Le gouvernement Chahed dans la tourmente, le risque d’instabilité plane sur la Tunisie

Publié le Mardi 02 Mai 2017 à 17:35
Youssef ChahedLe gouvernement de Youssef Chahed est au milieu de la tourmente. A l’instar de son prédécesseur, Habib Essid, le jeune locataire de la Kasbah semble de plus en plus lâché par les siens tant au sein de son parti, qu’au sein de la coalition. Avec deux remaniements ministériels partiels menés dans la précipitation, à deux mois d'intervalle, le gouvernement a l'air d'être fragile et peu solide.

Chahed est un homme seul, et est lâché au sein même de la coalition, voire à l’intérieur même de son propre parti, qui lui reproche d’avoir des conseillers non issus de Nidaa, "ce qui créé une espèce de privation politique même auprès de nos cadres", disait Hafedh Caïd Essebsi lors d’une récente déclaration médiatique. La discorde au sein des partis formant la coalition au pouvoir autour du projet de loi sur la réconciliation défendu mordicus par Nidaa et Afek et rejeté par Ennahdha, ne fait qu’affaiblir le gouvernement, en le faisant paraître comme étant cacophonique et désuni auprès de l’opinion.

Une division qui est apparue au sujet des mouvements contestataires ayant gagné dernièrement certaines régions de l’intérieur, au sujet desquels les partis du gouvernement n’ont pas jugé bon d’exprimer une position unifiée et concertée, ce qui a rendu la tâche plus difficile au gouvernement quant à apaiser la colère de nos compatriotes de l'arrière-pays et désamorcer la tension.

L’appel lancé ce mardi par l’universitaire et historien Abdeljalil Temimi, au président Béji Caïd Essebsi, à désigner "un gouvernement restreint pour mettre un terme au laxisme dangereux et sauver le pays de cette situation catastrophique noire, qu’il n’a pas connue à travers les siècles", ainsi qu’a désigner une personnalité économique en la personne de Mustapha Kamel Nabli à sa tête, a aussitôt inspiré Mohsen Marzouk qui a attesté de la fin politique et morale du gouvernement dit d’union nationale.   

Le chef de Machrou Tounes prône "un débat national, sous une férule indépendante, à même de déboucher sur un gouvernement de compétences nationales non-partisanes". Ces appels, outre les critiques incessantes de l’opposition à son encontre, sont de nature à élargir le cercle des mécontents envers l’équipe Chahed, et d’en augmenter la vulnérabilité.

Youssef Chahed est le septième chef du gouvernement depuis la révolution. Porté à la Kasbah suite à une initiative présidentielle de formation d’un gouvernement d’union nationale pour sortir le pays de la crise, son nom a été proposé le 1er août dernier par Béji Caïd Essebsi pour succéder à Habib Essid, après un long processus de négociations politiques qui s’est déroulé l’été précédent, en grande partie pendant Ramadan dernier.

Chargé dans la foulée de former un gouvernement, il est parvenu tant bien que mal à réunir autour de lui une large coalition regroupant islamistes, nationalistes, extrême-gauche, centristes, libéraux, etc. ; pour être investi le lundi 29 août en tant que chef du gouvernement, le plus jeune de l’histoire de la Tunisie.

En huit mois, le gouvernement d’union nationale a réussi à lancer des programmes pour lutter contre le chômage, à l’instar du contrat dignité, à faire voter des lois au parlement pour relancer l’investissement, lutter contre la corruption. Il a par ailleurs annoncé le démarrage au cours de cette année 2017 de quatre principales grandes réformes touchant la modernisation de la fonction publique, le financement de l’économie, la réforme des entreprises publiques, et la réforme des banques publiques, etc. Comme il se prévaut des premiers signes d’une détente économique avec la reprise du phosphate, du tourisme et des exportations. Mais cela n’a pas permis d’améliorer en quoi que ce soit une conjoncture économique difficile marquée par le creusement des déficits, le déséquilibre des finances publiques, une dette publique supérieure  à 63 % du PIB, une dépréciation du dinar par rapport aux principales devises étrangères, etc.

Des difficultés qui nécessitent une persévérance et une action sur la durée pour être résolues, voire un gouvernement fort et bénéficiant d’une large assise politique, chose que le gouvernement Chahed est, hélas, dépourvu, ce qui le met en danger et fait planer le risque d’instabilité politique sur le pays.
H.J.

 

Commentaires 

 
#1 RE: Le gouvernement Chahed dans la tourmente, le risque d’instabilité plane sur la Tunisie
Ecrit par Agatacriztiz     03-05-2017 18:55
C'est l'incompétence en personne, ce type...
laissez, une bonne fois pour toutes, la place à des gens capables, le pays a besoin de gens compétents, profondément honnêtes, modestes, aimant leur patrie au-dessus de tout et prêt à tout pour la servir...
 
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