Le batônnier : "Nous faisons partie du sit-in de la Kasbah" |
Publié le Mardi 22 Février 2011 à 17:21 |
Abderrazak Kilani, bâtonnier, a donné ce mardi à la Kasbah une conférence de presse, dans un climat presque tendu. Le sit-in qui se tient depuis le dimanche 20 février à la Kasbah n’est pas sans rappeler celui qui a eu lieu il y a un mois, au même endroit, et qui a réuni des manifestants de tout le pays. Les mêmes revendications reviennent ; «Gouvernement dégage», « Ghannouchi dégage», « nous voulons une assemblée constituante » et «le peuple veut une dissolution des trois commissions». Ce sont également les slogans scandés par les avocats qui ont accompagné le Bâtonnier. « Nous pensons tous au 28 janvier dernier, jour où notre jeunesse a été maltraitée par la Police, ici même à la Kasbah…Je répète aujourd’hui ce que le barreau pense, nous sommes du côté du peuple. Nous voulons ce que le peuple veut », a débuté Me Kilani, qui était venu accompagné par quelques dizaines d’avocats brandissant des pancartes condamnant la répression meurtrière qui a lieu actuellement en Libye. Le bâtonnier déclare : «Nous sommes ici parce que nous soutenons le Sit-in…nous sommes une part de ce sit-in, parce que nous constatons que la révolution n’a pas atteint ses objectifs…et qu’il y a une possibilité de récupération de la révolution tunisienne . Il dit aussi qu’avec la disparition de Ben Ali, la langue de bois n’a pas disparu des médias. Il a évoqué le cas de l’avocate et journaliste Amel Chahed qui a dénoncé dans une pétition les censures qui sont encore exercées au sein de la Télévision Nationale, organisme auquel elle appartient. Par ailleurs, Abderrazek Kilani défend l’idée du conseil pour la Protection de la Révolution, qui a été rejeté par les membres du gouvernement transitoire : « Ce conseil pourrait protéger le peuple contre les agissements d’un gouvernement qui veut durer. Le gouvernement dit qu’il n’a aucune légitimité, alors que lui-même n’en a aucune », a-t-il dit. Il a de ce fait, critiqué les trois commissions d’enquête «dont deux ont été nommées du temps de Ben Ali», et demande qu’elles soient dissoutes. Un membre du Syndicat des journalistes a pris alors la parole pour annoncer que les journalistes qui font partie de ces commissions sont démissionnaires. Les noms d’autres avocats démissionnaires ont été cités, dont Sadok Marzouki, Omar Khemissi et Youssef Rezgui, qui contesteraient la légitimité de ces commissions. Concernant le cas de Boris Boillon, ambassadeur de France en Tunisie, Me Kilani a été direct : « Depuis que Mr Boillon avait comparé la Tunisie à l’Irak, où l’occident a voulu y instaurer une démocratie à coups de tanks, nous nous sommes opposé à sa nomination en Tunisie ». Sous cette tente de la Kasbah qui a réuni les membres du bâtonnat, les manifestants étaient fébriles, accusant parfois les avocats de vouloir faire de la politique, et d’autres fois les journalistes de biaiser l’information. Le bâtonnier leur rappelle alors que la plus grande menace pour la révolution est la division : «Ce n’est pas vrai que nous voulons occuper des postes ou attirer les regards…nous voulons seulement être un bouclier contre toute tentative de faire avorter la révolution. Nous voulons protéger le peuple et ses intérêts », assure-t-il avec entrain. Avant d’ajouter, « ce qui s’est passé lors de la découverte de l’argent au palais de Sidi Bou Saïd, n’est qu’une tentative d’endormir le peuple, et le détourner des vrais enjeux de la révolution», dit il en faisant allusion aux images de la découverte qui passaient en boucle sur la chaine nationale. Selon lui, ce qui s’est passé dans le cas du palais de Sidi Bou Saïd est «une transgression à la loi, et une preuve qu’on n’est pas sorti du joug de Ben Ali », dit-il sans autre précision. Il a rapporté que les juges tunisiens ont manifesté hier lundi, pour dénoncer ces pratiques. Les avocats présents, lors de cette conférence de presse, ont laissé entendre que le gouvernement de transition pêchait en eau trouble, mais aussi qu’il était en place pour protéger certains symboles de l’ancien régime. C.K |
Commentaires
Ecrit par najda 24-02-2011 23:16
Ecrit par NAD 24-02-2011 21:16
Ecrit par Taoufik Chaabane 24-02-2011 13:01
La Tunisie "silencieuse" dans son ensemble n'est pas responsable de la dictature qu'elle a subie sous ZABA, elle en a souffert comme le reste. Elle ne mérite pas que le projet démocratique naissant soit confisqué par des démagogues.
Démocratie = égale légitimité par les urnes... Dictature = "légitimité" par la rue.
La question que l'on doit se poser aujourd'hui : à quoi joue l'armée qui contrôle le ministère de l'intérieur et ne fait rien contre des manifs non autorisées, qui plus est bloquent le travail de l'administration, les écoles et les universités, aggravent la situation économique et sécuritaire ? Cherche t-elle le pourrissement pour justifier la prise du pouvoir ? est-ce de l'opportunisme, du laxisme, de la naïveté politique ????
Ecrit par sami wali 24-02-2011 12:14
Ecrit par hatem 24-02-2011 11:33
Il veut dissoudre le gouvernement et créer un conseil pour protéger la révolution.
Je rappelle pour la petite histoire que c'est exactement ce que Kadhafi a fait en 69 en renversant le roi.
Je ne comprends pas comment un homme de loi soit incapable de nous donner un processus pour arriver à des élections libres.
La commision Ben Achour n'est pas bonne.
Soit que propose M Le batonnier comme mécanisme pour organiser des élections.
Quelle légitimité a ce Monsieur pour parler au nom du peuple ?