La Tunisie, ou la crainte d’une guerre à ses frontières !

Publié le Lundi 08 Février 2016 à 17:43
Les retombées d'une guerre en Libye seront catastrophiques. Alors que la coalition internationale contre le groupe de l’Etat islamique en Irak et en Syrie est à mille lieues d’atteindre son objectif affiché : mettre Daesh hors d’état de nuire au Moyen-Orient, que la situation en Syrie empire de jour en jour, et que la tragédie des réfugiés augmente sans cesse d’intensité, avec des dizaines de milliers de femmes, hommes et enfants, bloqués au niveau de telles ou telles frontières inhospitalières et livrés  à leur propre sort, voila que l’Occident commence à battre les tambours de guerre en Libye.

Des déclarations concomitantes aux Etats-Unis, en Italie, en Grande-Bretagne, en Allemagne et en France n’excluent pas l’idée d’une option militaire chez notre voisin du sud, parallèlement à la consolidation de l’option politique. C’est-à-dire qu’ils se disent prêts à intervenir militairement, si le gouvernement d’union nationale, que Faez el-Sarraj est en train de former, en faisait la demande.

A ce stade, on n’en est à tâter le pouls des Libyens, des pays voisins et du reste du monde, d’où ces déclarations à hue et à dia, comme c’est le cas dans l’Hexagone où le porte-parole du gouvernement n’a pas exclu une participation  de la France à une intervention militaire en Libye, alors que le ministre des Affaires étrangères l’écarte totalement. 

La décision d’une nouvelle guerre en Libye n’est certes pas encore officielle, mais elle semble de plus en plus probable. Les pays occidentaux la justifieraient par l’état de vide institutionnel dans le pays, livré au règne des milices et des groupes armés. L’entrée en fonction du gouvernement de consensus, comme le stipule l’accord de Skhirat, ne les en dissuadera pas, puisqu’ils invoqueront l’incapacité de ce gouvernement à mettre fin au chaos et à rétablir l’ordre, au vu de l’état de délitement et de dislocation généralisé  dans lequel se trouve la Libye.

Cet éventuel épisode guerrier de l’occident en Libye, deuxième du genre après celui de 2011 mené par l’OTAN, sur instigation de la France de Sarkozy, se fera sous la bannière de la lutte contre le terrorisme, et contre Daesh, pour rendre la Libye aux Libyens, et y consolider la démocratie et tout ce tralala, mais il ne ferait, en réalité, qu'y compliquer la situation, sans compter ses répercussions sur les pays limitrophes, la Tunisie en particulier, et sur la région dans son ensemble.

Crise humanitaire
L’ouverture d’un nouvel front en Libye provoquera une crise humanitaire et un afflux de réfugiés dans les pays voisins : Tunisie, Egypte, Algérie, etc. Elle déstabilisera ces pays, mettra davantage à mal leurs économies, déjà en difficulté, et sapera leurs efforts en termes d’attraction des investissements, et de reprise économique. Elle provoquera un mouvement des groupes terroristes qui tenteraient de fuir les bombardements pour gagner différents pays de la région aux frontières encore poreuses, à plusieurs endroits.    

Actuellement, la Tunisie a fermement annoncé son refus d’une intervention militaire en Libye et a mis en garde contre ses répercussions, tant par la voix du président de la république, que des ministres des Affaires étrangères et de la Défense. Farhat Horchani a récusé samedi dernier toute participation de la Tunisie à d’éventuelles frappes militaires, et exclut toute aide militaire de notre pays à une éventuelle coalition internationale anti-Daesh en Libye. Idem pour l’Algérie qui rejette catégoriquement l’idée d’une intervention militaire, et y exclut toute aide logistique.

Les pays limitrophes notamment la Tunisie exigent d’être consultés au préalable  à ce sujet. Sauf que l’opposition des pays voisins n’aura que peu de prise sur une éventuelle décision, à plus forte raison, si la coalition aura l’aval du futur gouvernement libyen, dont les chances de reprendre la situation en main et de rétablir l’ordre en Libye restent minimes.

La crainte est que les pays voisins soient mis devant le fait accompli, et qu’ils soient obligés de se soumettre au bon vouloir des puissances occidentales. Le fait que l’on soit tributaire de ces pays, notamment la Tunisie pour ce qui est du soutien économique et sécuritaire, réduit notre marge de manœuvre, et minimise notre capacité à empêcher que des frappes militaires aient lieu. La Tunisie, gouvernement et peuple, est tout à fait en droit de craindre les retombées d’une guerre à ses frontières, elles seront catastrophiques, à plus d’un égard.
H.J.

 

Commentaires 

 
#2 apaisement
Ecrit par khemiri     10-02-2016 16:25
il faut faire attention
 
 
#1 le prix a payer
Ecrit par Royaliste     09-02-2016 13:49
la Tunisie a envoyé des milliers de terroristes pour détruire la Syrie, il est normal que nous payons notre lacheté et notre support au terrorisme.
 
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