La Tunisie rentre dans l’ère de la démocratie non-importée (Souleyman)

Publié le Vendredi 07 Février 2014 à 14:54

"La constitution tunisienne s’inspire du document constitutionnel mis par le prophète, lors de son émigration à Médine", a déclaré le Kweitien Marzouk Ali El Ghanem. Pour Michel Souleyman, la Tunisie rentre avec sa constitution dans l’ère de la démocratie non-importée. Le président mauritanien, Mohamed Abdelaziz, a valorisé "un parcours émanant du génie tunisien". "Le peuple algérien sera à vos côtés pour le meilleur et pour le pire", a déclaré Abdelmalek Sellal. Le président du congrès général libyen a souhaité voir son pays emboiter le pas à la Tunisie

La constitution tunisienne s’inspire du document constitutionnel de Médine
Marzouk Ali Ghanem, président de l’Assemblée de la nation Koweitienne, et président du parlement arabe, a salué l’hospitalité tunisienne qui est "une nature avant d’être un devoir". La constitution tunisienne constituera dans le monde arabo-musulman un jalon du processus démocratique, a-t-il dit dans une allocution lyrique, saluant le peuple tunisien pour son attachement au développement, à la liberté et à la dignité, faisant abattre le dilemme (promu par les despotes arabes) de "l’éternité ou l’effondrement".

"Le 27 janvier 2014 (date de promulgation de la constitution tunisienne) sera une journée mémorable dans le monde arabo-musulman comme celle de l’avènement de la constitution tunisienne qui concilie la pensée ouverte et moderne et la pensée islamique rationnelle et modérée", a-t-il déclaré en substance.

L’hôte koweitien retrouve dans la constitution tunisienne les marques de la mosquée Ezzeitouna, et la sagesse de ses hommes. "Pour ceux qui disent que la constitution tunisienne reflète le vent des libertés en provenance du Nord, je dis qu’elle reflète les règles de l’Islam, et est une inspiration du document constitutionnel mis par le prophète paix et grâce sur lui l’année de son hijra à Yathreb (émigration à Médine) هجرة الرسول صلى الله عليه وسلم الى المدينة المنورة », et que les historiens s’accordent à qualifier comme étant le premier document constitutionnel dans l’histoire de l’humanité".

Il a évoqué l’article six décrétant la liberté de conscience et de croyance et la protection du sacré, comme étant inspiré du document de Médine. "Le génie de la constitution tunisienne est qu’elle consacre le choix de la modération, ce qui constitue un haut degré de courage, de savoir, de patience et de résistance pour parvenir au consensus, étant entendu que la conciliation entre différents choix est la chose la plus difficile", a-t-il dit.

"Au-delà du progrès social et culturel de la Tunisie qu’elle reflète, la constitution tunisienne nous rend espoir après que le fanatisme allait confisquer aux Arabes leur civilisation", a-t-il souligné.

Il a mis néanmoins un bémol : "les constitutions ont besoin d’être préservés pour être en phase avec les mutations, et en mesure de procéder à une lecture des événements". Sans minimiser la place fondamentale d’une constitution, la construction de l’Etat reste très difficile. Beaucoup de constitutions ont dévié de leurs finalités, a-t-il prévenu, précisant que le vrai garant de leur respect est l’attachement des citoyens à la liberté, à la justice et à la dignité.

"Le Koweït a compris d’emblée que la révolution tunisienne n’est pas une affaire tunisienne, mais une affaire arabe par excellence. Sa réussite servirait d’exemple à toute la région, et son échec, rendra les régimes hostiles à la réforme plus obstinés, plus corrompus, et plus despotiques", a-t-il affirmé, s’adressant aux Tunisiens : "Soyez pionniers de la réforme dans le monde arabe".

Gare à la politisation de la Cour constitutionnelle

Le président libanais, Michel Souleyman, a déclaré d’emblée que la constitution tunisienne est le fruit du travail de l’Assemblée nationale constituante (ANC), qui a été élue par une instance électorale indépendante.

Le chef d’Etat libanais a énuméré les acquis de la constitution tunisienne en matière de droits et libertés, signalant que la Tunisie est pionnière en matière de droits des femmes, chose qu’a incarné le code du statut personnel de 1956. La constitution tunisienne consolide les acquis de la femme, a-t-il dit.

Le président libanais a valorisé l’introduction dans la constitution tunisienne de la Cour constitutionnelle, "principale garantie de la construction constitutionnelle". "L’expérience libanaise nous conduit à vous mettre en garde contre la politisation de cette Cour, et contre le fait de lui imposer des restrictions ou d’en bloquer l’action et les réunions", a-t-il admis.

L’unité de l’Etat se mesure à l’unité constitutionnelle, souligne Michel Souleyman, indiquant que "la Tunisie rentre avec sa constitution dans l’ère de la démocratie non-importée, celle qui répond aux espérances et aux attentes de la population".

Les nouvelles constitutions, comme celle de la Tunisie, consacrent des démocraties plus humanitaires, réduisent le fanatisme et l’extrémisme et tennant compte du pluralisme des sociétés. "Ce type de démocraties ne peut réaliser toutes leurs fins sans respecter l’alternance au pouvoir, et respecter les décisions des institutions", a-t-il dit.

Le génie tunisien
Mohamed Abdelaziz, président de la République Mauritanienne, a quant à lui déclaré que le peuple tunisien et son élite ont prouvé leur maturité en impulsant «un dialogue national responsable et sérieux menant à un consensus». Il a ajouté que sur la base des liens historiques entre les deux pays, la Mauritanie continuera à apporter son soutien au parcours de la Tunisie. «La Mauritanie félicite la Tunisie pour ce parcours émanant du génie tunisien….Nous veillons à renforcer nos relations exceptionnelles entre nos deux pays tout en affirmant nos coopérations et nos liens de fraternité», a-t-il dit.

"L’Algérie veillera à vous soutenir dans votre quête de stabilité"
Abdelmalek Sellal, premier ministre algérien a déclaré que cette journée était historique, "où nous nous retrouvons sur cette terre prospère et chaleureuse qu’est la Tunisie...On vous félicite pour cette réalisation cruciale, et ce pas de géant dans votre histoire. Le peuple algérien n’oubliera jamais le soutien du peuple tunisien lors de ses années difficiles. L’Algérie veillera à vous soutenir dans votre quête de stabilité. Nous avons suivi les pas de géant qu’ont faits les Tunisiens et les efforts consentis entre les différents rivaux, donnant naissance à cette constitution. Je vous transmets le respect de notre peuple. Le peuple algérien sera à vos côtés pour le meilleur et pour le pire », a-t-il déclaré.

La Libye souhaite emboîter le pas à la Tunisie
Nouri Bousahmin, président du congrès général libyen, a pour sa part estimé que les Tunisiens ont traversé la période transitoire avec réussite, exprimant le souhait de voir son pays réaliser la même chose bientôt. « Nous sommes en train de préparer le terrain, pour créer une commission qui se chargera de l'élaboration d'une nouvelle constitution. Nous remercions nos amis tunisiens pour avoir été à nos côtés lors de notre révolution du 17 janvier. Nous souhaitons à la Tunisie réussite et bonne chance », a-t-il dit.

Gnet