La Tunisie a-t-elle raison de soutenir la guerre de la coalition contre Daech?

Publié le Mercredi 01 Octobre 2014 à 17:46
La guerre débarrassera-t-elle le Moyen-Orient de Daech. La politique étrangère de la Tunisie était de tout temps marquée par le label de la neutralité. La taille de notre pays, sa position et ses intérêts géostratégiques, ne l’habilitent pas à avoir un rôle agissant sur l'échiquier international. Aussi bien avant, qu’après la révolution, Tunis n’a pas trop pesé sur le cours de la décision mondiale, et ne cherche pas manifestement à le faire. Son souci majeur sur ce registre est de préserver ses relations internationales, de ne pas s’ingérer dans les affaires intérieures des pays, et d’affermir ses liens avec les pays frères et amis, des quatre coins du monde, notamment en cette conjoncture difficile, où elle a besoin de l’aide extérieure pour relancer son économie et lutter contre le terrorisme.

La Tunisie indépendante n’a jamais participé à des guerres, hormis sa présence dans des missions de casques bleus menées sous l’égide des Nations-Unies, pour le maintien de la paix dans des zones de conflit en Afrique. En sera-t-il toujours le cas ? Saurions-nous garder ce principe et cette constance de ne pas participer directement à des interventions militaires, qui semblent être désormais la règle dans une région arabe gagnée par une instabilité rampante.

Le soutien officiel apporté par la Tunisie aux frappes menées par la coalition internationale contre Daech en Irak et en Syrie, et le fait qu’elle ait imputé sa non-participation directe à la situation intérieure (caractérisée par sa propre guerre contre le terrorisme) marque un changement notable de la position de la diplomatie tunisienne. Laquelle a été fermement appuyée hier, mardi 30 septembre, par le dirigeant d’Ennahdha et ancien ministre des droits de l’Homme et de la Justice transitionnelle, Samir Dilou. Cela laisse augurer que la Tunisie pourrait faire partie dans le futur d’une action militaire en dehors de ses frontières, dans le cadre de la guerre contre le terrorisme, au gré de l’évolution de la  nouvelle donne sécuritaire dans la région.

L’avènement de Daech en Irak et en Syrie, un terrorisme de genre inédit de part sa puissance et sa barbarie, a plongé la région dans une frayeur légitime. D’autant plus que son caractère transfrontalier et ses connexions avec les groupes terroristes déjà en place ici et là, font que cette organisation soit aux portes de tous les pays de la région. La combattre et la contrer, et en freiner l’expansion dans la région est nécessaire, mais est-ce par une action militaire de cet acabit, qu’on parviendra à en venir à bout. Daech n’était-elle pas le pur produit des guerres occidentales, notamment celle  menée par la coalition de George Bush fils en Irak, qui a détruit ce pays, y a attisé les conflits tribaux et confessionnels, et l’a plongé dans une déliquescence dont il ne sera pas prompt à se relever.

Cette organisation terroriste n’est-elle pas aussi le résultat de la militarisation à outrance du conflit syrien, ou des armes occidentales et arabes ont ravitaillé des organisations terroristes : Front Nosra, Daech, ce qui n’a fait, là aussi, qu’exacerber les luttes interconfessionnelles en Syrie, théâtre d’horreurs et de destructions, ayant fait des millions de morts et de déplacés. Et voilà que Daech menace le Yémen, ce qui fait redouter l’éclatement d’une guerre civile, tribale et confessionnelle, entre les houthis, d’obédience chiite (ayant pris dernièrement le contrôle de Sanaâ) et les sunnites. Daech n’est-elle pas aussi loin du Maghreb, en proie au terrorisme et à la violence, essentiellement en Libye, et à un degré moindre en Algérie et en Tunisie.

Daech n’est pas née ex nihilo, elle a vu le jour, grandi, et a fait son expansion sur des décennies jusqu’à ce qu’elle se soit transformée en un monstre, le pire qui puisse exister. Plusieurs facteurs l’ont enfanté, le conflit israélo-arabe, (la cause palestinienne en prime), les régimes dictatoriaux et tyranniques qui ont réprimé et opprimé leurs peuples, et l’Occident belliqueux, en tête les Etats-Unis, qui n’a fait que nourrir les conflits dans la région pour avoir une mainmise sur ses richesses et son pétrole, fragiliser ses pays et annihiler leurs grandes civilisations, et asseoir encore plus la suprématie d’Israël.

Si les Etats-Unis, la France...décident de lancer une nouvelle guerre dans la région, c’est pour faire fonctionner leurs usines d’armement et réanimer leur économie, éreintée par une  crise aigüe qui perdure depuis 2008. Pacifier le Moyen-Orient n’est guère dans leur souci, sinon ils se seraient pris autrement depuis des lustres. Il n’y a qu’à voir les conséquences de leur intervention en Afghanistan, en Libye, au Yémen, et on en passe.  

Nous autres Tunisiens qui applaudissons à cette énième guerre dans la région, sommes-nous sûrs de ses objectifs et de ses résultats, que même les occidentaux ignorent. On dit que les frappes ont poussé les membres de Daech à battre en retraite et à fuir, mais ne serait-ce pas un recul tactique de ces combattants aguerris pour mieux se repositionner. 

Ces frappes ne vont pas se poursuivre ad vitam aeternam, elles cesseront un jour, et  laisseront derrière le chaos, autant que les guerres précédentes. Le Moyen-Orient, à la structure sociétale et confessionnelle complexe, sera-t-il, pour autant, débarrassé de Daech, pas si sûr. Quid du Maghreb, saura-t-il éviter l’enlisement ? L’avenir nous le dira.
H.J.


 

Commentaires 

 
+9 #3 RE: La Tunisie a-t-elle raison de soutenir la guerre de la coalition contre Daech ?
Ecrit par Constantinople     02-10-2014 06:16
Une question que ne se pose meme pas , la Tunisie aurait du être impartial.
Soutenir les états chrétiens , c'est soutenir les agressions perpétuel contre les etats musulmans ayant du petrole ou contre les etats incapable de se defendre, soutenirs DAESH c'est soutenir les etats unis et le qatar et des groupe e fanatique complètement fou.

Quoi qu'il arrive la Tunisie n'a rien a dire, nous vivons du marché européens , il nous impose leur loi et surtout il nous donne a mangé....je suis vraiment dégoûté d’être née dans cette communauté lâche et misérable.
lorsque tu observe minutieusement nos politiciens , ils sont tous pareil, avare , prétentieux , arrogant , faible.
Il n y a donc pas un leader arabe capable de relever notre communauté face au agression incessante des états chrétiens.
 
 
-6 #2 Les intellectuels torturés...
Ecrit par Ali Bobo     01-10-2014 20:42
Le simple fait de poser la question,dénote d'une imbécilité sans limite !
Qu'adviendrait il de la Tunisie si l’expansion de DAECH se poursuivait ?
Voilà la bonne question !Quand vous aurez résolu la question,vous aurez la réponse.....
 
 
+8 #1 Un "oublie" malhonnête
Ecrit par Royaliste     01-10-2014 19:38
selon Jabeur Habib Jabeur ambassadeur d'Irak a Tunis, la Tunisie de la troika est le 2eme fournisseur étranger de Daech..... en 'combattant', après les saoudiens, qui eux financent ouvertement Daech avec le Qatar (fidèle allié de la troika)

pourquoi avoir oublié ce point?

vous aimez rappeler les erreurs des autres (notamment l'occident) mais vous "oublier" nos erreurs ... je vous trouves bien malhonnête
 
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