La Tunisie sous la coupe du FMI, avec un gouvernement libéral à tout crin !

Publié le Lundi 27 Février 2017 à 17:24
Le tournant libéral du gouvernement Chahed. Le dernier week-end de février 2017 aura été politiquement décisif en Tunisie. Le gouvernement d’union nationale s’est éloigné d’un cran de sa vocation sociale, pour afficher clairement une orientation libérale. Le limogeage de l’ancien dirigeant de l’UGTT, Abid Briki, et son remplacement par un membre du bureau exécutif de l’UTICA et homme d’affaires, Khalil Ghariani, à la tête du ministère la Fonction publique et de la Gouvernance, d’une part, et les annonces faites par Youssef Chahed, dimanche soir, vers plus de privatisation et plus de désengagement de l’Etat dans l’économie d'autre part, sonnent le glas d’un certain dirigisme économique, et de l’Etat providence. La Tunisie serait désormais sous la coupe du Fonds monétaire international, et de son fameux programme d’ajustement structurel.  

Youssef Chahed, ce quadra au visage avenant, a tenté, dimanche soir, de se montrer comme quelqu’un qui est sûr de lui, déterminé à agir, et ayant le courage nécessaire pour mener les réformes structurelles, qu’aucun de ses prédécesseurs ne s’y est hasardé. A l’aise dans son costume de chef du gouvernement, il s’est affiché comme un homme d'action, de réforme, et de la relance économique, taclant au passage ses devanciers, les taxant d’immobilisme, et qualifiant leur bilan économique "d’échec total". Il a, de surcroît, tenté de tenir la dragée haute à ses détracteurs, en les pressant de mettre la main dans le cambouis dès aujourd’hui, au lieu de penser à 2019, en lorgnant sur son fauteuil et celui de Carthage.

Dimanche 26 février, le locataire de la Kasbah n'avait pas l'air de voir un autre messie pour le pays, que lui-même. Il semblait en être convaincu, égrenant, un brin vaniteux, les réalisations de son gouvernement six mois après son investiture, et proclamant les quatre principales réformes qui seront mises en route en 2017.

La première est celle du financement de l’économie à travers la loi d’urgence économique qui aura à court-circuiter les lenteurs administratives en permettant la mise en œuvre rapide des projets en rade notamment dans les régions intérieures ; la deuxième est la réforme de la fonction publique à travers la réduction de l’effectif des fonctionnaires, en favorisant le départ volontaire de 10 mille cols blancs  au cours de cette année ; la troisième est la réforme des entreprises publiques via l’ouverture du capital, la privatisation et le recours à un partenaire stratégique, un processus qui concernerait, particulièrement, les trois banques publiques où l’Etat est majoritaire : BH, BNA et STB ; et la quatrième est la réforme des caisses sociales, en décrétant, selon toute vraisemblance, le prolongement de l’âge de départ à la retraite, afin de combler le trou de la sécu et de réduire le gap qui se creuse sans cesse entre actifs et passifs, du fait du prolongement de l’espérance de vie.    

Sans confirmer, ni infirmer les analyses et les pronostics alarmistes faits par les experts, qui évoquent l’état de faillite du pays, et son approche, sinon son entrée dans le processus grec, Chahed a affirmé hier que la situation demeure extrêmement difficile, que les fonctionnaires sont toujours payés à crédit, que les banques publiques sont déficitaires et ne jouent aucunement leur rôle en matière de développement et que les retraites sont en danger. Il a ainsi décliné sa politique réformatrice, comme étant imparable, et qui, quoique contestable, ne pourrait guère être contestée, étant donné que son gouvernement n’a plus de marge de manœuvre pour agir autrement, et que le temps joue en notre défaveur.

Les annonces de Chahed suscitent, à raison, des grincements de dents et des pincements au cœur, devant cette propension affirmée à tout céder au privé, à se séparer des banques publiques et autres entreprises publiques, jadis fleurons du pays. Un tournant libéral qui plus est de nature à attiser la tension avec la centrale syndicale, contrariée par la nature du dernier remaniement partiel, et à mettre en péril une paix civile fragile.

Le capitalisme, étant créateur de richesses, est, sans doute, ce qui convient le mieux au pays, en cette conjoncture de disette. La question est de savoir si l’Etat est aujourd’hui en mesure de jouer son rôle de régulateur, comme le lui prête le chef du gouvernement, dans ce climat d’affaires délétère, miné par la corruption, et encore sous la domination des lobbies de tout poil.

Et puis, qui dit que les secteurs considérés aujourd’hui comme étant stratégiques (SONEDE, STEG, hôpital public, école publique etc.) ne soient pas demain présentés, par le bon vouloir des bailleurs de fonds, comme secteurs compétitifs desquels l’Etat serait acculé de se désengager, ce qui ne fera que l’appauvrir ainsi que le peuple, réduire son pouvoir, et attenter à la souveraineté nationale à la faveur d’institutions financières dont personne n’est dupe des agendas, et des allégeances.

H.J.  

 

Commentaires 

 
+1 #1 Un seul sens
Ecrit par Tunisien     28-02-2017 08:46
Quand on prend le manivelle pour démarrer un moteur, il faut et c'est obligatoire qu'on exerce l'effort dans le même sens et que le couple sera allégé quand il y a plus d'intervenants.
Si un effort agit dans le sens contraire le couple sera insuffisant et le moteur ne démarre pas.
Aujourd’hui, il faut motiver les Tunisiens dans ce sens. Il faut agir avec réalité et pas des cadeaux, pas des pardons, tous nous sommes responsables et qui fait des fautes doit payer sans bras de fer et sans BLA BLA.
Il faut pas mélanger les choses chacun est responsable sur ses actions; mais le pouvoir et l’amorçage pour rectifier et résoudre les problèmes c'est le gouvernement qui a l’accès, l'autorité et le contrôle et les remèdes.
C'est que je remarque: On donne pas d'importance au temps. le temps c'est de l'argent. Quand on prend des décisions il faut les 'appliquer.
Le peuple Tunisien est pour le changement et pour l'action corrective. Le problème c'est qu'il y a des gens qui agissent et qui réclament dans le sens opposé on dirait qu'ils n'aiment pas leur pays.
(RABBI YEHDI)
 
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