La Tunisie en 2019 : Ni optimiste, ni pessimiste, tout juste réaliste !

Publié le Lundi 31 Décembre 2018 à 16:20
Les Tunisiens accueillent la nouvelle année avec le vœu collectif de voir leur pays, sortir de cette mauvaise passe, et amorcer une reprise générale à même de favoriser un règlement des problèmes qui l’assaillent. Lors du passage d’une année à l’autre, on caresse forcément des souhaits, et on s’accroche à l’espoir, quelque difficile soit la situation qui est en face de nous. L’espoir ne signifie pas l’optimisme béat, mais induit un état d’esprit positif et une détermination à ne pas se laisser sombrer dans l’abattement et le pessimisme. Ces sentiments négatifs qui paralysent le corps et l’esprit, et freinent la réflexion et l’action, sans lesquelles, il n’y a point de salut.

L’état de la nation est inquiétant, et n’appelle ni optimisme, ni pessimisme, mais réalisme. On est en train de vivre une situation particulièrement critique, que 2018 n'emportera pas dans ses bagages, mais léguera à 2019. Les difficultés qui asphyxient le pays, et l’empêchent d’avancer sont, outre une conjoncture régionale et internationale défavorable, fondamentalement endogènes.

Le problème majeur est d’ordre politique, et est à l’origine de la dégradation de la situation socioéconomique, et de l’exaspération populaire.

La Tunisie n’a pas réussi à asseoir une stabilité politique au cours de ces huit ans, et encore moins depuis 2014 où la présidentielle et les législatives tenues à cette date étaient censées la faire passer du transitoire au durable. Le climat politique s’est grandement envenimé en 2018, le consensus a volé en éclat, et un conflit a éclaté au grand jour entre les deux têtes de l’exécutif.

Un affrontement qui n’a pas l’air de s’acheminer vers un quelconque apaisement, mais qui, a contrario, donne des signes de durcissement. En témoigne, les propos tenus par le président de la république vendredi dernier à Carthage, où il a vivement critiqué le chef du gouvernement et les partis qui le soutiennent, les tenant pour responsables de la dégradation de la situation. "En politique, c’est le résultat qui compte, et le résultat est mauvais", les a-t-ils admonestés, confirmant la bataille rangée qui va les opposer tout au long de cette année électorale qui s’ouvre.

Une telle adversité au sommet de l’Etat va l’affaiblir davantage, ainsi que les institutions qui le composent. Un pouvoir désarticulé fait le bonheur de l’opposition, elle-même effritée.

Les différentes oppositions, ou celles qui se définissent en tant que telles s’inscrivent d’ores et déjà dans une tentative purement électoraliste, et semblent prêtes à tout pour s’en prendre au pouvoir, et le décrédibiliser.

Tout porte à croire que le pays va connaitre une dégradation politique encore plus avancée en 2019, ce qui risque de reporter sine die toute approche concertée et consensuelle devant présider à des réformes fiables et viables, dont la Tunisie a urgemment besoin.

Des indicateurs économiques encore au plus bas, et des finances publiques non assainies, se sentiront encore plus dans les caisses de l’Etat, la trésorerie des entreprises et le porte-monnaie des Tunisiens. Leur manifestation la plus grave s’illustrera à travers le dinar, qui continuera à se déprécier ; les pronostics des experts font état d’un euro à quatre dinars, si rien n’est fait pour sauver notre monnaie nationale, et donc notre économie et notre pouvoir d’achat.

Entre temps, l’on redoute un mois de janvier chaud, notamment avec la grève générale du 17 janvier décrétée par l’UGTT, qui, si elle est maintenue, verrait, selon les prédictions syndicales, l’expression d’une colère vive et d’une grogne populaire. L’annonce d’un accord entre le syndicat et le gouvernement permettra de commencer l’année dans la positivité, de préserver la paix civile, et de désamorcer, autant que faire se peut, les facteurs de tension.

Reste à nous souhaiter une année pleine de sagesse, de concorde, et de déni de soi, où le nous prévaudra sur le je ; et où l’ambition nationale de se relever transcendera les aspirations partisanes carriéristes.
Gnet