La Tunisie n’a pas besoin de nouveaux partis, mais de stabilité politique

Publié le Mardi 22 Décembre 2015 à 17:44
Le pays n'a pas besoin de nouveaux partis.Le paysage politique peine à atteindre son point de stabilité, suivant depuis cinq ans une courbe erratique. Ses mutations incessantes, censées donner lieu à une cartographie claire, ne font que l’embrouiller et le fragiliser davantage. Si cette effervescence était plus ou moins compréhensible, au lendemain de la révolution, elle le parait moins aujourd’hui, et montre, si besoin est, une immaturité de la classe politique, qui n’a pas l’air de bien comprendre les enjeux de l’étape.

A l’époque de l’avènement de Nidaa Tounes, et au fur et à mesure qu’il gagnait en popularité et en notoriété, il était présenté comme étant la force qui allait rééquilibrer un paysage politique bancal, dominé par un mouvement mastodonte bien implanté dans le pays, Ennahdha, et des petits partis de moyenne à faible taille. Nidaa est né en marchant, occupant un large espace laissé vide par des partis qui ont déçu. Le mouvement a  réussi à résorber une majeure partie de la colère populaire, et à mobiliser largement les anti-troîka et anti-Ennahdha. Mais voila qu’à peine une année après sa double-victoire aux législatives et à la présidentielle, la formation fondé par le président de la république, implose et est sur le point de perdre la majorité au parlement, au profit du mouvement islamiste.

Un mythe se brise

Pour plusieurs Tunisiens, un mythe se brise, le temps de la désillusion sonne, et la défaite succède à la fête d’il y a un an. A l’heure où le parti de la majorité se désagrège, et qu’un clan a d’ores et déjà annoncé la sécession, l’ancien président, Moncef Marzouki, réinvestit la scène politique après une année de silence, et réactive son initiative du 7irak du peuple citoyen lancée entre les deux tours de la présidentielle, en la  rebaptisant dynamique Tunisie de la volonté.

Marzouki fait un constat d’échec de la coalition au pouvoir, revendique son droit de jouer son rôle naturel en tant qu’opposition, et annonce son intention de préparer l’alternance. 

L’ex-président tente ainsi de revivifier l’élan qui s’est créé autour de lui lors de la précédente présidentielle, et mobiliser une jeunesse désabusée, notamment celle qui a vu ses idéaux trahis, et son espoir né de la révolution étouffé dans l’œuf.

Son mouvement s’apparente à un rassemblement patchwork, et multi-courants ouvert à tous ceux qui en partageraient les principes, et qui seraient animés par cette volonté de changement. Mais, c’est plutôt chez la base des militants et sympathisants d’Ennahdha, que l’ex-président compte constituer et consolider son assise populaire, et son réservoir électoral. Y parviendra-t-il ?

La Tunisie est à la croisée des chemins
Ces énièmes avatars de la scène politique interviennent au moment où le pays est à la croisée des chemins, et où il croule sous l’ampleur des défis d’ordre économique, sécuritaire, social, etc. Sans compter le fait que les Tunisiens sont profondément las de la politique et des politiciens, au regard de cette déliquescence ambiante. Ce n’est pas de nouvelles formations politiques, et d’une fragilisation des partis existants que la Tunisie a besoin, mais c’est plutôt d’un large consensus, et d’une véritable cohésion nationale, où la priorité numéro un serait de s’attaquer aux problèmes posés, dans une approche pragmatique et programmatique.

Le pays cumule, à l’heure qu’il est, les fragilités qui en menacent la résilience, la pérennité de l’Etat et la solidité des institutions. L’actuelle inconstance politique, et l’effritement des partis pouvant en découler, complique davantage la situation et la rend ingérable, car elle mènera tôt ou tard à l’affaiblissement des institutions qui ne sont pas encore au mieux de leur forme.

Ces institutions, censées être pérennes, issues des élections s’apprêtent à entamer leur deuxième année, sans parvenir à se débarasser des symptômes et des phénomènes ayant mis a mal et paralysé celles qui les ont précédées. Un remaniement est en perspective pour rectifier le tir, et corriger les erreurs du début du quinquennat, mais contribuera-t-il vraiment à nous sortir de l’ornière ? Telles que les choses se présentent, l’avenir s’annonce plus difficile que le présent, et ce n’est pas le manque de visibilité généralisé qui va arranger les choses.
H.J.

 

Commentaires 

 
+1 #2 la guerre des EGOS
Ecrit par Royaliste     22-12-2015 21:50
c'est le systeme parlementaire qu'on nous a imposé, regardez l'Italie ou la Belgique vous allez comprendre que ce systéme est trés risqué.

maintenant si un partie de la coalition lache le gouvernement, on risque d'aller vers de nouvelles elections?
 
 
+4 #1 On a pas besoin.
Ecrit par Tounsi     22-12-2015 18:56
Oui et Oui

La Tunisie n’a pas besoin de nouveaux partis, mais de stabilité politique.

On a assez, on veut sauver notre pays.
Le mieux c'est de jouer pour résoudre les problèmes qui font misère.
 
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