La Tunisie face à 2 scénarios : Cohabitation ou concentration des pouvoirs

Publié le Vendredi 19 Décembre 2014 à 17:23
Béji Caïd Essebsi et Moncef Marzouki, les deux finalistes du second tour. La campagne électorale du second tour de la présidentielle arrive à son terme ce vendredi, 19 décembre, à minuit. Elle aura duré une dizaine de jours, où les deux finalistes se sont confrontés par médias et meetings populaires interposés, en l’absence d’un face-à-face télévisé, rejeté par Béji Caïd Essebsi, et voulu par Moncef Marzouki.

La campagne se termine dans quelques heures, mais les Tunisiens restent sur leur faim sur les programmes des deux candidats. Loin d’être une confrontation d’idées, de projets et de programmes, ce duel préélectoral a été focalisé sur les attaques ad hominem, au grand dam des électeurs. De là à dire que les Tunisiens vont voter pour une personne, et non pour une vision, une politique et un programme ; il n’y a qu’un pas que les électeurs franchiront, de toutes les façons, le dimanche 21 décembre.

Cette campagne était celle de la bipolarisation à outrance. Les deux candidats ont usé de tous les arguments pour se discréditer mutuellement, en escamotant, bon gré, mal gré,  les questions de fond. L’angle d’attaque de chacun des deux était de montrer le danger que l’autre représente pour l’avenir et la stabilité de la Tunisie.

Béji Caïd Essebsi a attaqué son adversaire sur ses alliances présumées avec les groupes extrémistes prônant la violence, et les LPR dissoutes, le taxant carrément "d’extrémiste". Il a notamment critiqué sa politique étrangère ayant compromis, à ses yeux, les relations de la Tunisie avec ses partenaires étrangers, dénonçant notamment la rupture des relations diplomatiques avec la Syrie, et la brouille avec l’Egypte. Le candidat de Nida Tounes s’est présenté comme le candidat qui redonnera son prestige et son autorité à l’Etat et son rayonnement à la diplomatie tunisienne.

Moncef Marzouki s’en est pris au passé de son rival, peu glorieux, considère-t-il, sur la défense de la liberté, des droits et de la démocratie. Il a mis en garde contre son élection qui créera une situation d’hégémonie, en concentrant tous les pouvoirs (parlement, présidence du gouvernement et présidence de la république) entre les mains d’un seul parti, ce qui risque d’ouvrir la porte au retour du despotisme et de la répression. Le président sortant s’est affiché comme le garant de l’équilibre des pouvoirs, du respect de la constitution et du parachèvement de la construction démocratique, et comme un garde-fou contre la résurrection des pratiques du passé.

Maintenant, finies les joutes oratoires. Les deux candidats et leurs équipes de campagne vont se soumettre au silence électoral, demain samedi 20 décembre, pour donner l’occasion aux Tunisiens de bien réfléchir à cette élection cruciale et de choisir le candidat qui aura été le plus convaincant.

Dimanche soir, on saura qui est le nouveau locataire de Carthage, tout autant que la configuration politique qui prévaudra dans le pays pendant le prochain quinquennat. Ce sera soit Béji Caïd Essebsi président, la Tunisie serait, le cas échéant, gouvernée par une majorité qui aura toutes les manettes entre les mains. Soit Moncef Marzouki reconduit, le pays connaîtrait, dans ce cas de figure, sa véritable première expérience de cohabitation, avec un président et un chef du gouvernement, de deux bords politiques différents.

H.J.


 

Commentaires 

 
+5 #2 pas d'accord
Ecrit par Pseudo     20-12-2014 11:21
Le raisonnement est valable en France par exemple où la politique partisane est bicentenaire.

Ici, elle ne fait que commencer, après 3 ans de foutage de gueule.

Marzouki élu, il ne cohabiterait pas. Il est dans sa bulle comme c'était déjà le cas avec ses "alliés" de la Troika.

BCE élu, il s'agira alors de démarrer une vraie politique nationale avec les diverses forces respectant la constitution y compris Ennahdha modéré.
Nida n'est pas uniforme en son sein, tout comme Ennahdha.

La politique en Tunisie ne fait qu'entrer au jardin d'enfant. Il lui faut maintenant s'éduquer et ça prendra le même temps qu'une scolarité, 15 à 20 ans.

On en reparlera dans 20 ans ...
 
 
+2 #1 cohabitation = blocage.
Ecrit par Royaliste     19-12-2014 21:29
cohabitation = gouvernement faible, report des réformes nécessaires (reformes fiscales, reforme de la caisse de compensation, reforme de l'éducation, simplification de l'administration...)

PS: a mon avis, Marzouki va payer pour son bilan médiocre sur tous les niveaux.
 
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