La Tunisie doit défendre ses intérêts, face à une Europe conquérante !

Publié le Vendredi 13 Février 2015 à 18:09
Poignée de main entre Federica Mogherini et Habib Essid (vendredi 13 février).Les bonnes volontés ne cessent de s’exprimer à l’échelle européenne, et internationale pour venir en aide à la Tunisie, en ces temps difficiles. Devenu depuis la révolution le théâtre de ballets diplomatiques incessants, notre pays voit son pouvoir d’attraction augmenter aux étapes charnières et décisives de son histoire.

L’étape actuelle en est une. Elle marque le début de la deuxième république, consécutive à des élections législatives et présidentielles démocratiques, couronnement d’un processus transitoire à la fois cahoteux et fructueux. Vue de l’extérieur, la Tunisie est un modèle, sa réussite tient du miracle, dans une région livrée aux luttes intestines et aux conflits armés.

Le fait qu’elle soit la seule rescapée de l’effet boomerang du printemps arabe, lui attire des sympathies, et des amitiés de la part de l’occident notamment, qui réitère, à qui veut l’entendre, sa détermination et ses totales dispositions à prodiguer son aide et à accorder son total soutien à la démocratie tunisienne naissante.

En ce jour même, une délégation de la chambre des communes britannique, une autre du Bundestag allemand, et la chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, ont eu séparément des entretiens avec les deux têtes de l’exécutif pour les assurer du total soutien de leur pays respectif, et de l’Europe, afin d’aider la Tunisie à consolider sa démocratie et à faire face aux défis sécuritaires et économiques.

Bien entendu, comme il est d’usage dans les rapports entre nations, les aides ne sont pas des œuvres de charité, mais obéissent au jeu d’intérêts. Derrière les sourires affables de nos hôtes européens, il y a une finalité, voire une envie latente ou patente d’attirer, sinon de maintenir notre pays dans leur zone d’influence. Les aides que les nations nanties daignent nous accorder sous forme de dons, de prêts, de programme de formation, d’échanges culturels, éducatifs et on en passe, ont toujours une contrepartie.

En cette période de marasme généralisé, de bouleversements économiques et de prédominance des attitudes belliqueuses et bellicistes, l’occident libéral, la Chine, la Russie… se livrent à une compétition âpre qui pour conserver sa chasse gardée, qui pour l’en évincer et se l’approprier. Cette course est menée entre ces grandes puissances, mais aussi au sein même de l’Union européenne, notre traditionnel et plus grand partenaire qui polarise plus de 80 % de nos transactions commerciales.

L’Europe, qu’elle soit à l’échelle de l’union ou des Etats membres, est face à une crise économique sans précédent. Le pari européen, et celui des pays qui la composent est de chercher de nouveaux débouchés, ou d’en conserver les anciens, où ils peuvent écouler leurs produits agricoles, industriels, y compris l’armement au nom de la guerre contre le terrorisme, et leurs services. D’où l’insistance européenne de conclure « un accord de libre-échange global et approfondi » (dixit : Federica Mogherini) qui engloberait l’agriculture et les services, et dont les conséquences seraient fort néfastes, pour nos secteurs locaux, car non armés pour tenir tête à la concurrence européenne.

Quoi qu’il en soit, en cette période de vaches maigres, et avec les innombrables défis qui nous guettent, l’assistance extérieure ne serait pas de refus, même si elle va nous coûter cher à maints égards, dans la mesure où elle ne fera qu’accentuer notre dépendance de l’extérieur, et nous amputer d’une partie de notre indépendance et notre souveraineté. Un pays qui ne se suffit pas à lui-même et dont l’économie est accablée par l’endettement n’est pas maître de son présent et de son avenir.  

Ce faisant, cette aide extérieure, aussi conséquente qu’elle puisse être, n’est pas en mesure de nous faire sortir de l’ornière, si elle n’est pas utilisée à bon escient, en l’occurrence, dans l’investissement et la création des richesses.

La Tunisie est tenue de se relever rapidement, et de reprendre son destin en main pour pouvoir négocier et défendre ses intérêts auprès de ses partenaires, sinon ils n’en feront qu’une bouchée.
H.J.


 

Commentaires 

 
#3 les enjeux
Ecrit par omar ibn khattab     16-02-2015 17:56
les enjeux économiques, politiques et stratégiques présents dans la région font que la Tunisie est un passage obligatoire pour assurer un semblant d'équilibre dans une région où les interférences sont importantes. ayant la sagesse et le génie de savoir tirer le meilleur parti et profiter de cette situation.
 
 
#2 RE: La Tunisie doit défendre ses intérêts, face à une Europe conquérante !
Ecrit par Agatacriztiz     16-02-2015 10:18
Comprendre ça après presque soixante ans d'indépendance, ce n'est pas trop tôt !
 
 
+1 #1 RE: La Tunisie doit défendre ses intérêts, face à une Europe conquérante !
Ecrit par Houcine     14-02-2015 12:39
L'ogre européen, bien empêtré dans ses concurrences internes et malgré tout capable, en externe, d'afficher l'image unitaire, est toujours en recherche de terres de mission où déployer son influence et y écouler ses produits.
Nous ne gagnerons qu'une dépendance encore plus attentatoire à nos intérêts nationaux si l'on n'y prend garde.
Diversifier les relations et les échanges reste la seule voie. Ou bien, une vraie intégration, négociée intelligemment, dans une Europe capable de s'émanciper de son ethnicisme et son arrogance qui l'ont conduite naguère à maltraiter et mépriser, et lui sont encore des motifs à traiter en mineurs des peuples se justifiant, ainsi, dans l'établissement de rapports inégalitaires avec et envers eux.
Et, cela relève de la responsabilité de nos dirigeants, et de leur capacité à forger un dessein et une vision.
 
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