Large soutien à une presse en colère, face à une liberté menacée !

Publié le Vendredi 02 Février 2018 à 17:10
Les journalistes déterminés à défendre leur liberté, vaille que vaille. La presse tunisienne est en colère. Elle fustige campagnes de calomnie et de diffamation, restrictions, actes d’intimidation, menaces, atteintes verbales et physiques, interpellations, écoutes téléphoniques…autant de pratiques qui rappellent des vieux réflexes que l’on croyait révolus.

Rassemblés ce vendredi 02 février devant le siège du Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT), à l’appel de celui-ci, les journalistes, photographes et cameramen sont venus dénoncer les abus, et réitérer leur engagement à défendre leur liberté, vaille que vaille. Une liberté qui est aujourd’hui en péril, tempête Neji Bghouri, président du SNJT, énumérant les menaces qui la guettent.

Dans une allocution devant une foule compacte, marquée par la présence des leaders politiques, syndicaux et de représentants des organisations nationales et de la société civile, venus témoigner leur totale solidarité avec la profession, Bghouri a rappelé que les libertés sont la principale source de fierté, de ce seul pays de la région, où l’on peut manifester et s’exprimer, sans avoir peur d’être réprimés ou torturés.

"Cette liberté est menacée", déplore-t-il, par les déclarations du ministre de l’Intérieur "qui dit que des poursuites seront engagées contre tous ceux qui critiquent ce ministère ou attente au moral des agents, qui évoque des écoutes téléphoniques et des interceptions, et qui garde le silence face à des milices, appelant à la torture et au viol".

L’interpellation des journalistes par des agents sécuritaires, qui "les interrogent sur la teneur des enregistrements et des vidéos est-elle aussi une menace", s’élève-t-il, dénonçant le silence du ministre de la Justice et du parquet devant de tels dépassements.

"Le fait que le chef du gouvernement se taise sur les dépassements de ses ministres, et que le pouvoir considère la presse comme un bétail qu’il convient d’orienter vers une même direction", constitue-il aussi un danger, souligne-t-il, s’engageant à défendre le droit des Tunisiens à une presse libre. 

"Notre message est qu’il n y aura pas de réussite pour la Tunisie, sans libertés, et sans une presse libre". Aussi, "les luttes contre la corruption, le népotisme et les violations dans les centres de garde à vue ne sauront aboutir sans une presse libre", affirme-t-il, signalant que "les libertés syndicales, intellectuelles, économiques et académiques sont un tout indissociable". 

Cette journée de colère a été largement suivie dans les régions, notamment à Sfax, Kairouan, Tataouine, Tozeur, Béjà, Gafsa, Gabès, Siliana, etc., où la presse régionale a exprimé sa colère et revendiqué le droit à une parole libre.

Plusieurs partis politiques ont témoigné, ce même jour, leur soutien aux journalistes dans leur militantisme pour la liberté et contre les violations.

Le parti des patriotes démocrates unifié condamne dans un communiqué "les violations physiques et verbales contre de nombreux journalistes", considérant "les écoutes téléphoniques comme une atteinte criante contre leurs droits fondamentaux, garantis par la constitution".

Al-Watad appelle le pouvoir exécutif "à cesser d’inféoder la presse, à renoncer à son projet de revenir à l’Agence de communication extérieure, de sinistre mémoire, et à retirer la loi de l’instance de communication audiovisuelle qui constitue une régression par rapport à des acquis à minima contenus dans le décret-loi n’o 116".

Harak Tounes al-Irada "condamne vivement que le ministère de l’Intérieur renoue avec les anciennes pratiques de restriction, de contrôle du travail des journalistes, et d’écoutes téléphoniques, de l’aveu même du ministre de l’Intérieur, en violation criante de la constitution du 27 janvier 2017, qui garantit la protection de la confidentialité des correspondances, des communications et des données personnelles".

Le parti dénonce "la campagne de diffamation méthodique à laquelle ont adhéré certains agents sécuritaires nostalgiques au despotisme contre les journalistes". Il fait assumer au gouvernement la totale responsabilité de les protéger, et le presse "à renoncer à ressusciter le dispositif de propagande, qui était un principal pilier de la dictature pendant des décennies".

Al-Joumhouri considère que la presse libre comme étant "l’un des piliers du régime démocratique, et un acquis mérité par les Tunisiens, grâce à leurs sacrifices, et ne peut-être en aucun cas réversible".

Il fait assumer au gouvernement "la totale responsabilité de la dégradation du climat des libertés et appelle le ministère de l’Intérieur à s’excuser pour tous les dépassements contre les journalistes, et à poursuivre ceux qui se tiennent derrière les menaces contre les plumes libres".

Par ailleurs, des organisations nationales à l’instar de l’UGTT, la LTDH, l’ordre des avocats et bien d’autres ont partagé la colère des journalistes contre ces restrictions et violations, et les ont assurés de leur total soutien.
Gnet