La Tunisie refoule des produits de consommation

Publié le Lundi 27 Octobre 2008 à 11:06
Les produits importés à travers les circuits formels sont soumis à un contrôle drastique.Nous autres Tunisiens avons un faible pour tout ce qui nous vient d’ailleurs. Les produits importés bénéficient dans notre imaginaire collectif d’un préjugé favorable. Sauf que tout ce qui brille n’est pas or. En témoignent les énormes quantités de marchandises détruites ou refoulées à leur pays d’origine pour non-conformité aux normes. Et il ne s’agit pas seulement du contesté made in China, mais aussi des prestigieux made in France, made in England, made in Koweit, made in Saudia Arabia et on en passe.

Au cours des neuf premiers mois de l’année 2008, des milliers de kilogrammes de produits de consommation ont été soit détruits soit reconduits aux frontières pour non-conformité aux normes. Ainsi, 9800 kg de préparations alimentaires importées d’Italie, de Malte et de Royaume-Uni ont été refoulés du fait de leur teneur en colorant interdit, de l’expiration de la moitié de la date limite ou du dépassement pur et simple de la date de péremption. Quelques 28 000 kg de confiseries en provenance d’Indonésie, de Turquie, d’Egypte, d’Italie, de Chine, de France et de Koweït ont connu le même sort pour non-conformité aux normes, teneur en colorant interdit notamment les E131+E102 dont la consommation provoque des aphtes chez les enfants. De grandes quantités de jus de fruits importées d’Arabie Saoudite ont été interdites de commercialisation sur territoire national pour leur teneur en additifs et colorants non autorisés. 50 000 kg de conserves de France, d’Arabie Saoudite, de Chine et du Maroc ont été interdits de commercialisation du fait de leur emballage froissé ou rouillé.

Par ailleurs, des lots d’électroménagers dont des réfrigérateurs, des fers à repasser, des séchoirs, des robots ménagers, des transistors, des cuisinières importés d’Egypte, de Turquie et d’Italie ont été bannis de nos circuits de distribution. Quelque 13 500 paires de chaussures en provenance de Brésil, d’Egypte, d’Espagne, 30169 jouets importés de Chine et 682 produits cosmétiques de France ont fait l’objet d’avis de réexportation ou de refoulement.

Les reconductions aux frontières des marchandises ont été aussi importantes en 2007. Elles ont concerné grosso modo le même type des produits : 40282 kg de confiserie en provenance de France, de Russie, d’Italie, de Turquie, d’Arabie Saoudite et de Syrie, des conserves de Chine, de France, de Dubaï, du Japon et du Pérou, du jus de fruits d’Egypte, d’Arabie Saoudite et de France, des lampes électriques de Chine, de Pologne, de Tchéquie et de France, 4200 pièces de rechange de Chine, 2152300 fournitures scolaires de Chine, d’Inde et de Turquie. Un grand manque à gagner pour les opérateurs économiques qui plus est, doivent supporter l’ensemble des frais de refoulement et de destruction, effectués par des sociétés spécialisées en présence de l’administration et d’un huissier notaire.

Fethi Fadhli, directeur de la qualité et de protection du consommateur au ministère du Commerce, nous explique dans un entretien, les tenants et aboutissants du contrôle à l’importation.

Les contenaires qui entrent en Tunisie via le cricuit parallèle échappent à tout contrôle.Tout d’abord le contexte. A la fin des années 80, début des années 90, le protectionnisme a été abandonné en Tunisie, supplanté qu’il était par l’économie de marché. Dans les premières années de libéralisation, le marché a été inondé par des produits de mauvaise qualité. Les pouvoirs publics ont donc décidé de mettre en place un dispositif de contrôle à l’importation sur la base de critères sélectifs. Il s’agit d’un contrôle technique systématique qui se fait au niveau de la douane pour vérifier la conformité de tout produit destiné directement aux consommateurs ( produits alimentaires, jouets, cosmétiques, chaussures, électroménagers, appareillage électronique etc.) aux normes nationales et internationales. Différents départements interviennent dans l’opération de contrôle : Santé publique (équipements de santé, produits alimentaires à usage spécifique) Technologies des communications (matériels informatique et de Télécom) Agriculture (produits d’origine animale et semences), et Industrie (chauffe eau électrique, équipements de compression etc).

