La Tunisie, ou l’onde de choc d’une région en ébullition !

Publié le Mercredi 10 Juillet 2013 à 12:28
Les pays arabes tombent de Charybde en Scylla.Le Ramadan débute ce mercredi dans la majeure partie du monde arabo-musulman, alors que plusieurs pays de la région s’enlisent dans le spectre de l’instabilité, et des guerres civiles. Le printemps arabe qui a donné des espoirs à des peuples ayant longtemps ployé sous le joug du despotisme, révèle de plus en plus son visage hideux, celui des luttes intestines et des affrontements fratricides, qui étouffent dans l’œuf l’espérance née avec les révolutions.

En faisant leurs révolutions, les peuples arabes ont ouvert la boîte de Pandore. Ces pays ont à l’évidence des réalités dissemblables, liées à leur structure sociétale et confessionnelle, à leur histoire, aux données géostratégiques…des éléments qui servent de trame de fond aux conflits qui s’y produisent. Les différences n’excluent pas néanmoins un triste dénominateur commun, soit l’échec de ces pays, exprimé dans une violence macabre, à mener à bien leur transition démocratique, et à assouvir la soif de liberté, exprimée par les peuples lorsqu’ils ont fait admirablement chuté les tyrannies.

Dans l’ère antérieure aux soulèvements arabes, les peuples de la région vivaient dans l’ombre léthargique des dictateurs, résignés à leur autoritarisme et leur oppression. Malgré les problèmes qui s’accumulaient, la violation incessante des droits de l’Homme, la répression des libertés et une marginalisation grandissante sur la scène internationale, ces pays vivaient en paix. Et voilà que les révolutions que l’on croyait salvatrices ont éveillé les vieux démons des guerres tribale (Libye), confessionnelle (Syrie) et idéologique (Egypte), pour ne citer que celles-ci,  dont ces pays ne sortiront pas indemnes, hélas. Ceux qui ont exulté à l’éveil collectif des peuples arabes, déchantent en les voyant tomber de Charybde en Scylla.

Les derniers événements dans le pays du Nil, le fait que le processus transitoire tourne court avec la destitution d’un Président démocratiquement élu, et les accès de violence qui s’en sont suivi, contribuent à l’abattement général quant à l’aboutissement des changements politiques dans la région. Les déconvenues en Egypte auront d’une manière ou d’une autre une onde de choc sur le reste de la région dont la Tunisie, et changeront inéluctablement la perception qu’a le monde du printemps arabe.

Tunisie : Le processus mérite bien une rectification
La Tunisie qui est en pleine transition démocratique n’a pas échappé aux extrapolations politiques dans la foulée des bouleversements politiques en Egypte. Plusieurs voix se sont en fait élevées pour prédire un scénario à l’égyptienne, attestant que les réalités se ressemblent dans les deux pays, et que l’hypothèse d’un 03 juillet n’est pas à écarter.  

Des prédictions malheureuses qu’aucun Tunisien patriote et soucieux de la stabilité de son pays ne souhaite. Car, le changement ne peut-être salutaire que par la voie des urnes, pilier du fonctionnement démocratique sain et garante de l’alternance pacifique au pouvoir.  
 
A ce stade de sa transition, la Tunisie connait plusieurs trébuchements. Sa constitution qui devrait être achevée dans un délai d’une année à compter du 23 octobre 2011, n’est pas encore prête, et l’échéance des élections marquant la fin de cette deuxième période transitoire n’est pas encore connue. Un manque de visibilité politique qui empêche la reprise économique, ne remédie pas aux tensions sociales, et contribue à l’exaspération générale.

Et partant, les déceptions des Tunisiens restent palpables envers la prestation de la classe politique dans la mesure où elle a failli à sa principale mission, celle de répondre aux attentes incommensurables de la population. A-t-on pour autant intérêt à stopper net un processus que l’on a mis tant de temps et consenti tant d’efforts à mener ?

Nonobstant les griefs qu’on est en droit de faire à l’Assemblée nationale constituante, sa dissolution prônée, au gré de l’actualité, par certaines forces politiques, fera reculer davantage le pays, le plongera  dans l’inconnu et nuira fatalement à son image.

A ce jour, le processus transitoire en Tunisie mérite bien une rectification, non pas à travers des solutions jusqu’au-boutistes, mais par une volonté politique collective d’aller de l’avant, en mettant le cap sur les prochaines élections.  

Malgré les difficultés et les retards, ce processus se prévaut de quelques acquis qu’il faut savoir optimiser et non se hasarder à saper. Le point d’achoppement majeur réside, aujourd’hui,  dans les points litigieux émaillant le projet de constitution. Un blocage qui reste facile à surmonter, pour peu qu’on veuille privilégier une réelle démarche consensuelle, afin d’accélérer la discussion et l’adoption de la constitution, et s’entendre sur une date claire et définitive des élections.

Les atermoiements et les tergiversations ont beaucoup nui à la Tunisie, et ont pesé lourdement sur son économie et sur le climat en général. Ce flou ne peut pas se poursuivre ad vitam aeternam, sous peine d’exposer le pays aux tentatives de déstabilisation qui s’illustrent désormais clairement.

Les instances dirigeantes du pays ont une grande responsabilité à favoriser le rassemblement à l’affrontement. Les partis d’opposition doivent s’atteler à préparer une réelle alternative, avec de vrais projets et propositions leur permettant de mener la course électorale. Car, la légitimité ne peut s’acquérir qu’à traves les urnes. Autrement, ce sera la porte ouverte aux dangers dont personne n’ose imaginer l’ampleur des conséquences sur le pays et son avenir.    
H.J.