La Tunisie, ou le pays où rien ne bouge !

Publié le Mardi 11 Août 2015 à 13:52
Tous ceux qui retournent en Tunisie, après une longue absence, notamment parmi nos compatriotes expatriés, font le constat amer de la dégradation générale de la situation du pays, qui s’illustre principalement à travers l’état de l’environnement, livré à un piètre sort. La chasse aux détritus promise par les gouvernements qui se sont succédé, tarde à s’enclencher, et les quartiers des plus chics aux plus populaires souffrent d’un laisser-aller, auquel les intentions de mettre un terme s’expriment en théorie, mais s’éclipsent en pratique.  

Hormis ce problème désormais chronique de l’invasion des ordures, il  y a en a un autre, récurrent, celui des inondations qui submergent nos villes, à chaque fois que la pluviométrie dépasse un certain seuil, à l’instar des précipitations qui se sont abattues hier sur le Grand-Tunis, donnant lieu à des cités et rues flottantes, où il ne ferait pas bon s’hasarder.

Les questions qui se posent à la perception de ce spectacle saisonnier sont celles-ci : quid des plans d’aménagement des villes, et de leur protection contre les inondations, dont les autorités glosent à toute occasion, sans que cela ne soit traduit en actions concrètes sur le terrain ? Où est l’argent de la dette, et comment a-t-il été déployé, à l’instar du prêt japonais accordé à la Tunisie en 2014 pour la protection des villes contre les inondations ?

Jusqu’à quand le pays va-t-il souffrir de ces dysfonctionnements au niveau de l’infrastructure de base, qui rendent le quotidien des gens encore plus difficile. Les problèmes ne datent pas certes d’aujourd’hui et sont anciens, mais il faut bien qu’un jour, on s’y attaque, au lieu de les laisser s’accumuler et se compliquer d’année en année.

L’impression générale est que les choses font du surplace, sinon reculent, c’est ce qui fait que l’espoir ne cesse de s’amenuiser, quant à voir ces problèmes solutionner. En cinq ans, depuis la révolution, à part la gestion du quotidien dans l’urgence et l’approximation, on a rien fait qui puisse mettre le pays sur la voie de la réhabilitation et de la réforme. A part discourir à longueur de temps, sur les difficultés, et les défis, le gouvernement semble incapable de joindre les actes aux paroles et d’agir sur le terrain.  Quant aux déclarations d’intention, on va faire ceci, on va faire cela, ça reste jusque-là de simples vœux pieux.  

Jusqu’à quand la situation va-t-elle échapper aux autorités ? Jusqu’à quant vont-elles tergiverser  à prendre le taureau par les cornes, et à mettre en route les actions nécessaires pour sortir le pays de l’ornière. Que l’on voit au moins les prémisses d’un changement, pour que l’on commence à reprendre confiance, et à s’affranchir de ce spleen généralisé.

Si on fait le bilan des cinq années écoulées, on va le trouver, hélas, globalement négatif, notamment sur les plans économique, sécuritaire, social...on ne peut tout mettre sur le dos de la révolution et de ses effets pervers. Seul bémol, c’est l’avancée politique, mais au stade où on en est, elle ne semble plus apporter satisfaction à grand monde, sauf aux politiques eux-mêmes, qui ont l’air de trouver leur compte et leur bonheur dans des arrangements et des alliances, dont la principale caractéristique est l’opacité et le manque de clarté.

La désespérance est certes mauvaise conseillère, et tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir, pourvu qu’il y ait des raisons d’espérer, lesquelles sont peu perceptibles. Que l’on ne se lamente pas après que les Tunisiens soient démotivés, désabusés, et démissionnaires.

S’il en était ainsi, c’est parce que les politiques ont échoué sur l’un des principaux aspects de leur mission, celui de mobiliser, d’insuffler l’espoir et de galvaniser les énergies. Outre leur impuissance apparente et leur immobilisme qui font que les problèmes et les failles, sous toutes leurs formes, persistent et s'éternisent.

H.J.


 

Commentaires 

 
#3 Imchi inti !!!
Ecrit par A4     15-08-2015 10:51
Avant 2011, il n'y avait que 20 agents de nettoyage. Actuellement ils sont 80 fonctionnaires titularisés. Mais la ville est de plus en plus dégueulasse.
Le président de la municipalité demande à ces "valeureux" fonctionnaires de sortir nettoyer la ville. Ils lui répondent: vas'y toi même (imchi inti !!!)
A quand la suppression de la fonction publique ?
 
 
+2 #2 Elections Municipales URGENT!!!
Ecrit par Titan     12-08-2015 10:12
Je trouve votre article est très pertinent c’est bien l’impression que j’ai à chaque retour en Tunisie, mais voila mettre
Tout sur le dos du gouvernement sans poser les problèmes des élections municipales en toute URGENCE, cela fausserai les diagnostiques que vous citez dans votre article.
Élire des responsables municipaux dans une démocratie est très important à l’action de la ville et ainsi le citoyen peut départager les responsabilités, comme cela se fait en France, si les promesses de monsieur le Maire ne sont pas réalisées, alors on ne vote plus pour ce monsieur et pour son équipe. Ainsi les choses deviennes claires !
 
 
+1 #1 RE: La Tunisie, ou le pays où rien ne bouge !
Ecrit par Agatacritiz     11-08-2015 21:09
Même ceux qui y vivent en permanence ne peuvent pas à s'habituer à la misère ambiante...
 
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