Le monde face au terrorisme : Les clefs du combat contre Daesh

Publié le Mardi 17 Novembre 2015 à 18:11
Les attentats de Paris du 13 novembre 2015. Pour répondre aux terribles attentats de Paris du vendredi 13 novembre, la France a procédé d’emblée à une intensification des raids contre Daesh, et préconise une grande coalition avec la Russie et les Etats-Unis pour combattre cette organisation terroriste en Syrie, et peut-être en Irak. Ces attaques meurtrières, ayant plongé la planète entière dans la stupeur et la consternation, du fait de leur lourd bilan de morts et blessés, parmi des civils innocents, semblent déboucher sur une redistribution de cartes, et un changement, profond et radical, de la position occidentale, envers l’implication de la Russie dans la guerre contre l’EI en Syrie.

Le terrorisme poursuit sa macabre expansion, il n’est plus l’apanage des zones de tension et de conflits, mais frappe désormais au cœur des nations développées, connues pour être impénétrables, du fait de leur puissant dispositif sécuritaire, et de renseignements. En ce 21ème siècle, la planète est face à une terreur permanente, et aucune nation, quelque avancée soit-elle, ne peut prétendre à la paix durable, et au risque zéro. La fragilité est donc globale et généralisée, pour y remédier, c’est la solution sécuritaire qui est le plus mise en avant. Les Etats durcissent la guerre militaire face à ce qui est désormais perçu comme l’ennemi universel numéro un.

Certes, à la base du terrorisme, il y a une idéologie, reposant sur une lecture dévoyée et fanatique du texte religieux, et une fausse interprétation de l’Islam. La doctrine terroriste trouve son origine au siècle dernier, dans l’invasion soviétique de l’Afghanistan, où les Américains se sont servi d’al-Qaïda pour contrer l’ex-URSS, ennemi de la guerre froide. Elle a prospéré avec la guerre contre le terrorisme en Afghanistan lancée dans la foulée du 11 septembre, et s’est durcie avec la guerre menée par Bush fils en Irak, sous le prétexte de la possession par l’ancien régime du défunt Saddam Hussein, d’armes de destruction massive (ADM). C’est dans ce contexte qu’il faut situer la genèse de Daesh, autour d’Abou Moussab al-Zarkaoui, ayant réussi à recruter les combattants les plus endurcis, à travers les différents coins du monde.

Daesh ou le groupe de l’Etat islamique est né dans un contexte d’agression occidentale contre l’Irak, et a prospéré et gagné en force pendant la guerre civile en Syrie, jusqu’à devenir une organisation hyperpuissante, dominant de larges territoires de Syrie et d’Irak, étendant sa mainmise sur les richesses naturelles de ces pays, et faisant de la barbarie sa marque de fabrique. Pour la contrer, une coalition arabo-occidentale s’est constituée en 2014, basée sur une intervention aérienne censée affaiblir l’organisation armée, neutraliser son infrastructure de base, bombarder ses positions stratégiques et la mettre hors d’état de nuire, mais depuis le temps qu’ils ont commencé, ces raids n’ont produit que peu de résultats, et l’organisation semble jusque-là debout, indomptable et invincible. 

L’entrée en scène de la Russie sur le théâtre syrien en septembre dernier, pour des raisons géostratégiques apparentes, sous le signe du combat contre Daesh, a été mal vue par les pays occidentaux, Etats-Unis et France en tête, accusant Moscou de vouloir plutôt soutenir Bachar al-Assad, et d’imposer le maintien de son régime que de combattre le groupe de l’Etat islamique. La Russie a balayé d’un revers de main ces critiques et a poursuivi ses raids aux côtés des forces loyales du régime syrien. Indépendamment de l’efficacité de l’intervention syrienne, les attentats de Paris changent totalement la donne et les attitudes. Le président français plaide désormais pour une grande coalition contre Daesh, avec la participation des Etats-Unis et de la Russie. Reste à savoir si cette alliance militaire inédite allait venir à bout d’une organisation d’une puissance tout aussi inédite, qui tire sa force des guerres occidentales.

Si Daesh est devenue ce qu’elle est aujourd’hui, c’est grâce à la complicité et au soutien occidentaux. Si elle réussit à faire prospérer son idéologie dévoyée, c’est parce qu’elle instrumentalise les marqueurs identitaires et religieux pour recruter une jeunesse arabe vivant la marginalisation, et l’indigence intellectuelle, spirituelle et matérielle.

Même si la solution sécuritaire paraît inévitable au vu des circonstances actuelles, le combat contre Daesh ne saurait aboutir s’il n’est pas mené sur deux principaux fronts : le premier est de combattre cette idéologie et d’en démontrer le caractère infondé et dévoyé, tant de point de vue de l’Islam, que des valeurs humaines et universelles, et le second est de lutter contre les injustices et les inégalités rampantes dans le monde. Les faits nous montrent de plus en plus, qu’un monde aussi inégalitaire n’est plus vivable, et qu’il ne saurait y avoir une partie du monde vivant la paix et la stabilité, et une autre plongée dans le chaos, les guerres et la misère.

L’Occident officiel n’ose pas reconnaitre ses erreurs, bien cernées et analysées par un certain occident pensant et intellectuel. La politique occidentale menée depuis le lendemain de la première guerre mondiale à coup de colonisations, de soutien des dictatures, de pillage des richesses, de guerres et de conflits à répétition, auquel les organisations terroristes ont servi de carburant, a enfanté al-Qaïda, Daesh et que sait-on encore. Maintenant, on est face à une guerre d’usure et de survie dont personne n’est en mesure de prédire l’issue.
H.J.

 

Commentaires 

 
+2 #1 Irresponsables
Ecrit par Royaliste     18-11-2015 10:09
c'est desolant de voir que nous pensons toujours que nous sommes les victimes...
 
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