La Tunisie à Davos, à l’heure où un nouvel ordre mondial se dessine

Publié le Mardi 17 Janvier 2017 à 17:35
Chahed mène des entretiens à Davos. Béji Caïd Essebsi et Rached Ghannouchi ont plaidé ce mardi 17 janvier pour l’accélération de la concrétisation des résultats de la conférence internationale sur l’investissement. Tunisia 2020 qui a insufflé un nouvel espoir dans les veines d’une Tunisie éreintée par la crise, n’a pas encore tenu ses promesses. Les fonds engrangés ne se sont pas encore traduits en projets concrets, créateurs de richesses et de postes d’emploi, un mois et demi après avoir  été promis. Les deux cheikhs s’impatientent, tout autant que les Tunisiens.

Youssef Chahed va certainement en parler au forum mondial de Davos, où il est présent ces mardi et mercredi 17 et 18 janvier. Le locataire de la Kasbah qui présidera, en marge de ce rassemblement du gotha de l’économie mondiale, une conférence sur l’avenir des économies arabes, fera le point sur le processus de démocratisation en Tunisie, où la transition politique gagnera à être confortée, consolidée et complétée par la transition économique.

Un sujet qui sera au centre des entretiens qu’il compte mener avec les dirigeants politiques, et les représentants des cercles économiques et financiers massivement présents, à la station de ski helvétique. Là aussi, les engagements seront réitérés pour soutenir la jeune démocratie tunisienne, et lui venir en aide pour surmonter ses défis économiques, et sécuritaires. De belles paroles qui s’ajouteraient à celles exprimées à Tunis, et dont l’efficience ne peut se mesurer qu’à l’aune de leur mise en application. Car, des promesses, la Tunisie en a été submergée ces six dernières années, mais qui sont restées, hélas pour la plupart, des vœux pieux.

Le scepticisme quant à donner corps à ces engagements est encore plus grand en 2017, l’année de toutes les incertitudes. Le monde est en train de connaitre un changement en profondeur, et les prémices d’un nouvel ordre mondial commencent à se dessiner, auxquels on doit être attentifs en guise d’un futur positionnement.

L’arrivée de Donald Trump à la Maison blanche, dont l’investiture interviendra dans trois jours, est un élément majeur à même de marquer les rapports de force et de changer les alliances en vigueur depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, et ayant prévalu pendant la guerre froide.

Le successeur de Barack Obama envoie des signes d’un chamboulement annoncé, en laissant présager un rapprochement avec la Russie, une remise en cause des alliances avec l’Europe, une sortie de l’OTAN, des tensions avec la Chine avec une possible rétraction par rapport au principe de libre-échange, tout en prônant le retour au souverainisme et l’instauration d’un protectionnisme ; ces changements en perspective effraient le reste du monde, notamment l’Europe.  

Autre fait décisif à même de marquer l’avenir des relations notamment au sein de l’Union européenne, partenaire traditionnel de la Tunisie, est le Brexit. Déclinant ce mardi 17 Janvier son plan de négociations avec l’Europe, la Première ministre britannique, Theresa May, a affirmé une rupture claire et nette avec l’UE et une sortie du marché unique.

La Chine, deuxième économie mondiale après les States, dont le président Xi Jinping en personne sera présent à Davos profitant de cette période charnière aux Etats-Unis, compte donner de la voix et fixer les règles en matière de libre-échange et de commerce mondial. Que deviendra la Tunisie au milieu de ce monde qui bouge, à plus forte raison en présence d’une conjoncture régionale trouble et instable ?
H.J.