La Tunisie face à l’imbroglio libyen : Le dilemme !

Publié le Jeudi 31 Juillet 2014 à 13:45
Divergences entre Marzouki et Jomaâ sur la fermeture des frontières. Révolu le temps où l’on considérait la Libye, comme un marché de travail prometteur pour résorber la main d’œuvre tunisienne, et comme pourvoyeur d’investissements, et d’attraction de nos investisseurs. Trois ans après la révolution libyenne, la désillusion est générale, et l’inquiétude grandissante, avec cette escalade militaire immaîtrisable sur nos frontières, sur fond d’un effondrement total de l’autorité centrale.

Les combats qui font rage actuellement en Libye, et le chaos qui s’en suit ne sont pas nés ex-nihilo. Le pays n’a pas vraiment connu de stabilité depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi. C’est une chronique d’une déliquescence annoncée. Deux principaux facteurs l’expliquent : la militarisation de la révolution libyenne, et la structure de la société libyenne, fondamentalement tribale.

L’intervention de l’OTAN qui avait prétendument pour but d’aider la population à se débarrasser du régime de Kadhafi, et l’ingérence de forces internationales et régionales sur le terrain libyen, ont semé les épines de la destruction, et ont produit guerre et anarchie.

La Libye s’est retrouvée au lendemain de la chute du régime et du départ des forces de l’alliance atlantique face au vide, en l’absence d’un Etat, d’une administration, d’une police et d’une armée. Une population armée jusqu’aux dents d’un  côté ; une autorité centrale au meilleur des cas extrêmement faible, au pire des cas totalement anéantie de l'autre, c’est cette équation périlleuse qui a constitué un terrain fécond à la prolifération des milices armées qui vouent allégeance aux grandes tribus libyennes.

Les autorités, dites légitimes, qui semblaient, par moments, reprendre les choses en main, en s’efforçant d’amorcer un processus de normalisation politique, à travers des élections, étaient, elles-mêmes, entraînées, bon gré, mal gré, dans le rapport de force tribal, qui est le seul à compter. La Libye a rejeté la démocratie, comme un corps qui rejette un greffon après une transplantation. A la place, le langage des armes a prévalu, et le pays s’éloigne de plus en plus, avec cette dernière escalade, de la solution politique, et du dialogue inter-libyen, préconisé par la réunion d’Hammamet tenue à la mi-juillet, sous la présidence de la Tunisie, en présence des ministres des Affaires étrangères de ses pays limitrophes.

La situation en Libye est d’une extrême complexité, et personne n’est en mesure d’en prédire l’issue. La Tunisie, encore vulnérable à plus d’un égard, doit réussir la gageure de se prémunir autant que faire se peut des retombées du bourbier libyen. Un dossier difficile à gérer, les autorités ne cachent pas  leur inquiétude, et semblent plutôt tergiverser sur les bonnes mesures à mettre en œuvre pour éviter que la Tunisie ne paie une lourde facture à cet imbroglio frontalier.

Les craintes sont connues de tous, elles sont d’ordre économique, avec le flux des réfugiés libyens sur les points de passage frontalier, et le risque que cela n’aggrave nos difficultés économiques, outre la crise humanitaire qui pourrait en découler. Sans compter le retour des Tunisiens de Libye qui vont grossir les rangs des chômeurs. Elles sont d’ordre sécuritaire, avec le danger d’infiltration d’éléments terroristes et d’armes, à l’heure où la Tunisie mène une véritable guerre contre le terrorisme. Elles sont à caractère politique, avec l’impact que cela pourrait avoir sur le processus électoral, et la tenue du scrutin aux échéances prévues.

Face à cette multitude de risques, le gouvernement de Mehdi Jomaâ n’exclut pas la fermeture des frontières, en promettant de ne pas laisser se reproduire la crise de 2011. Le ministre des Affaires étrangères, Mongi Hamdi, avait estimé envisageable hier mercredi cette éventualité au nom de l’intérêt national, et annoncé que des décisions audacieuses, pour la stabilité et la sécurité de la Tunisie,  allaient être soumises au comité sécuritaire présidé par le chef du gouvernement.

Mais, il n’est plus question ce jeudi de fermeture des points de passage frontaliers. Le chef de la diplomatie tunisienne a évoqué à l’issue de son entrevue avec le président Marzouki, le renforcement des dispositions de contrôle au niveau des points de passage pour faciliter le retour des Tunisiens de Libye et le transit des ressortissants d’autres nationalités afin qu’ils regagnent leurs pays d’origine.

L’évolution des déclarations de Hamdi confirme la divergence entre les deux têtes de l’exécutif autour de la fermeture des frontières. Une question qui pose, indépendamment de tout, un dilemme, dans la mesure où elle revêt une dimension humanitaire, économique, politique, sécuritaire.... Le tout est que la décision politique soit homogène, judicieuse et surtout bien réfléchie afin d'en prévenir des conséquences que l’on regrettera après.
H.J.


 

Commentaires 

 
+1 #2 @Royaliste
Ecrit par KingSaladin     01-08-2014 12:27
S'il te plait , épargne nous tes diarrhées verbales et essaie de faire bon usage de ta cervelle! ..Aucun expert militaire ou en géo-plitique ne partagera ta suggestion à 2 balles qui reflète un manque de maturité , et depuis quand une action militaire dans un pays voisin était un investissement??
 
 
+2 #1 RE: La Tunisie face à l’imbroglio libyen : Le dilemme !
Ecrit par Royaliste     31-07-2014 19:49
la Tunisie, l'Algérie et l'Egypte doivent pacifier militairement la Libye.

il faut voir une action militaire en Lybie comme un investissement.
 
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