Tunisie : Bourguiba a des travers, mais aussi des qualités |
| Publié le Vendredi 03 Août 2012 à 13:50 |
%20(2).jpg "Habib Bourguiba") Les Tunisiens sont en train de rattraper le temps perdu. Leur besoin d’expansion est inextinguible. C’est tout ce qu’il y a de plus naturel après de longues années de léthargie politique, de musèlement et de despotisme. Dans ce flot de speechs incessants, de polémiques récurrentes, de tiraillements permanents, un certain jusqu’au-boutisme se manifeste dans les jugements des uns et des autres, laissant apparaitre une volonté de part et d’autre de se discréditer et de s’annihiler mutuellement. C’est tout le contraire de ce qu’il faut faire pour reconstruire un pays ruiné par les années de dictature et de corruption. Ce vendredi 3 août, coïncide avec l’anniversaire du 1er président de la Tunisie Habib Bourguiba, né il y a 109 ans de cela à Monastir. Même si son ombre ne nous a jamais quittés depuis le 14 janvier, l’évocation du défunt leader devient omniprésente en pareil jour. On parle de Bourguiba, de son œuvre, de ses qualités et de ses défauts, dans des termes les plus contradictoires. Ses adversaires, ceux qui ont été victimes de son autocratie et de la répression de son régime, voit en lui le théoricien et le praticien de la dictature, il vilipende sa fascination envers l’occident et son alignement sur sa politique, il l’accuse d’avoir altéré l’identité arabo-musulmane de la Tunisie et la liste de leurs reproches est longue au point qu’ils lui dénient la moindre qualité. Ses admirateurs sont tout au contraire profondément subjugués par le leader, héraut de l’indépendance et architecte de l’Etat moderne. Ceux-ci ont encore du mal à imaginer une Tunisie sans le combattant suprême, sans son charisme et son aura, et s’efforcent à ressusciter son héritage et à prôner le parachèvement de son œuvre réformiste. Dans ce camp comme dans l’autre, le recul et l’esprit apaisé nécessaires à l’analyse et à l’évaluation de l’histoire et de ses hommes, font défaut. S’y substitue une subjectivité outrancière qui dénature les faits, soit par un excès de haine ou d’adulation. Bourguiba est sans conteste un grand leader qui a combattu l’occupation, et rendu son indépendance et sa souveraineté à la Tunisie. Il a transformé la société tunisienne, alors arriérée et rongée par l’analphabétisme au sortir de la colonisation française, en agissant sur deux leviers soit l’éducation de masse et l’émancipation de la femme, et a ainsi contribué à forger le génie tunisien. Renier les réalisations de Bourguiba ou en faire table rase, revient à rééditer la démarche de son piètre successeur, dont la propagande s’acharnait à endoctriner les gens, à l’idée que la Tunisie était née le 7 novembre 1987. L’action bourguibiste, salvatrice sous plusieurs de ses aspects, ne doit pas nous faire oublier son revers, celui de la présidence à vie, de la dictature, et de la répression. Des dérives qui en ont provoqué d’autres encore plus destructrices avec le règne du président déchu. Et là, Bourguiba a beaucoup nui à la Tunisie, il lui a fait perdre un temps précieux pour construire petit-à-petit son modèle démocratique et pluraliste, et amorcer son développement socio-économique. Bourguiba a façonné l’histoire de la Tunisie à sa guise, et le résultat, tout le monde le connait. Avec toutes ses contradictions, ses forces et ses faiblesses, son œuvre reste néanmoins riche et dense, et doit forcément nous inspirer dans l’édification de la 2ème République, il n’en est rien jusque-là. A voir le débat politique actuel, cette polarisation persistante entre modernistes progressistes, et islamistes, on a l’impression qu’on est en train de tomber dans les mêmes travers que Bourguiba ; avec son intelligence et ses qualités en moins. Cet esprit nihiliste constaté chez les familles politiques et idéologiques dans leur diversité, montre que les germes de la mégalomanie et du monolithisme sont profondément ancrés en nous. En théorie, tout le monde chante les louanges du consensus, condition sine qua non pour surmonter ce cap transitoire difficile, en pratique, on se regarde comme des chiens de faïence, on se décrédibilise mutuellement, et on considère l’autre suivant une approche d’exclusion et de négation, et non d’ouverture et de participation. C’est comme si on n’a pas tiré les leçons du passé et on persiste dans cette même vision univoque, caressant des fantasmes d’une Tunisie monolithique, taillée sur mesure à l’aune des désidératas de tel ou tel clan. C’est dans l’ordre naturel des choses, le mouvement de l’histoire ne recule guère, même si certains s’y acharnent. La Tunisie ne sera jamais comme elle l’a été sous Bourguiba ; elle n’effacera jamais, non plus, l’héritage de bourguibiste. Le tout est de rectifier le processus, en valorisant le legs du passé. Avec des projets, des idées, et des initiatives issus de notre intelligence collective. H.J. |
Commentaires
Ecrit par SDF 10-08-2012 05:00
La Tunisie n'a JAMAIS eu besoin d'un homme providentiel, parce qu'elle a un peuple qui a toujours su retourner la situation à son avantage.
Les drogués de la propagande bourguibiste, benaliste, ou encore BCEiste feraient bien de suivre une cure de désintoxication!
Ecrit par ASSADIK 05-08-2012 21:50
SUIVEZ DONC L APPRECITION DE jugurta et ouvrez le lien donné au commentaire NO 3
Ecrit par Jughurta 04-08-2012 13:13
Merci pour le lien de la vidéo
Ecrit par BOURGUIBA 04-08-2012 09:52
Ecrit par Montygolikely 03-08-2012 19:04