La Tunisie n’est pas prête à l’ALECA, les divergences persistent avec l’UE (Taieb)

Publié le Vendredi 21 Décembre 2018 à 16:30
Samir Taeib ce vendredi 21 décembre à Jendouba La Tunisie compte-t-elle marquer une pause, et revoir son processus d’adhésion à l’ALECA. Les déclarations du ministre de l’Agriculture ce vendredi qui a affirmé que le pays n’est pas encore prêt à cet accord, l’attestent. L’accord de libre échange complet et approfondi qui sous-tend la libéralisation des secteurs des services et de l’Agriculture, devrait être signé au courant de 2019…

"La Tunisie et l’Agriculture tunisiennes ne sont pas prêtes pour signer l’Accord de libre-échange complet et approfondi (ALECA). Nos divergences avec l’Union européenne sont encore profondes", a déclaré ce vendredi, le ministre de l’Agriculture, Samir Taieb, faisant état de la poursuite des négociations.

Dans une déclaration à la radio nationale, en marge de sa visite à Jendouba, où il a présidé la commission régionale de suivi de l’évolution des prix et de l’approvisionnement, le ministre a ajouté que "lorsque le gouvernement sent que la Tunisie est prête, et qu’il y a un intérêt dans cet accord, on le signera".

Il a affirmé que notre agriculture, dans sa situation actuelle, ne peut faire face à la concurrence européenne, face à des pays dotés d’une agriculture de transformation, industrialisée, et reposant sur une technologie de pointe.

"Nous demandons à ce que le même effort fait par l’Union européenne envers les pays de l’Europe de l’Est, ayant rejoint l’espace européen, soit fait avec la Tunisie", a-t-il réclamé, signalant que l’entrée en vigueur de l’ALECA requerra "une période transitoire".

"Une fois l'accord signé, le programme de mise à niveau réalisé, et les fonds injectés, il nous faudra au moins 15 ans pour que cet accord soit traduit dans les faits", a-t-il préconisé.

Ces propos tranchent avec ceux de son collègue du Transport, et négociateur en chef chargé de conduire les négociations avec la partie européenne sur l’l'ALECA, Hichem Ben Ahmed, qui, en ce mois de décembre, a évoqué d’importantes avancées en termes de réalisations d’études techniques autour des différents volets du projet d’accord.

Ben Ahmed avait conduit la délégation tunisienne au 3ème round de négociations avec l’Union européenne, autour de l’ALECA, du 10 au 14 décembre courant à Bruxelles.

Il a appelé la partie européenne à accompagner la Tunisie dans sa transition économique, ainsi qu’à prendre les dispositions facilitant la mobilité des personnes dans l’espace européen.

La Tunisie plaide pour une libre circulation des personnes et une mobilité libre des professionnels tunisiens, à l’instar de leurs homologues européens qui accèdent sans restrictions au territoire tunisien. Un point et tant d’autres qui n’ont pas encore fait l’objet d’accords entre les deux parties.

Les négociations autour de l’ALECA ont commencé en octobre 2015. Depuis, le sujet ne cesse de susciter la controverse et d’alimenter les craintes. Les uns voient dans ce nouveau cadre de relations commerciales et économiques, une opportunité pour le pays d’intégrer le marché européen, de développer et de diversifier ses exportations, et de promouvoir un climat ouvert aux investissements dans les deux sens. Les autres affirment que cet accord risque de provoquer la destruction de l’économie nationale, du fait de l’asymétrie entre les économies tunisienne et européenne. A fortiori, que les secteurs visés par l’ouverture sont fragiles, et non préparés à la concurrence.

L’Agriculture tunisienne souffre de problèmes structurels et n’est pas aux standards européens, et le secteur des services est mal structuré et peu outillé pour affronter une telle libéralisation. 

Des voix médianes estiment néanmoins que des filières peuvent bien être libéralisées tout de suite, mais d’autres ont encore besoin de temps ; les négociations à leur sujet devraient être reportées.

La Tunisie est liée à l’Union européenne par un accord d’association signée en 1995, ayant induit un démantèlement tarifaire et une disparition des barrières, tout en exceptant des listes de produits, ainsi que l’Agriculture et les services.
Gnet