Tout opérateur a ainsi besoin pour dédouaner sa marchandise d’un document de contrôle technique, délivré par voie électronique via le réseau de la TTN ( Tunisie TradeNet) dont la direction de la qualité est partie prenante. Il dépose à cet effet un dossier contenant la facture, l’avis de l’arrivée de la marchandise, la fiche technique relative au produit, et un certificat d’origine du produit.

"Dans 98 % des cas, une autorisation provisoire d’enlèvement est accordée, histoire de ne pas encombrer les entrepôts de la douane et de réduire les charges de l’opérateur. Elle lui permet de dédouaner sa marchandise mais elle n’autorise pas la mise sur le marché", précise notre interlocuteur.

Le contrôle se poursuit dans les entrepôts de l’importateur. Après l’étude du dossier, la direction de la qualité peut soit délivrer l’autorisation soit prélever les échantillons pour vérifier la qualité du produit. Les échantillons sont acheminés vers les différents laboratoires d’analyses selon la nature du produit. Si le rapport d’analyse révèle la conformité du produit, une autorisation de mise à la consommation est délivrée. Si le produit est non conforme et peut-être mis en conformité au niveau de l’étiquetage par exemple, les choses peuvent s’arranger moyennant une demande de mise en conformité. A défaut, c’est le refoulement ou la destruction.

Mais si tous les produits qui se déversent en Tunisie via le circuit formel sont dans le collimateur des contrôleurs, les lots de marchandise qui franchissent illégalement les frontières échappent, manifestement, à tout contrôle. A ce sujet, notre interlocuteur n’a pas une réponse tranchée. Il nous confie toutefois que certains produits qui entrent légalement dans le pays sont commercialisés dans le circuit parallèle. Mais, là ou le bât blesse : ce sont les produit qui empruntent la voie parallèle dès leur entrée sur le territoire tunisien.

H.J.
 

Commentaires 

 
#17 Mieux que rien
Ecrit par A.K     02-11-2008 15:50
pourquoi toujours s'attaquer aux produits de Bou mendil ou souk lybia etc.. alors que ces produits permettent à des milliers de gens de pouvoir vivre décemment sans avoir à mendier à la fin du mois? les interdire rendrait les produits les plus banals réservés aux classes assez aisées.
alors à faire un choix entre un produit conforme et inaccessible ou un produit à risque qu'on peut se payer, certains font vite leur choix!
 
 
#16 marchandises refoulées
Ecrit par Sameer     01-11-2008 23:51
et si vous nous disiez quelles sont les vraies raisons
 
 
#15 quel cirque
Ecrit par Slouma     30-10-2008 22:33
C'est comme la ceinture de sécurité , une fois l'an on fait campagne , et puis y3mel Allah , Mais peut-on m'expliquer que font ces tonnes de marchandises que l'on trouve à Sidi boumendil , Rue Zarkoun , et aux souks hebdomadaires !! Elles ont certainement un point de passage non contrôlé , ou alors la douane ne fait suffisamment pas de contrôles ou alors elle laisse faire Moi je sais une chose : pour les entreprises qui paient leurs droits de douane , qui sont en regle , et qui employent des centaines d'ouvriers , pour dédouaner leurs matières premières font le parcours du combattant , sous prétexte que Monsieur l'inspecteur des Douanes n'a pas encore visité les containers . Mais des jouets made in china inondent le marché sans que personne ne bouge le petit doigt .
 
 
#14 Et la choclata où peut on la trouver
Ecrit par ESS et basta     28-10-2008 13:34
Je sais que j'ai rien à faire ici mais juste j'ai peur pour nos footaballeurs qui auront du mal à se nourrire
 
 
#13 AD
Ecrit par Anis     28-10-2008 10:34
Et la contre bande, qui l'organise et quand des mesures seront prises ? Ou faut t il attendre l'effondrement de l'économie nationale pour que certains se remplissent les poches.
 
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