La Tunisie sous le seuil de pauvreté hydrique, les chiffres sont inquiétants

Publié le Jeudi 18 Août 2016 à 13:37
La Tunisie connait un manque hydrique structurel, aggravé par le déficit pluviométrique persistant notamment au cours des deux dernières saisons consécutives. C’est ce qui place le pays en dessous du seuil de pauvreté hydrique.

Les coupures d’eau répétitives survenues dans de nombreuses régions du pays cet été sont dues à une raréfaction des ressources hydriques notamment celles des barrages. Cet état de fait à obligé la SONEDE à une redistribution des ressources existantes sur les différentes régions,  voire à un programme de rationnement d’eau. Si cette crise venait à se poursuivre, et en l’absence de pluies d’ici fin septembre, les autorités annoncent le recours au rationnement des eaux destinées aux zones irriguées.

Le ministre de l’Agriculture, Saâd Seddik, a procédé hier soir, jeudi 17 août à un état des lieux. C’était lors d’un débat consacré à la crise de l’eau sur al-Wataniya.

Les ressources hydriques de la Tunisie sont estimées à 4, 8 milliards m3 par an réparties entre les eaux de surface estimées à 2,7 milliards m 3 par an et les ressources souterraines à raison de 2,1 milliards m 3 par an. Qualitativement, 52 % des ces eaux ont une salinité supérieure à un gramme et demi, a-t-il dit.

Un pays est considéré comme suffisamment pourvu de ressources en eau doit respecter l’indice mondial de 1000 m3 / personne par an. En dessous de ce seuil, on rendre dans la pénurie d’eau et la pauvreté hydrique, explique le ministre.

Le seuil de pauvreté hydrique est de 500 m3 par personne, l'an. Or, la Tunisie en est à 460 m3/personne l’an, et est ainsi sous le seuil de pauvreté hydrique.

Il y a 6 à 7 ans, la moyenne était de 480 m 3 par personne, l'an, mais vu l’accroissement démographique, les ressources étant les mêmes, cette moyenne a baissé à 460 m 3.

Pluviométrie variable du Nord au Sud
La Tunisie souffre ainsi d’un manque structurel  de ses ressources hydriques, d’autant plus que les pluies sont variables du Nord au sud. Alors qu’on peut enregistrer à l’extrême nord, 800 à 900 mm de précipitations par an, la pluviométrie baisse à 300 mm voire moins de 100 mm dans le sud, soit dans plus de 40 % du pays.

Le ministre a par ailleurs évoqué la variation pluviométrique connue par la Tunisie au fil des années. Notre pays a connu des périodes de pluies fort abondantes, accompagnées d’inondations, a-t-il dit, citant la saison 1969/70  où les quantités enregistrées ont été de 90 milliards m 3. Alors que pendant la saison 1993/ 94, la quantité enregistrée est de 11 milliards m3 uniquement. La moyenne annuelle de la pluviométrie est de 35 à 36 milliards m3.

Il a encore indiqué que sur une période de dix ans, la moyenne est d’a peu-près, trois ans pluvieux, trois ans secs et quatre ans où l’on atteint un point d’équilibre. Mais, au cours des 20 dernières années, les années de sécheresse ont tendance à augmenter.

Seddik a fait savoir que la  Tunisie avait mis une stratégie en la matière depuis les années 70 à travers les plans directeurs d’eau soit : le plan directeur des eaux du Nord, le plan directeur des eaux du centre et le plan directeur des eaux du sud. Actualisés fin 1990, ces plans ont consisté en la construction de barrages, l’exploitation des ressources souterraines, etc. Mais, cela n'a pas permis de juguler les difficultés.

Le ministre estime que la crise pourrait s’aggraver si la Tunisie connait encore une ou deux autres années de sécheresse, après qu’elle ait vécu deux années consécutives marquées par un déficit pluviométrique.

Baisse des ressources des barrages et de la nappe phréatique
Le manque de pluies se répercute grandement sur l’approvisionnement des barrages. Par rapport aux dix ou vingt dernières années, la carence est de 66 % dans les ressources des barrages, avec des ressources de seulement 34 %.

Le ministre a cité comme exemple le barrage de Nabhana. D’habitude, il apporte 23 millions m3, l’année dernière, il n’a assuré que 13 m3 et cette année, seulement 8 m3. Ce barrage alimentait les zones irriguées de Kairouan, Sousse,  Monastir et Mehdia et assurait surtout l’eau potable.

