La Tunisie en proie à des crises réelles et d'autres fictives

Publié le Lundi 21 Mai 2012 à 17:46
Les préoccupations des Tunisiens sont purenement économiques.Une année et demie après le 14 janvier 2011, la Tunisie avance encore sur des sables mouvants. On a du mal à voir clair, et à évaluer la situation à sa juste mesure, tellement les défis s’enchevêtrent, et les difficultés s’accumulent. Les faits que l’on croyait comme étant des épiphénomènes prennent l’air de vrais phénomènes qui semblent pouvoir peser sur le présent et l’avenir du pays.

De l’époque du régime déchu, la Tunisie était sous-analysée, sous-étudiée, tout était faux, erroné et maquillé. Le peuple vivait dans une tragi-comédie, dont il s’est réveillé un certain 14 janvier 2011, c’est là qu’il s’est rendu compte de l’ampleur des dégâts... il fallait tout réformer, tout assainir, tout reconstruire. Depuis, le pays a franchi des pas considérables, sous le regard attentif du monde entier. Au fur et à mesure que notre processus de transition avance, et que le temps passe,  on a comme l’impression que les choses ont tendance à se compliquer, et que la situation peine à se décanter.

Les Tunisiens qui vivent dans la précarité et le dénuement dans plusieurs régions du pays attendent désespérément une source de revenu, un emploi qui leur garantira les attributs d’une vie digne. De ce côté-là, les résultats réalisés sont en deçà des aspirations. Plus le marasme économique perdure, plus la situation sociale se tend. Or, la relance de l’économie est tributaire d’un climat apaisé et d’une adhésion collective, deux éléments qui font encore peu ou prou défaut, ce qui est source d’inquiétude.

L’actuelle période requiert une unité nationale, voire un consensus autour des priorités et des urgences. Ceci est d’autant plus nécessaire que les nerfs sont à fleur de peau et que la tension plane dans l’air. Tout affrontement entre les forces politiques et sociales aura des retombées négatives sur une économie chancelante, et un climat général crispé. Dans le cas d’espèce, la discorde entre le gouvernement et la centrale syndicale autour de la proposition de décréter 2012 une année blanche, sans augmentations salariales, doit être gérée dans une démarche de dialogue et de concertation, en tenant compte des équilibres budgétaires et des conditions difficiles des couches indigentes et précarisées, qui ne cessent de voir leur pouvoir d’achat se dégrader.

Il n’y a pas de doute, l’enjeu actuel de la Tunisie, est à caractère purement économique, et aucunement identitaire ou religieux. Depuis le 14 janvier, on a passé beaucoup de temps sur ces questions. Quand bien même ce débat était utile au départ, dans la mesure où il a révélé l’importance des mutations sociétales intervenues dans notre pays, étouffées, à leur tour, derrière les barricades de la dictature, il devient au regard des vraies priorités nationales un faux sujet dont le prolongement fait diversion sur les questions principales. Après le clivage entre Laïcs et Islamistes qui nous a entraînés dans les abysses de la division, en voilà un autre qui se fait persistant et qui veut également polariser le débat national, celui entre islamistes. On tait, à dessein, les qualificatifs qui font jaser, en attendant qu’une terminologie propre à notre réalité nous soit proposée.

La Tunisie dont la population est à 99 % musulmane, adepte du courant  malékite n’a jamais été confrontée à des dissensions ethniques ou confessionnelles, elle est en matière religieuse et cultuelle homogène, et soudée. L’islam qui constitue un facteur fédérateur de la société ne doit pas la diviser, sous prétexte des instrumentalisations, qui sont étrangères à nos réalités.

Le sujet mérite quand même un débat national, car il semble être plus important que l’on croyait. Sinon, certaines manifestations spectaculaires désormais récurrentes,  risquent d’approfondir les incompréhensions et les inquiétudes des Tunisiens envers leur présent et leur avenir, et brouiller l’image de ceux qui nous regardent. Dont les investisseurs étrangers, encore réticents à franchir le pas.
H.J.
 
 

Commentaires 

 
#3 bel article
Ecrit par lana     22-05-2012 12:24
bel article qui résume bien la situation socio-économique du pays sans heurts ni affronts. Félicitations à l'auteur.
En ce qui concerne mon point de vue personnel, je trouve cela dommage que les "incidents" se multiplient un peu partout dans le pays. Les Tunisiens creusent leur propre tombe en se comportant ainsi, grèves, actions salafistes. Que ça soit pour le tourisme ou simplement la production offshore de produits et service, il est nécessaire que le pays retrouve sa tranquillité.
Chers amis et concitoyens, laissez notre pays se relever d'abord et le moteur de l'économie redémarrer. Ensuite viendra le temps des revendications. Après plus de 20 ans d'attente, ne peut-on pas patienter quelques mois supplémentaires ?
 
 
+3 #2 on le mérite
Ecrit par Léon     21-05-2012 22:53
On n'a que ce que l'on mérite. D'ailleurs n'avons-nous pas créé ces problèmes de nos propres mains?
 
 
+1 #1 Trop tard ...
Ecrit par A4     21-05-2012 21:08
LE VENT DU SUD
Ecrit par A4 - Tunis - Le 11 Janvier 2012

Et c'est le vent du Sud
Qui me brûla la face
En ces temps mornes et rudes
Où les chagrins s'entassent
Meublant ma solitude
Usant ma carapace

C'est un vent lourd et sec
Sorti de terres arides
Qui me casse ongle et bec
Et me couvre de rides
M'annonçant mes échecs
Me bloquant dans ses brides

C'est un vent de sable
Prenant au dépourvu
Mon regard de diable
M'escamotant la vue
Dénudant mes fables
Dénonçant mes bévues

C'est un vent sans pitié
Qui ne fait pas les choses
Au quart ou à moitié
Qui injecte sa dose
Et de la tête aux pieds
Vous garde sous hypnose

C'est un vent de violence
Où des illuminés
Vous obligent au silence
Vous veulent dominés
Et en toute insolence
Vous laissent ruminer

C'est un vent d'ignorants
Et de noires barbichettes
Au regard sidérant
Avec rien dans la tête
Criant, vociférant
Vous voulant marionnettes

C'est un vent de tristesse
Et de désolation
Où des têtes d'ogresses
Sans nom ni filiation
Errant sans une adresse
Drapées d'humiliation

C'est un vent de nausées
De vides et privations
Où des têtes névrosées
Souffrant d’aliénation
Veulent vous imposer
Leurs peurs et frustrations

C'est un vent de terreur
Où de vieux charognards
Despotes et dictateurs
Planteront leurs poignards
Jusqu'au fond de nos cœurs
Et nous voilà mouroir
 
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