu 30 places…il y a 3 sous-piliers qui ont marqué la dégradation, dont le recul important de l’efficience du marché des biens. Un marché qui est inefficace est un marché qui provoque un surcoût. Le marché n’est plus efficace à tous les niveaux, distribution, approvisionnement… ce manque d’efficacité est dû à plusieurs facteurs dont la taxation ou l’inefficience administrative», a ajouté Walid Bel Hadj Amor, membre de l’IACE.  Concernant l’inefficacité du marché du travail, il a précisé qu’il existait un problème de confiance au niveau du management, entre le syndicat et le patronat, et une détérioration de la qualité des produits.

Ce recul de la position de la Tunisie en matière de compétitivité devrait avoir deux conséquences immédiates, selon Bouzguenda. «Cela n’encourage pas les investisseurs étrangers à venir s’implanter en Tunisie. Ceux qui sont déjà ici, penseront soit à une sortie, soit à ne plus s’agrandir, jusqu’à ce que les indicateurs s’améliorent…mais aussi ce rapport sert à donner une vue d’ensemble à nos gouvernants, pour qu’ils sachent quels indicateurs soigner et quelles seront les priorités à aborder», a-t-il dit.

Dans la région MENA, Le Qatar est à la 1ère place (13ème /148), suivi par les Emirats Arabes Unis (19ème), l’Arabie Saoudite (20ème)…L’Egypte est à la 118ème place mondiale, tandis que le Maroc est à la 77ème place. 

Dans ce même rapport, rendu public ce matin, la Suisse est à la tête du peloton mondial, conservant ainsi sa place de l’année dernière. Elle est suivie par Singapour, la Finlande, l’Allemagne, et les Etats-Unis.

Chiraz Kefi


 

Commentaires 

 
#4 Ca ne va pas
Ecrit par Tounsi     07-09-2013 20:35
Je peux confirmer, assurer et garantir : que je ne peux pas replacer ma tète par mes pieds ! wel fahem efhem.
 
 
+3 #3 ET cette révolution!
Ecrit par Léon     05-09-2013 11:49
Révolution ou coup d'état?
Si révolution, Moubaraka ou pas Moubaraka?
Peuple instruit ou peuple de cons?
Bien fait pour leur gueule ou pas?
Pleins de questions......
 
 
+5 #2 Somalisation ...
Ecrit par A4     04-09-2013 19:40
On est sur la bonne voix de la ... somalisation !!!
 
 
+7 #1 RE: Le recul de la Tunisie dans le classement de Davos, menace l'économie
Ecrit par Hédi     04-09-2013 19:17
Allez on anticipe déjà les réactions des fanatiques du meilleur gouvernement de l'histoire: "Tout ca c'est à cause des grèves de l'UGTT, de l'opposition anarchiste, du RCD, du Mossad, de Dark Vador qui complotent contre la légitimité et l'Islam pour voir notre révolution échouer"
 
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