Auparavant, 50 mille m3 d’eau sont tirés de ce barrage. Depuis mai dernier, ce barrage s’est épuisé. Il n’était plus possible d’en extraire aucun m3, ce qui a provoqué le manque flagrant dans le dispositif hydrique, a souligné le ministre. 

Une baisse du niveau des nappes phréatiques alimentées par les pluies a été aussi enregistrée, notamment les nappes du centre et du Nord qui ne sont pas très profondes et qui sont influencées par le manque de pluie, a-t-il dit.

Rationnement de l'eau dans différentes régions
Le DG de la SONEDE, Mohamed Dahech, a indiqué que le problème s’était posé au mois d’avril à Zaghouan qui assurait auparavant l’approvisionnement même d’une partie de Tunis, mais qu’on a été obligé de ravitailler depuis, à travers les eaux de Tunis et autres régions pour couvrir les besoins. 

Les régions intérieures ouest (Siliana, le Kef, Gafsa, et Oum Laarayes) qui s’approvisionnent des dispositifs locaux et des puits profonds ont connu depuis le mois de juillet un manque de 10 %, suite à une baisse du niveau des puits de souterrains de 25%, a dit le DG de la SONEDE, indiquant qu’un programme de rationnement a été réalisé depuis juin en collaboration avec les gouverneurs et autorités locales, afin qu’il n’y ait pas une région lésée, et une autre qui a l’eau en permanence.

Dans le littoral, la pointe de consommation peut passer du simple au double. Le plus grand dispositif de ravitaillement s’étend de Nabeul à Skhira (Sfax) et couvre Nabeul, Sousse, Monastir, Mehdia et Sfax. Le déficit dans ces régions est de 50 mille m3 soit un équilibre négatif de  9 à 10 %, là aussi, il y a eu recours à un programme de rationnement pour une distribution équitable de l’eau sur les différentes régions, a-t-il dit.  

Idem, dans les régions du sud où le manque est de 10 à 12 %, et où le rationnement est de mise, selon le DG de la SONEDE.

La crise est réelle et risque de se poser avec plus d’acuité, si les pluies ne sont pas au rendez-vous. S’il n’y a pas de pluies d’ici fin septembre, on aura recours au rationnement de l’eau d’irrigation, tout en privilégiant l’eau potable, a dit le ministre.

Saâd Seddik a énuméré les solutions urgentes à mettre en œuvre face à cette situation dont l’accélération de réalisation des projets programmés à savoir les grands réservoirs et les grands barrages. Il a cité deux barrages stratégiques, l’un dans la banlieue de Tunis et l’autre dans la banlieue de Sousse Kalaâ et Saïda. Il s’agit aussi de  doubler les canaux de transfert, de réaliser les stations de dessalement dans les plus brefs délais, celle de Djerba, la station de Zarat, et celle de Sfax qu’à défaut d’être prête en 2020/21, le problème risque de s’aggraver.

Le ministre préconise également le recours aux ressources non-conventionnelles dont le dessalement, notamment à des stations de dessalement mobiles dans les régions pourvues de ressources salées et/ ou maritimes.
Gnet


 

Commentaires 

 
+1 #3 RE: La Tunisie sous le seuil de pauvreté hydrique, les chiffres sont inquiétants
Ecrit par Agatacriztiz     23-08-2016 11:10
Du seuil de pauvreté hydrique au seuil de pauvreté tout court, il n'y a qu'un pas...
 
 
+2 #2 lifla7a HYYA ESSESS
Ecrit par FELLEH MAKHOUR     20-08-2016 09:54
ya royaliste vs etes hors sujet ! le tourisme et ses piscines et ses gazons et ses prets obtenus par complaisance sans garantie et non remboursés pour des recettes,pardon pour des miettes ! savez vs qu un M3 d eau investi à l agricole rapporte cinq fois plus qu un M3 d eau investi au tourisme ? parole de mustapha fileli ancien ministre de l agriculture
 
 
-2 #1 hold up
Ecrit par Royaliste     19-08-2016 12:00
la Tunisie n'a pas les moyens pour améliorer son réseau d'eau mais elle a trouvé 2000 milliards pour les distribuer aux nahdhaouis et autres détenus en guise de 'dédommagement'
 
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