La Tunisie est un phare dans la région et est un voisin direct de l’Europe (Angela Merkel)

Publié le Vendredi 03 Mars 2017 à 17:15
Angela Merkel à l'hémicycle.La chancelière allemande, Angela Merkel, a affirmé ce vendredi 3 mars à l’ARP  que la Tunisie constitue un phare dans la région, assurant notre pays du soutien allemand. "L’Union européenne a besoin de coopérer avec un gouvernement tunisien fort représentant toutes les factions du peuple", a-t-elle dit, ajoutant que "les investisseurs ont besoin d’un partenaire crédible".

Angela Merkel a assuré la Tunisie du soutien constant de l’Allemagne, considérant notre pays comme un voisin direct de l’Union européenne. "Je suis venue du Caire, et  lorsque je suis entrée dans l’espace aérien tunisien, j’ai vu le volcan de l’Etna et j’ai vu Chypre et je me suis aperçue combien la Tunisie est notre voisin direct". 

Devant un hémicycle où étaient présents aux côtés des députés, la délégation allemande et des ambassadeurs européens, la chancelière a rappelé le cheminement de la Tunisie depuis 2011, qui était "difficile et cahoteux", mais cela a fini par déboucher sur une nouvelle constitution, la liberté de la presse et des élections libres et transparentes, a-t-elle relevé, signalant que notre pays n’est pas, pour autant, au bout du chemin, et se doit de préserver les droits de l’ensemble des Tunisiens. Elle a rappelé les menaces qu’ont représentées les assassinats politiques pour l’entité politique tunisienne, rendant hommage à la société civile et au quartette, qui ont réussi à conduire le dialogue national et à parvenir à "un consensus politique et pacifique".

Plus qu’une récompense, le Nobel de la paix décerné au quartette, est une incitation pour consacrer un régime politique fondé sur l’Etat de droit, le partage des pouvoirs, l’instauration d’une cour constitutionnelle,  la consécration de la décentralisation et la tenue d’élections locales, a-t-elle énuméré en substance. 

La Tunisie avance sur cette voie en tant que démocratie naissante, et pourrait  compter sur notre  soutien, a affirmé la chancelière, estimant que son pays se prévaut "d’une longue expérience en matière de régime fédéral et de décentralisation, des points sur lesquels la Tunisie et l’Allemagne peuvent échanger et  coopérer". Elle a fait état de liens étroits entre le parlement tunisien et le Bundestag  allemand, avec d’importantes possibilités de coopération qui demeurent.

"Nous avons les mêmes défis des sociétés ouvertes sur le monde, qui ne sont pas immunisées contre les dangers, le terrorisme nous menace de le la même façon", a-t-elle prévenu, rappelant les "attaques inhumaines" du Bardo, de Sousse et "le crime qui reste incompréhensible" sur un marché de Noël à Berlin.

Angela Merkel a plaidé pour "une mobilisation de toutes les énergies pour lutter contre le terrorisme", soulignant avoir adressé une invitation au président de la république pour prendre part au G20 en Allemagne, où il sera question des sujets d’économie et de sécurité.  "Le G20 mettra au point des programmes axés sur l’Afrique pour promouvoir l’investissement et l’infrastructure, étant donné que l’amélioration de la situation économique coupe l’herbe sous les pieds de ceux qui sèment les graines de la haine et ceux qui fuient leur pays pour l’Europe".

Au sujet de l’immigration clandestine, Merkel a déploré les 4 mille immigrés qui ont succombé en méditerranée, "ceux qui ont réussi à la franchir ne savent pas ce qui les attend", a-t-elle dit, estimant que tous les pays sont concernés par "la tragédie de la Méditerranée qui pose des problèmes humains et moraux".

Concernant la crise des réfugiés, la chancelière a souligné que "l’Allemagne s’était dit prête à accueillir les réfugiés qui fuient les guerres sans distinction des origines ni de religion, mais maintenant, ceux qui n’ont pas le droit de rester dans notre pays doivent le quitter, même par la force, quoique l’on préfère que le départ soit volontaire", a-t-elle indiqué, promettant une aide pour les revenants en vue de les aider à s’intégrer sur le marché du travail.

Angela Merkel est revenue sur les débuts de la révolution tunisienne : "lorsque les Tunisiens ont investi les rues il y a six ans de cela, ils avaient l’espoir d’améliorer leur situation", peut-être ont-ils placé le plafond des attentes très haut, a-t-elle fait constater, "mais les choses ont changé en Tunisie et personne ne peut lui dénier le progrès qui s’y est produit".

"Les investisseurs ont besoin d’un partenaire crédible"
L’Allemagne est à vos côtés, et voudrait  vous accompagner sur le chemin du progrès comme un partenaire sur lequel vous pouvez compter, a-t-elle martelé, signalant qu’il existe 250 entreprises allemandes implantées en Tunisie qui assurent 55 mille emplois. Elle a fait part d’une coopération entre les deux pays dans le domaine de la formation professionnelle, la formation alternée et l’apprentissage technique en adéquation avec les besoins du marché de l’emploi.

Merkel a évoqué le projet d’une université tuniso-allemande, évoquant l’intention de l’Allemagne de participer à la recapitalisation des banques tunisiennes, au développement de l'infrastructure et à la création de postes d’emplois.

"La Tunisie a de grandes capacités économiques, son peuple est jeune et instruit, et a engagé des réformes pour redonner confiance dans le régime tunisien. La Tunisie est susceptible de se développer par ses propres moyens et avec l’aide de ses partenaires", a-t-elle souligné, formulant le vœu que la loi soit appliquée pour encourager les investisseurs à s’installer dans nos contrées. "Les investisseurs ont besoin d’un partenaire crédible", a dit la chancelière.

Six ans après la révolution, la Tunisie est un phare suscitant l’espoir dans la région, a-t-elle lancé, signalant que l’Allemagne a réussi ce que 27 ans en arrière était perçu comme étant inimaginable, soit la réunification. "Lorsqu’un mur (ndlr : le mur de Berlin) divisait l’Allemagne en deux, et l’Europe en Est et Ouest, je n’imaginais jamais vivre dans un pays réunifié, avec un parlement élu. Mais, j’ai appris la force de la liberté et c’est cette expérience que je voudrais partager. La liberté, la démocratie et l’Etat de droit requièrent des efforts quotidiens et leur préservation n’est pas une mince affaire", a-t-elle affirmé, signalant que le débat démocratique dans un parlement requiert qu’il y ait divers avis, et non un seul, avec un devoir de parvenir au compromis.

Angela Merkel a dit le soutien allemand pour l’émissaire onusien en Libye, Martin Kobler, ajoutant que la Tunisie qui est un voisin direct de ce pays, cherche à réunir tous les protagonistes libyens et à construire des ponts entre les partenaires dans la région, avec l’aide de l’Algérie et de l’Egypte, pour une sortie de crise en Libye.
Gnet